L’exercice d’entraînement militaire Zapad 2021 a démarré vendredi pour six jours. Moscou déclare qu’il mobilisera 200.000 hommes, chiffre invérifiable. Pour la première fois depuis 1991, Moscou embarque l’armée biélorusse dans sa démonstration de force face à l’Otan.
Situées en première ligne des manœuvres militaires lancées vendredi par la Russie et la Biélorussie, la Pologne et la Lituanie s’inquiètent.
La première a décrété l’état d’urgence à sa frontière avec la Biélorussie, pour trente jours début septembre, en prévision de ces exercices et par crainte d’un afflux massif de migrants. Ce qui lui permet de faire appel à ses réservistes le cas échéant.
La deuxième a aussi mis en alerte ses conscrits et ses réservistes. A vrai dire, dans les milieux militaires, on ne s’inquiète pas trop de la démonstration de force lancée vendredi par Moscou à l’occasion de «Zapad 2021» (Ouest 2021), un exercice stratégique programmé tous les quatre ans. Mais sur fonds de tensions récurrentes, les services de renseignements occidentaux sont en alerte pour observer ces exercices militaires, qui visent à dissuader l’Otan de toute tentative d’agression. 200.000 militaires mobilisés Cette fois-ci, Moscou a également à cœur de rappeler aux Européens que la Biélorussie demeure dans sa sphère. Alors qu’en 2017, lors de l’exercice Zapad précédent, la Biélorussie tentait de conserver une certaine neutralité entre les deux camps, Minsk a cette fois largement invité la Russie sur son territoire.
Les opérations militaires se dérouleront jusqu’au 16 septembre, sur 9 bases militaires russes, 5 bases biélorusses, ainsi qu’en mer Baltique. Histoire d’impressionner l’Otan, le ministère de la Défense russe a annoncé la mobilisation de près de 200.000 militaires, plus de 80 avions et hélicoptères, 290 chars et 240 systèmes d’artillerie, ainsi que 15 navires.
Soit bien davantage qu’en 2017, où on avait estimé la mobilisation à 60.000 hommes. En toute logique, le Secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, s’est ému que les effectifs participant aux exercices ne respectent pas les obligations prises au titre du Document de Vienne, un accord international qui régit les échanges d’informations sur les exercices militaires en Europe. Celui-ci limite à 13.000 le nombre de soldats participant à des exercices sans invitation d’observateurs extérieurs. «Il est très difficile d’accorder le moindre crédit aux chiffres annoncés», relativise Isabelle Falcon, directrice adjointe de la Fondation pour la recherche stratégique (FRS), en soulignant que la Russie contourne la règle des observateurs en cumulant de multiples exercices sur des lieux différents.
Un dérapage est-il possible ? «L’exercice fait peur aux pays frontaliers, mais il ne faut pas le surinterpréter», souligne Thibault Fouillet, spécialiste des pays baltes et de la Pologne à la FRS, en rappelant que cet exercice est programmé et que des mécanismes de «déconfliction» (plans de vol des chasseurs, communication entre états-majors…) sont organisés dans le cadre de l’OSCE.
Le scénario choisi pour Zapad 2021 est toutefois explicite : il s’agit de s’entraîner à bloquer une invasion de la Biélorussie par ses voisins, avec l’appui d’un pays scandinave, et de mener une contre-offensive. «En 2013, personne, hormis les spécialistes militaires, ne se souciait de Zapad.
En 2017, l’exercice avait lieu à la suite de l’occupation de la Crimée et de la décision consécutive de l’Otan de renforcer sa présence militaire dans les Etats baltes. Cette fois, cela s’inscrit suite aux incidents frontaliers avec l’Ukraine, au conflit en Syrie et aux répressions menées par Loukachenko en Biélorussie», rappelle Thibaut Feuillet.
En sus, le gouvernement polonais accuse le président Loukachenko de vouloir déstabiliser ses voisins en favorisant le passage de migrants afghans en Europe.