Le 29 juin 2022, la Terre a établi un nouveau record de vitesse de rotation : 24 heures moins 1,59 milliseconde.
Cette accélération surprenante, qui remonte à plusieurs années, n’a toutefois rien d’alarmant. Explications avec Christian Bizouard, astronome du Service national de la rotation de la Terre, à l’Observatoire de Paris.
Le 29 juin 2022, la Terre a complété une rotation en 24 heures moins 1,59 milliseconde, «le dernier d’une série de records de vitesse depuis 2020», explique le site anglais Time and Date dans un article du 28 juillet 2022.
Une situation surprenante, qui n’a toutefois rien d’alarmant. Christian Bizouard, astronome du Service national de la rotation de la Terre, à l’Observatoire de Paris, résume ainsi la situation : «Depuis 2016, on s’aperçoit que la vitesse de rotation de la Terre s’accélère, et donc la durée du jour diminue !»
Pour l’astronome français, qui étudie ce phénomène au sein du laboratoire de recherche Syrte (Systèmes de référence temps-espace), ce constat est pour le moins inattendu au regard des observations passées.
«Depuis 1830, on observait une baisse de la vitesse de rotation de la Terre et donc une augmentation de la durée du jour. Cette tendance s’est inversée depuis sept ans sans qu’on puisse l’expliquer.» 2020 a ainsi enregistré les 28 jours les plus rapides depuis 1930.
Une rotation depuis
toujours irrégulière
Cette variation n’inquiète toutefois pas le scientifique français qui suit de près les changements de rotations et les déformations de la Terre. Car la révolution de la planète sur son axe est irrégulière. On sait que sa durée augmente d’environ 2 millisecondes chaque siècle et, à l’échelle d’une année, elle fluctue légèrement de quelques millisecondes par rapport au temps de référence international (dit atomique) établi à 86 400 secondes.
« C’est un phénomène tout à fait normal et périodique qu’on peut expliquer et modéliser. Sur un ou deux ans, il est notamment établi que la vitesse varie de manière saisonnière et plusieurs phénomènes entrent en jeu, explique l’astronome. 80% des variations de la vitesse de la Terre sont liées au transport de masse dans l’atmosphère, autrement dit les vents. »
Autre cause : les marées qui « ont pour effet de déformer les océans mais aussi la Terre », précise-t-il. « Ce phénomène est suffisamment fort pour produire 10 à 20% des variations de la durée de rotation. »
Aucune certitude sur le
réchauffement climatique
Sur plusieurs années, les astronomes ont constaté aussi des fluctuations d’une à quelques millisecondes qu’ils ont du mal à expliquer. « On pense que cela est dû aux mouvements internes dans la Terre, le magma en fusion sous le manteau. Mais nous ne disposons d’aucune observation du noyau dur, comme celles réalisées dans l’atmosphère, qui validerait ces hypothèses. »