A l’heure où les banques centrales apportent un déluge de monnaie, ont perdu leur indépendance et tiennent les finances des États à bout de bras, une telle renationalisation de la monnaie paraît l’aboutissement logique, selon l’édition de l’Echo paru le 27 juillet 2021. La monnaie est, à la base, créée par les banques centrales qui “frappent” les pièces et “impriment” les billets. Cette monnaie n’est pourtant qu’une infime partie de la masse monétaire.
En réalité, celle-ci est essentiellement générée par les banques privées. La création monétaire issue des banques privées fonctionne grâce à ce que les économistes qualifient de « multiplicateur du crédit bancaire » ou de ce que les Anglosaxons désignent par l’adage “loans make deposits”.L’octroi d’un prêt exige de récolter un dépôt. Ce même prêt générera d’autres dépôts qui entraîneront à leur tour de nouveaux octrois de prêts, etc.
Les banques privées sont donc des entreprises qui fabriquent elles-mêmes leur propre matière première.
Si cette réalité est aujourd’hui devenue la base du capitalisme, certains en ont cependant contesté le fondement. Notamment Irving Fisher (1867-1947), père de l’École quantitative et de l’idée du Plan dit de Chicago qu’il défendit en 1936.
Cet économiste était convaincu que la monnaie ne pouvait être qu’un stock de biens publics et non pas un flux variable généré par les banques privées que les auteurs du Plande Chicago accusaient… de secrètement imprimer de la monnaie.
À leurs yeux, il s’agissait de supprimer le flux monétaire en limitant la quantité de monnaie à son stock, sous le contrôle de la Federal Reserve (la banque centrale américaine).
Ce Plan de Chicago était donc pensé pour nationaliser la monnaie et déposséder les banques privées de leur faculté de fabrication. Mais pourquoi vouloir nationaliser la monnaie ? Parce que, selon eux, c’était la variation du flux monétaire créée au travers des bilans des banques privées qui entraînait la succession des phases d’expansion et de contractions économiques.