Sur les éphémérides accrochées aux murs de nos maisons, on peut lire trois différentes dates – grégorienne, hégirienne et copte pour le même jour. C’est là une des richesses de l’Egypte. Nous avons pris l’habitude de les voir, de les lire, de les connaître sans presque y prêter attention. Ce n’est qu’avec les fêtes ou les changements de saison que l’on se rend vraiment compte de la date et du mois. L’année copte se caractérise par sa particularité : une année en profonde conciliation avec la nature et le climat en Egypte.
L’année copte commence le jour de l’An (fête du Nayrouz) qui est célébré au mois de septembre. Comment est-elle célébrée ? En général, les Egyptiens la célèbrent avec ce que la nature leur offre à cette période de l’année : goyave et dattes. Evidemment, il y a tout un côté symbolique et religieux lié à ces deux fruits pour les Coptes, mais il ne faut surtout pas oublier que c’est le moment de l’année où la terre offre à ses habitants, les meilleures goyaves du monde et des dattes extrêmement sucrées. L’année copte débute à la date qui correspond actuellement au 11 ou 12 septembre du calendrier grégorien Le Nouvel an copte, ou “ Nayrouz “, était une fête traditionnelle en Egypte; on la célèbre à l’Eglise par une veillée de prière suivie d’une liturgie à l’aube, de 4 heures à 7 heures du matin, selon le site eglisecopte.ch/ le-calendrier-copte.
Tout au début de l’époque antique, avant le IVe millénaire, les Egyptiens utilisaient, pour leurs datations, le cycle lunaire qui compte 354 jours. Les douze mois lunaires comptaient alternativement 29 et 30 jours. C’est probablement au XXVIIIe siècle avant Jésus-Christ, durant la IIIe dynastie de l’Ancien Empire pharaonique, que l’Egypte s’est dotée d’un calendrier beaucoup plus fixe, fondé sur l’apparition annuelle d’une étoile très brillante, Sirius (Sopedet, spdt, en Egypte ancienne, Sotis à l’époque hellénistique, Sirius par la suite); le lever héliaque (en même temps que le soleil) de Sirius en Egypte coïncidait avec la crue du Nil, pendant l’actuel mois de juin.
Ce lever héliaque n’est visible en Egypte qu’une fois par an, aussi l’année égyptienne comprit-elle à partir de ce moment 365 jours, répartis en 12 mois de 30 jours, et un 13e mois rajouté de 5 jours, “ épagomène “. Lorsque les Egyptiens se rendirent compte qu’il manquait un jour tous les quatre ans, vers la fin de l’époque pharaonique, sous Ptolémée III, le décalage fut partiellement corrigé, en 238 av. J.-C. à Canope (ville qui se trouvait près d’Alexandrie) par les prêtres astronomes égyptiens: on ajouta 1/4 de jour, soit 6 heures, c’est[1]à-dire concrètement un jour tous les quatre ans, à chaque année du cycle de Sirius. C’est le “ décret de Canope “ dont on possède quatre exemplaires (trois au musée du Caire, un au musée du Louvre).
Les Egyptiens ont ainsi corrigé leur calendrier en gardant leurs mois de 30 jours et en ajoutant tous les 4 ans 1 jour au mois épagomène. Le calendrier égyptien fut à nouveau révisé et corrigé à l’aube de l’occupation romaine de l’Egypte, vers l’an 40 av. J-C., à l’initiative de Jules César. D’où le nom de “ Julien “ attribué à ce calendrier qui compte 12 mois de 30 ou 31 jours, avec en février 28 jours pendant 3 ans, et 29 jours tous les 4 ans (années bissextiles). Même si le calendrier julien attribua des noms d’origine latine aux 12 mois de l’année, il est à l’origine une adaptation romaine du calendrier égyptien.
C’est pour cette raison que l’on peut établir une concordance fixe entre le calendrier copte et le calendrier julien, ajoute le site eglisecopte.ch/ le-calendrier-copte. En 1582 ap. J.C., le pape Grégoire XIII de Rome modifia le calendrier julien sur l’avis de ses astronomes qui avaient remarqué 10 jours de décalage entre la date des fêtes fixées au concile de Nicée en 325 ap J.-C. et celles de son époque. Ils en déduisirent qu’il y avait dans le calendrier 11 minutes 14 secondes de trop chaque année.
Les astronomes relevèrent également un excédent de 22 secondes par an dans le calendrier lunaire. Ces observations aboutirent au résultat suivant: addition d’une journée supplémentaire tous les 128 ans, soit 10 jours jusqu’en 1582, et 13 jours et 2 heures entre 1582 et 2000.
Pour cette raison, le 5 octobre 1582 est devenu le 15 octobre de la même année. Le calendrier grégorien est celui qui est le plus largement utilisé actuellement. Pour établir une concordance entre l’année de l’ère copte et celle du calendrier grégorien, il faut donc enlever 283 ans ( du 11/12 septembre au 31 décembre) ou 284 ans ( du 1er janvier au 11/12 septembre) à l’ année grégorienne pour obtenir l’année copte ou ajouter 283 ans (du 1er tout au 21/22 kyahk) à 284 ans (22/23 kyahk au 5e ou 6e jour épagomène) à l’année copte pour obtenir l’année grégorienne. Le calendrier copte est surtout lié à la nature.
Jusqu’à nos jours, les Egyptiens dans la campagne et en Haute-Egypte continuent à l’utiliser afin de cultiver les terres et faire pousser les plantes. Chaque mois a ses plantes, ses règles et son système que le paysan doit respecter afin de créer un nouvel univers. Voici les noms des douze mois et de la période des jours épagomènes. Ces noms proviennent de l’ancienne langue égyptienne.
On trouvera dans la liste ci-après le nom transcrit de l’ancienne écriture égyptienne suivi de la prononciation dans l’actuelle langue copte, leur date dans le calendrier julien et, entre parenthèses, la correspondance avec le calendrier grégorien
1- Tout, du 29 août au 27 septembre du calendrier julien (du 11 ou 12 septembre au 10 ou 11 octobre du calendrier grégorien. Il reprend le nom d’un dieu de l’Egypte antique et symbolise la sagesse, le savoir et la science. Il se caractérise par ses goyaves, ses dattes et son un climat clément. L’Egypte qui connaît encore quelques vagues de chaleur durant cette période de l’année, se prépare à la saison des grands froids.
2- Bâbah du 28 septembre au 27 octobre du calendrier julien (du 11 ou 12 octobre au 9 ou 10 novembre). Ce nom dérive d’Abah, il s’agit de la fête du transfert du temple du dieu Amon de Karnak à Louxor.
3- Hâtour du 28 octobre au 26 novembre du calendrier julien (du 10 ou 11 novembre au 9 ou 10 décembre). Il s’agit de la déesse de l’amour, du don et de la musique. C’est un mois extrêmement important pour les Egyptiens, car c’est la période où ils plantent le blé. Et, le blé est source de vie en Egypte.
4- Keihak du 27 novembre au 26 décembre du calendrier julien, Noël étant toujours le 29 Kyahk (du 10 ou 11 décembre au 8 ou 9 janvier). C’est un nom qui dérive de la réunion des âmes chez les Pharaons. C’est le mois qui annonce le début de l’hiver, les jours deviennent moins longs, on prend son dîner assez tôt. C’est aussi le mois des prières du jeûne qui précède la fête de Noël. En somme, un mois de froid, de spiritualité et de convivialité.
5- Toubah du 27 décembre au 25 janvier du calendrier julien (du 9 ou 10 janvier au 7 ou 8 février). C’est le mois le plus froid de l’année et on dit que c’est le mois qui vieillit. On dit d’ailleurs un proverbe lié à Toubah : « Toubah fait de la jeune femme une vieille ».
6- Amshir du 26 janvier au 24 février du calendrier julien (du 8 ou 9 février au 9 mars). C’est un mois particulier, les plantes déjà cultivées commencent à pousser. Mais, ce n’est pas tout, c’est le mois où le climat passe pour un fou. Chaud, froid, vent, pluie, soleil, tout est servi au menu. D’ailleurs, quand une personne a un caractère changeant et un tempérament difficile, on dit qu’elle est comme Amshir.
7- Barmahât du 25 février au 26 mars, ou 25 mars les années bissextiles du calendrier julien (du 10 mars au 8 avril). C’est le mois de la récolte. Barmahât est lié au fait que les payans pouvaient aller aux champs et apporter pour la première fois après le long hiver des récoltes et les manger tout de suite. C’était pour eux une source de joie et de vie.
8- Barmoudah du 27 mars, ou 26 mars, du calendrier julien (du 9 avril au 8 mai)
9- Bachnas du 26 avril, ou 25 avril du calendrier julien (du 9 mai au 7 juin)
10- B’ounah du 26 mai, ou 25 mai du calendrier julien (du 8 juin au 7 juillet). C’est le mois qui annonce les grandes chaleurs. Evidemment, c’est le début de l’été. 11- Abîb du 25 juin, ou 24 juin, du calendrier julien (du 8 juillet au 6 août) 12- Masari du 25 juillet, ou 24 juillet, du calendrier julien (du 7 août au 5 septembre). Dans l’Egypte antique Mésori, signifiant la naissance de Rê, est le douzième mois du calendrier nilotique (basé sur la crue du Nil). C’est le quatrième mois de la saison Chémou.
13- Al-Nasi, jours épagomènes, du 24 août, ou 23 août, au 28 août (du 6 septembre au 10 ou 11 septembre). En somme, nos ancêtres étaient véritablement plus connaisseurs en matière de nature et de terre que nous. Ils savaient très bien trouver un équilibre entre les éléments que leur donnent la nature et ce qu’ils attendent d’elle. Reprenons alors le pas de nos ancêtres pour nous comprendre et communiquer avec l’univers!