Par: Ingi Amr
Les médias nationaux et régionaux alertent, à juste titre, sur une hausse inédite de la température de surface de la Méditerranée, atteignant 30 °C fin juin dans la région de Marseille. Cette élévation pourrait accroître la fréquence, l’intensité, et la précocité des épisodes méditerranéens, qui pourraient désormais survenir en dehors de la traditionnelle saison automnale, période habituellement marquée par des eaux de surface les plus chaudes.
Mais au-delà de ces épisodes extrêmes, d’autres perturbations profondes, liées au dérèglement climatique, menacent le fonctionnement même de cette mer semi-fermée. On parle souvent du ralentissement, voire de l’arrêt, du Gulf Stream, mais on oublie que la Méditerranée possède sa propre dynamique de circulation, déterminée par les contrastes de température et de salinité de l’eau, selon La Semaine.
Des conséquences en chaîne
Les eaux intermédiaires et profondes de la Méditerranée sont particulièrement riches en nutriments (phosphates, nitrates, silicates) — de véritables “engrais” marins. Ce brassage vertical fertilise les couches superficielles, favorisant au printemps une floraison massive du phytoplancton, qui soutient tout l’écosystème marin jusqu’aux poissons. Un autre effet capital de ce brassage est l’oxygénation des profondeurs, essentielle à la survie des espèces vivant en grande profondeur ou sur les fonds marins (organismes benthiques).
Avec le changement climatique, le renforcement de l’anticyclone des Açores entraînera un climat globalement plus chaud dans le bassin méditerranéen. Selon les projections, la couche de mélange hivernale pourrait diminuer de 66 % d’ici la fin du siècle au large des côtes françaises (bassin liguro-provençal et golfe du Lion). Cependant, ces estimations n’intègrent pas encore l’accélération récente et inattendue du réchauffement de la surface marine, observée dès ce début d’été.





