Des relations denses basées sur des liens solides d‘amitié et de confiance. L‘Egypte et la France partagent des relations diversifiées qui se sont largement développées et approfondies dans tous les domaines.
Dialogue et consultations en continu, les deux pays ont haussé le niveau de leurs relations de coopération en partenariat stratégique sur tous les plans.
Le 14 Juillet, Fête nationale de la France, est une occasion pour le Progrès Egyptien d‘interviewer S.E. Stéphane Romatet, ambassadeur de France en Egypte, qui arrive au terme de son mandat.
Une occasion de faire la lumière sur les multiples facettes des relations enracinées et particulières et aussi de parler de la coopération future.
• La coopération Egypte-France sur le plan commercial revêt une importance particulière au vu de l’intérêt de part et d’autre à la booster. Quoi de neuf ?
• • Je commence tout d’abord par dire que je suis très heureux d’être encore une fois avec le Progrès Egyptien dans ce numéro spécial préparé à l’occasion de la Fête nationale du 14 Juillet. Malheureusement, contexte sanitaire oblige, Nous ne pourrons pas organiser la cérémonie habituellement tenue à l’ambassade à cette occasion. Cette cérémonie nous permettait de mettre en valeur la relation particulière entre la France et l’Egypte.
Sur les plans économique et financier, beaucoup s’est passé au cours de ces derniers mois.
Il y a en fait trois semaines, le ministre français de l’Economie et des Finances, M. Bruno Le Maire, était en visite en Egypte.Les Présidents Al-Sissi et Macron ont en fait convenu, à Paris, de préparer un programme de soutien pour permettre aux grands projets égyptiens, avec l’appui des entreprises françaises, de voir le jour. M. Le Maire a annoncé le lancement de contrats d’un montant de 4 milliards d’euros.
Ces financements toucheront maints domaines, dont l’infrastructure, l’eau, les transports. La France appuie massivement l’Egypte pour accomplir ces grands projets. Le deuxième constat est une présence plus forte des sociétés françaises en Egypte, et donc nous pouvons dire que c’est là une opération gagnant-gagnant.
• Un dernier accord a été signé entre le gouvernement égyptien et l’Agence française de développement (AFD). Pouvez-vous nous en parler ?
• • Dans le cadre de ce programme d’appui financier de la France à l’Egypte, il y a effectivement le Trésor public français qui va mettre à la disposition de l’Egypte un certain nombre de financements.
C’est au cours de la visite de M. Le Maire que de nombreux accords ont été signés, en vertu desquels, l’AFD pourra financer directement certains projets égyptiens dans les domaines des chemins de fer, de la future ligne de tramway entre Abou Sir et Alexandrie.
Dans quelques jours, un nouvel accord sera signé, ce qui permettra à la France de financer le nouveau campus de l’Université française en Egypte, pour ainsi créer une grande université qui serait à la hauteur des relations exceptionnelles entre les deux pays. L’Université française sera la seule université étrangère en Egypte faisant à la fois un diplôme égyptien et un diplôme français, pour devenir un vrai facteur d’enrichissement culturel.
• Le Président Al-Sissi a récemment pris part à la Conférence sur l’appui au Soudan. Quelles sont donc les nouvelles perspectives de la coopération entre l’Egypte et la France en ce qui concerne le Continent africain ?
• • Lorsque le Président Al-Sissi était à Paris récemment (la mi-mai), il avait pris part à la Conférence internationale de soutien à la transition au Soudan. La présence du Président Al-Sissi était d’une extrême importance pour afficher un soutien politique aussi bien qu’un soutien financier très important aux nouvelles autorités soudanaises. Le Président Al-Sissi a également pris part à la Conférence sur les économies africaines post-Covid, étant donné que les économies africaines ont été affectées par cette pandémie. C’est ainsi qu’il faut mobiliser tous les moyens pour permettre la relance des économies africaines et qu’elles puissent surmonter les difficultés du Covid. La croissance des économies africaines étant essentielle pour le développement du Continent.La France a organisé ce Sommet international pour mobiliser les moyens dans un contexte de stimulation des économies africaines.
• Pourra-t-on alors dans ce contexte revoir des conférences à l’exemple de celle de France-Afrique ?
• • Il y a effectivement un Sommet qui s’appelle Afrique-France qui aura lieu à Montpellier dans quelques semaines, mais elle aura une caractéristique très particulière cette année, parce que ce serait une conférence qui se tient sans la présence des chefs d’Etat.
Une rencontre qui s’adresse à la jeunesse africaine. Des jeunes viendront de l’Egypte pour un débat avec le Président Macron et avec les autres jeunes africains. Ces jeunes s’exprimeront sur leurs aspirations, leurs attentes, leurs besoins et leurs espérances.
Ce Sommet aura des thèmes différents comme : les jeunes entrepreneurs, l’économie digitale, l’innovation.
On connaîtra donc des jeunes qui représentent ces nouvelles modalités de l’économie en Afrique et en Egypte.
• Que pouvez-vous nous dire au niveau de la coopération culturelle entre l’Egypte et la France ?
• • Il y a deux symboles qui permettent de montrer combien la relation culturelle entre l’Egypte et la France est vivante.
Il y a à présent une exposition à l’Institut du Monde Arabe (IMA) à Paris, sur les divas du Monde Arabe, en particulier Oum Kalthoum. Le Président de la République a visité cette exposition.
Il a en particulier rencontré une grande chanteuse égyptienne, qui est également une diva contemporaine, Farah Al-Dibany.Sur le Festival de Cannes aussi, il y a deux films égyptiens qui sont dans la programmation du Festival. Un coup de projecteur sur ce que représente cette jeune école du cinéma égyptien.
2022 une année exceptionnelle, marquant le bicentenaire de la découverte de Champollion
• A évoquer la parade dorée des momies royales, il faut se demander sur les nouveautés en ce qui concerne le domaine archéologique ?
• • Dans ce domaine, il y a toujours des nouveautés et des découvertes. La parade des momies était extraordinaire. Tout le monde en a parlé, ce qui permet de donner une image très positive de l’Egypte et de relancer le tourisme et faire revenir les touristes étrangers dans le contexte post-Covid.
Il y aura également l’inauguration du Grand Musée Egyptien dans les prochains mois, qui permettra à la fois d’attirer l’attention encore une fois à l’Egypte.2022 sera une année très importante au niveau de la relation culturelle et archéologique.
Ce sera le bicentenaire de la découverte de l’alphabet hiéroglyphique par Champollion.
Il y aura à cette occasion, des conférences, des colloques, des expositions, des rencontres avec les scientifiques et un nouveau musée Champollion à Grenoble (sa ville natale) sera inauguré.
La France se met à la disposition de l‘Egypte pour parvenir à une issue politique pour la crise du GERD
• Concernant le dossier du Barrage de la Renaissance, la France continue à soutenir l’Egypte dans ses positions. Que dites-vous à ce propos ?
• • Nous souhaitons que l’Egypte, le Soudan et l’Ethiopie puissent, à travers les négociations, parvenir à un accord. Il y a une volonté très sincère de l’Egypte de négocier.
Nous souhaitons voir le côté éthiopien manifester cette même volonté de négocier pour parvenir à un accord raisonnable.
Nous souhaitons à faire aider à émerger les conditions et les modalités d’un accord, d’autant que la France assume à présent la présidence du Conseil de Sécurité de l’ONU.
L’Egypte a décidé de se tourner au Conseil de Sécurité et nous sommes à la disposition des autorités égyptiennes pour voir comment nous pouvons être utiles, pendant notre présence au Conseil de Sécurité, pour parvenir à une issue politique et diplomatique à cette question du Barrage de la Renaissance.
Nous travaillons avec l‘Egypte pour que les ingérences en Libye cessent• Nous savons la présence des entreprises françaises en Libye, alors qu’il existe une certaine instabilité sur la scène. Comment jugez-vous ce dossier ?
• • La Libye est un très grand sujet de préoccupation pour l’Egypte et pour la France, parce que l’instabilité en Libye crée une insécurité à la fois pour l’Egypte et pour la France, et nous ne pouvons pas le permettre. La sécurité de l’Egypte est directement affectée par toute situation de vide politique en Libye et c’est exactement la même chose aussi en France. Nous avons donc là un intérêt commun à faire en sorte que la Libye puisse être un pays stable avec des institutions qui fonctionnent et qui mobilise tous ses moyens pour passer d’une situation d’économie de guerre à une situation d’économie de paix et de prospérité. La Libye a des moyens considérables. Ses ressources en hydrocarbure et son immensité lui donnent un potentiel énorme, mais la Libye est aujourd’hui déchirée par des affrontements, par le terrorisme et par des rivalités d’influence et des divisions très profondes. L’essentiel, c’est de redonner à la Libye une perspective politique et que les élections aient lieu vers la fin de l’année. La France et l’Egypte travaillent ensemble pour que ces élections puissent avoir lieu d’ici la fin de l’année. Les Libyens ont besoin que ces élections aient lieu, que les enfants retournent aux écoles, que les hôpitaux fonctionnent et que la sécurité soit assurée et que les milices qui contrôlent les grandes villes sortent et que les ingérences s’arrêtent. Nous travaillons avec l’Egypte pour que le cessez-le-feu conclu produise ses effets.Il faut également parvenir à la mise en place de ce calendrier qui permettra la tenue des élections.
Il est également extrêmement important pour la France et pour l’Egypte que toutes les interférences extérieures et toutes les troupes étrangères et tous les mercenaires doivent quitter la Libye. Ils n’ont rien à faire et leur présence crée une instabilité supplémentaire. Il faut que ces ingérences cessent.
• La Nouvelle capitale administrative et les nouvelles villes, comme notamment la Nouvelle Alamein, sont des projets prometteurs. Y verra-t-on des investissements français ?
• • La Nouvelle capitale est un projet très impressionnant. Il se développe avec une grande vitesse. Nous avons toujours dit que nous sommes à la disposition des autorités égyptiennes et nous avons les plus grandes compagnies dans le monde opérant dans le domaine de développement des villes durables ou les “smart cities”.
Récemment, avec le ministre des Communications, Dr Amr Talaat, nous avons eu une réunion avec une dizaine d’entreprises françaises pour présenter des solutions innovantes justement pour ces projets de nouvelles villes.
Nous lancerons un projet pilote dans une des nouvelles villes, pour voir comment les entreprises françaises peuvent contribuer à des projets très innovants. Nous souhaitons que les entreprises françaises puissent participer à ce défi urbain.
• Concernant le dossier écologique. Comment envisagez-vous la coopération bilatérale dans ce domaine ?
• • Il y a une échéance très importante, qu’est la conférence de la COP26 et qui aura lieu à Glasgow en Ecosse, novembre prochain.
Ce que nous souhaitons est de travailler avec les Egyptiens pour faire en sorte que cette conférence de Glasgow puisse être une nouvelle étape dans la mobilisation internationale dans la question écologique et le changement climatique.
Si nous ne prenons pas des mesures radicales, nous laisserons une empreinte irréversible sur l’évolution de la planète.Nous soutenons la candidature de l’Egypte pour la COP27.
Ce sera une remarquable échéance pour l’Egypte et ce sera un formidable coup de projecteur pour l’Egypte d’accueillir cette conférence.
Le Progrès Egyptien continuera à être le flambeau de la francophonie en Egypte
Un titre comme le Progrès Egyptien, le plus vieux quotidien francophone du monde arabe, fondé en 1893, il est très émouvant de savoir qu’il y a encore en Egypte une presse francophone et que le Progrès Egyptien en est le flambeau.
Pendant ces 4 années, j’étais un lecteur quotidien du Progrès Egyptien et j’ai un attachement particulier à ce titre et à Paris je saurai continuer à le lire à travers le site internet du journal.
J’espère qu’avec ses presque 130 ans, le Progrès Egyptien continue à être le flambeau de la francophonie en Egypte.
• Avec la fin de votre mandat en Egypte, voulez-vous vous adresser aux Egyptiens et puis au Progrès Egyptien… que direz-vous ?
• • Lorsque le moment de partir de ce pays viendra, je ne pars jamais de l’Egypte, surtout qu’après ces 4 années passées ici, elles laissent en vous un sentiment que vous êtes emportés par l’Egypte.
J’ai été profondément marqué par ces 4 années et donc je quitterai l’Egypte en étant complètement différent par rapport à ce que j’étais à mon arrivée. Ce pays m’a transformé.
J’ai eu une soif de découvrir l’Egypte et j’ai été victime de cette passion pour l’Egypte qui m’a étreint dès le premier jour. Je reviendrai sûrement à ce pays et donc c’est une manière de dire que je ne quitterai jamais l’Egypte.