Par: Alia Abou El-Ezz
Les médias égyptiens, et les talents qui ont jalonné leur histoire, qu’ils soient journalistes, chroniqueurs de radio, chanteurs ou acteurs, jouissent d’une grande notoriété. Leur attrait dans le monde arabe était tel que le dialecte cairote est devenu familier à tous les Arabes. Grâce aux productions culturelles égyptiennes qui ont le mieux réussi à franchir les frontières nationales, et avant même que les nouvelles technologies permettent une circulation transfrontalière des flux télévisuels, le label égyptien tenait une place de choix dans l’industrie culturelle arabe.
Et, pour affirmer une suprématie pérenne de l’Égypte dans la région arabe, l’État égyptien s’est toujours posé en innovateur, et n’a jamais hésité à injecter d’importantes ressources dans le secteur audiovisuel.
La télévision égyptienne a été mise sur pied au moment de l’adoption par le président Gamal Abdel Nasser d’une politique marquée par une réforme agraire et par un net développement du secteur public dont les corollaires étaient, notamment, le développement d’une industrie lourde et des nationalisations massives. D’un point de vue quantitatif, la place de la télévision à cette époque était marginale par rapport à la radio mais à l’instar cette dernière, elle avait vocation à « éduquer le peuple ».
C’est avec les célébrations de la Révolution de Juillet, que la première émission de la télévision égyptienne a commencé en juillet 1960.
En ce moment, la Société Française de l’Industrie de la Radio et de la Télévision réalisait la première expérience de transmission en Egypte, afin de filmer les fêtes qui se déroulaient à l’occasion du second mariage du roi Farouk, et ce à travers une station de transmission établie au Bâtiment du central de Bab El Louk.
Un autre objectif de cette société était de proposer au gouvernement égyptien de l’époque la construction d’une chaîne de télévision au Caire.
L’entreprise française a promu son projet de nouveaux médias en plaçant des récepteurs de télévision dans certains lieux importants du Caire. Une soirée de gala a été organisée à cette occasion, à laquelle ont été invités des journalistes de haut rang et un certain nombre de dignitaires. Le chef du Syndicat des journalistes à l’époque, Hafez Mahmoud, est apparu pour la première fois sur l’écran de télévision.
Le gouvernement révolutionnaire a approuvé un montant de 108 000 livres pour la construction d’un bâtiment de radio et de télévision sur une superficie de 12 000 mètres carrés à la rue « Maspero », sur la corniche du Nil à Boulaq.
Pendant les années 60, la télévision égyptienne a connu un grand développement à travers de nombreuses phases.
En 1973, la télévision égyptienne a lancé la plus grande opération de renouvellement des émetteurs, et en 1978, les première et deuxième chaînes ont été connectées à la zone de la chaîne avec un réseau micro-ondes. Une station de télévision a été créée pour chacune des deux chaînes à Suez et Ismaïlia, et Port-Saïd, et a commencé à transmettre en couleur le 9 septembre 1976.
Dans les années 1990, dans le contexte du processus de libéralisation économique et politique, on voit grossir le volume des émissions télévisuelles, les chaînes se multiplient, l’infrastructure de l’industrie télévisuelle devient colossale, sans parler de l’avènement en Égypte des chaînes satellitaires et du lancement des satellites de télédiffusion directe.