Gary Chapman part d’un postulat fort dans son livre : les gens parlent différents langages d’amour et ils ne le savent pas ! Il estime que deux conjoints peuvent avoir des langages d’amour aussi différents que le français et le chinois. La sincérité des sentiments ne suffit pas. Si nous voulons être de bons communicateurs en amour, nous devons être prêts à apprendre le langage affectif fondamental de notre conjoint.
Par: Walaa El-Assrah
Gary Chapman propose ce concept pour nous aider à comprendre et répondre aux besoins mutuels d’amour profond. Pour lui, l’amour véritable implique un acte volontaire, exige de la discipline et reconnaît la nécessité du progrès personnel, c’est pour cette raison qu’il distingue entre coup de foudre et amour authentique. L’amour consiste à agir dans l’intérêt de celui ou celle que nous aimons. Les langages d’amour ne sont donc pas à prendre comme des tentatives de manipulation (pour flatter, obtenir ce que nous désirons).
Chaque personne parle un langage d’amour maternel auquel elle est plus sensible. Quand on lui parle dans ce langage d’amour, la personne se sent aimée pour ce qu’elle est et son réservoir émotionnel est rempli. Le langage par lequel une personne exprime son amour n’est nécessairement pas celui de l’autre. Un partenaire peut avoir l’impression de faire des efforts et de donner des preuves d’amour… qui ne sont pas considérées comme telles par l’autre partenaire. C’est tout le problème que Chapman propose de résoudre !
Chapman relate dans son livre de nombreux exemples de couples au bord de la rupture parce qu’ils ne parlent pas le même langage d’amour et se sentent incompris et peu/pas aimés en conséquence.
Chaque langage d’amour a des dialectes, des sortes de “patois”.

Quels sont les langages d’amour ?
- Les paroles valorisantes
Gary Chapman écrit que les paroles valorisantes peuvent se décliner en plusieurs dialectes :
- Les compliments verbaux et sincères (“tu es ravissant(e)”, “je me régale avec ce plat”, “merci d’avoir… j’apprécie vraiment cette initiative”, “j’aime quand tu…”, “je suis reconnaissant(e) quand tu…”)
- Les paroles d’encouragement (“si tu décides de le faire, je suis sûre(e) que tu réussiras. Car lorsque tu as décidé d’entreprendre quelque chose, tu vas toujours jusqu’au bout. C’est une qualité que j’apprécie chez toi”, “si tu veux te lancer dans cette démarche, je t’épaulerai”, “je suis à tes côtés, comment puis-je t’aider ?”).
- Paroles aimables qui expriment des sentiments personnels sur un ton chaleureux et dans un langage positif
- Excuses et reconnaissance des torts, pardon accordé (Chapman écrit :” Si vous lui avez fait du tort, soyez prêt(e) à reconnaître votre faute et à demander pardon. Si votre motivation n’est pas celle qu’il/elle a cru être, efforcez-vous d’expliquer paisiblement vos mobiles.”)
- Paroles humbles et requêtes (les requêtes n’étant pas des exigences). On retrouve ici un des aspects de la communication non violente : formuler des demandes pour indiquer comment se rapprocher, pour donner une orientation et non un ultimatum.
- Les moments de qualité
Des moments de qualité consistent à accorder à l’autre une attention totale et sans partage, à “offrir des minutes de vie”, à créer des émotions. Ces moments de qualité peuvent se traduire de plusieurs manières :
- Juste être ensemble (être unis, sur la même longueur d’onde, être accordés; pas seulement une proximité physique)
- Des dialogues de qualité (une vraie conversation au cours de laquelle deux individus partagent leurs expériences, leurs pensées, leurs émotions et leurs désirs avec affection et sans s’interrompre. Ce dernier point est difficile car cela nécessite d’écouter avec bienveillance en résistant à la tentation de conseiller, de juger ou de critiquer).
- Apprendre à parler (réveiller nos émotions, s’ouvrir à l’autre, révéler les doutes, les peurs et la vulnérabilité qui nous tenaillent).
- Des activités de qualité (entreprendre des activités à deux, accepter une activité qui plait à l’autre pour le simple plaisir d’être avec lui/elle, s’exprimer mutuellement de l’amour en étant ensemble pour constituer une “banque de souvenirs”).
- Les cadeaux
Gary Chapman définit les cadeaux comme quelque chose que nous pouvons tenir dans la main en nous disant : “il/elle a pensé à moi”. La valeur marchande n’a ici pas d’importance. Ce qui compte est le fait d’avoir pensé à nous : c’est la pensée exprimée par le geste qui est l’expression de l’amour, c’est un signe extérieur et visible du lien intérieur et spirituel/ émotionnel.
Les cadeaux peuvent être achetés, trouvés ou confectionnés. Une fleur sauvage ramassée dans un champ peut remplir sa fonction de preuve d’amour et de remplissage de réservoir émotionnel.
Mais les cadeaux peuvent aussi prendre la forme du don de soi, de notre présence.
Les cadeaux n’ont besoin ni d’être couteux ni d’être hebdomadaires.
- Les services rendus
Chapman parle de toutes les aides et assistances qui exigent de la réflexion, de l’organisation, du temps, de l’effort et de l’énergie. Quand ces services sont accomplis dans un esprit positif, ils sont d’authentiques expressions d’amour.
Ce langage d’amour peut cependant être mal compris : il s’agit de ne pas confondre services rendus et exploitation ou culpabilité.
La manipulation par la culpabilité (“si tu m’aimais vraiment, tu ferais ceci ou cela”) n’est pas un langage d’amour; la contrainte par la peur, le chantage ou la menace de représailles non plus.
Le langage d’amour des services rendus peut également nécessiter de dépasser les stéréotypes et les clichés sur les rôles spécifiques des hommes et des femmes.
Même les enfants ont leurs propres langages d’amour
Dans chaque enfant se trouve un “réservoir émotionnel” qui ne demande qu’à être rempli d’amour. La plupart du temps, les écarts de conduite de l’enfant s’expliquent par son obsession à vouloir soutirer de l’affection d’un réservoir qui reste obstinément vide.
Chapman écrit que nous ne pouvons pas savoir à quel langage d’amour l’enfant est sensible quand il est encore petit et qu’exprimer notre amour dans chacun des cinq langages permet d’identifier peu à peu les attentions auxquelles l’enfant est le plus sensible, ce qui le “remplit”.
Par ailleurs, l’observation nous aidera à déterminer le langage d’amour principal de nos enfants. Si un enfant accueille ses parents en leur sautant dessus, en leur faisant des bisous, en les serrant, il y a des chances pour que la première langue dans-laquelle il ressent de l’amour soit celle du toucher.
S’il a plutôt tendance à presser ses parents pour leur montrer quelque chose, à insister pour qu’ils jouent avec lui ou qu’ils le regardent faire quelque chose, son langage d’amour principal est relatif aux moments de qualité.
Un enfant qui prépare souvent des petits cadeaux, des dessins, des gâteaux, des lettres bien décorées et enveloppées, qui offre des petits objets trouvés dehors (cailloux, fleurs, feuilles…) est plus sensible au langage des cadeaux.
Les parents peuvent sincèrement aimer leurs enfants (et c’est le cas de l’immense majorité), mais la sincérité ne suffit pas. Si nous voulons répondre à leurs besoins psychiques, nous devons apprendre à parler leur langue. Je crois que des milliers de parents n’ont pas réussi à communiquer cet amour dans un langage compris de leurs enfants et que des milliers de jeunes vivent avec un réservoir émotionnel vide. Apprenons le langage le plus susceptible de faire comprendre à nos enfants notre amour pour eux. – Gary Chapman
Chaque enfant est différent et ce qui communique de l’amour à l’un ne le communique pas forcément à l’autre.