Son charme reste toujours intact en dépit des dures épreuves qu’elle a traversées. Port-Saïd est connue pour être une ville exceptionnelle, avec un peuple pas comme les autres, ayant forgé sa prouesse dans l’Histoire, par l’intrépidité de ses habitants indomptables qui ont pu intimider tous ceux qui ont essayé de déstabiliser la sécurité de l’Egypte ou de l’occuper.
A chaque rue de la ville portuaire, une histoire et des souvenirs relatant l’héroïsme des habitants. Une épopée gravée pour raconter une importante Histoire. La plus éminente de ces rues est la rue “23 Juillet” ou comme était son nom dans le passé, “Kitchner”. Cette rue est d’une longueur de 5 km et rassemble 4 quartiers importants de Port-Saïd.
Là, l’Histoire de la ville se raconte, depuis le creusement du Canal de Suez et jusqu’à la création de la ville, en passant par le croissant surmontant le minaret de la mosquée d’Abdel Rahmane Lotfi, faisant cette accolade avec la croix de la Cathédrale, juste en face.
La rue “Kitchner” a été conçue par les Français. Elle commence par la pierre De Lesseps donnant sur la voie maritime du Canal de Suez, et se terminant au débouché qui mène à la route Port-Saïd / Damiette. De nombreux combats y ont eu lieu. Et les parcs qui se situaient sur les deux bords de la rue se sont transformés en cimetières pour de nombreux martyrs qui y ont été inhumés, après avoir sacrifié leur vie pour défendre la ville au fil de l’Histoire.
L’imam de la mosquée d’Abdel Rahmane Lotfi, connue plutôt sous le nom de “Lotfi Chabara”, raconte que l’éminent Abdel Rahmane Lotfi pacha avait acheté cette parcelle de terre dans les années 40. Ce fut, à l’époque, la plus chère des terres de la ville de Port-Saïd, vu sa situation géographique stratégique. Il raconte de même que les navires traversant le Canal à ce point pouvaient voir clairement la mosquée.
Cette mosquée est une oeuvre architecturale unique et été inaugurée à l’ère de l’ancien Président Gamal Abdel Nasser, dans les années 50. La mosquée a été rénovée et restaurée en 2019, pour lui rendre son aspect d’antan.
La rue “23 Juillet” ou “Kitchner” renferme plusieurs anciens bâtiments historiques, comme explique l’historien originaire de Port-Saïd Mohamed Bayyoud. Cette rue, dit-il, était une partie de la mer, et après l’avoir réaménagée et établi les brise-lames, elle est apparue sous cet aspect actuel.
Les familles aristocratiques habitaient cette rue qui commence au point où le Canal de Suez vient à la rencontre de la mer Méditerranée. On raconte qu’un Italien qui vivait à Port-Saïd a exploité ce lieu unique, pour y établir son restaurant luxueux “Casino Palace” qui accueillait l’élite de la ville parmi habitants locaux et étrangers. C’est également dans ce lieu que les cérémonies d’accueil des nouveaux maires étaient organisées.
Autrefois, les rues de Port-Saïd portaient des numéros. La rue “Kitchner” était alors la rue numéro 41. Le nom “Kitchner” a été donné à la rue pour immortaliser l’officier britannique, mort en 1916, qui s’est noyé lorsqu’il se dirigeait vers la Russie. La rue porte son nom en l’honneur donc de cet officier qui a défendu la ville lors de la Première Guerre Mondiale.
Sur la Place “Al-Chohadaa” (Les Martyrs), se trouve le Mémorial symbole de l’amitié égypto-russe, établi en 1958, lorsque le Président Nasser l’a inauguré. Dans cette rue, se trouve également le lycée militaire, d’où sont diplômés plusieurs martyrs. Sur un des murs de l’école, un tableau sur lequel sont gravés les noms et les photos de tous les martyrs.
Au beau milieu de la rue “Kitchner” se situe l’hôpital “Al-Tadamon” (Solidarité), en face duquel se trouvent plusieurs bâtiments occupant un champ de bataille sur lequel s’est déroulée la fameuse bataille de chars à laquelle ont participé les héros de la lutte populaire.