L’alliance Washington-Londres-Canberra est un tournant. Partis d’Afghanistan, les États-Unis préparent la confrontation avec la Chine, rapporte Les Echos dans son édition publiée le 16 septembre2021.
À peine partis d’Afghanistan, voilà que les États-Unis mettent le paquet en Asie. Tel est le message subliminal que vient d’envoyer le président Joe Biden en annonçant une alliance trilatérale avec le Royaume-Uni et surtout l’Australie. Ce curieux partenariat sécuritaire entre alliés anglo-saxons permettra surtout un partage technologique grâce auquel Canberra développera une flotte de sous-marins à propulsion nucléaire et pourra ainsi intervenir rapidement en mer de Chine méridionale, là où Pékin se fait de plus en plus menaçant.
Ce n’est qu’un début. La semaine prochaine se tient à Washington la première vraie réunion sécuritaire du «Quad» regroupant États-Unis, Inde, Japon et Australie. Ensuite? Des accords bilatéraux sont en vue avec d’autres pays asiatiques. Bref, c’est une stratégie d’endiguement de la Chine. L’objectif est de freiner les ambitions de Pékin, qui voudrait prendre enfin le contrôle de Taïwan et imposer ses prétentions territoriales sur la quasi-totalité de la mer de Chine méridionale, sans égard pour les pays bordant cette «Méditerranée d’Asie». C’est un espace riche en ressources naturelles et une voie maritime essentielle pour le commerce mondial. Bref, un terrain incontournable de bataille géostratégique.
La Chine dispose de la plus grande flotte navale de la planète, développée au pas de course pendant que les États-Unis étaient occupés en Afghanistan et en Irak. D’où l’empressement, pour Joe Biden comme pour Donald Trump et même Barack Obama avant lui, de quitter le Moyen-Orient pour investir l’Asie. Le décor est planté pour une confrontation entre les deux puissances. Une confrontation complexe, vu l’imbrication extrême des deux économies. Pourvu que cette guerre-là reste froide!