Par: Névine Ahmed
Dalal Abdel Qader, connue comme étant la plus fameuse de “messaharati” au quartier de Maadi, elle attend impatiemment chaque année le mois de Ramadan. Un peu plus tôt, elle s’y prépare en apportant sa djellaba colorée avec des motifs de tissu décoratif et le tambour, qu’elle décore aussi avec des tissus de “khiyamiah” qu’elle juge les plus expressifs de l’avènement de ce mois sacré.
Chaque nuit au Ramadan, quelques heures avant l’aube, Dalal porte son tambour sous les bras, accompagnée de son fils, et ainsi parcourt les rues de Maadi, en tapotant son tambour avec un petit bâton et en chantonnant la fameuse chanson traditionnelle du messaharati que chantait le musicien Sayed Mekkawy, et à travers laquelle, le messaharati réveillent les gens endormis pour prendre le sohour ou dernier repas avant de commencer le jeûne à l’aube.
Toujours, raconte Dalal, lorsque les enfants me voient errer et m’entendent, ils se précipitent pour m’appeler depuis les balcons de leurs maisons et me demandent de chanter quelques chansons du Ramadan.
Le métier de messaharati est une coutume annuelle que j’ai héritée de mon père, qui travaillait comme sergent, raconte Dala. “Quand il finissait son travail, il parcourait les rues la nuit pour réveiller les gens. Mon frère avait une belle voix et travaillait comme chanteur dans les mariages et cérémonies de noces populaires. Et bien qu’il ait eu une jambe amputée, après sa retraite, il a continué de travailler comme messaharati et il donnait l’argent qu’il gagnait tout au long du mois sacré aux nécessiteux et en faisait des dons pour des fins caritatives”, souligne Dalal.
Concernant la méthode utilisée par Dalal pour réveiller les personnes endormies, elle a expliqué: “Quand je me promène dans les rues, je chante la chanson de Sayed Mekkawy du messaharati, puis les enfants se réveillent et me demandent de les appeler par leurs noms, et je leur chante ce qu’ils demandent. Certains d’entre eux m’appellent “mémé Dalal et parfois ils m’offrent des cadeaux à la fête des mères”.
Enfin, Dalal a souhaité que l’un de ses fils continue dans ce métier de messaharati. “Mon fils erre les rues avec moi lorsque je réveille les dormeurs pendant le Ramadan, et j’essaie de rendre les gens de Maadi heureux en leur chantant des chansons de Ramadan, et en même temps j’essaie de préserver ce métier traditionnel qui a presque disparu à présent”.