Par Ghada Choucri
Chaque année, aux alentours du premier janvier, c’est le même rituel. Nous nous jetons sur nos carnets neufs avec la ferveur d’un athlète olympique, griffonnant des listes interminables de sommets à gravir, de langues mortes à apprendre et de légumes verts à presser. Mais soyons honnêtes : à peine le mois de février entamé, ces « Bucket Lists » (ces listes de choses à faire avant de mourir ou, du moins, avant décembre prochain) se transforment souvent en fardeaux.
Pour 2026, si nous changions radicalement de perspective ? Et si, au lieu de rajouter des étages à notre pyramide de responsabilités, nous décidions d’en retirer les pierres les plus lourdes ? Bienvenue dans l’ère de l’Anti-Bucket List.
L’art de la soustraction joyeuse
L’idée est simple, mais révolutionnaire : lister tout ce que l’on décide d’arrêter de s’infliger. C’est un concept qui flirte avec la psychologie comportementale moderne. Le site spécialisé Psychology Today souligne souvent que la surcharge mentale provient moins de nos actions que de la pression que nous nous mettons pour atteindre une perfection inatteignable. En 2026, on démissionne de ce poste de « gestionnaire de la perfection ».
Prenons l’exemple classique du sport. Combien d’entre nous ont déjà gâché une soirée entière à culpabiliser parce qu’ils n’avaient pas trouvé le courage d’aller à la salle de sport ? Dans notre Anti-Bucket List, on inscrit en lettres d’or : « J’arrête de m’insulter intérieurement parce que j’ai préféré une heure de lecture à une séance de cardio ». Ironiquement, selon une étude citée par la revue Healthline, la réduction du stress lié à la culpabilité peut avoir des effets plus bénéfiques sur le système immunitaire que quelques minutes de course forcée dans la douleur.
Des exemples pour alléger votre quotidien
Concrètement, à quoi ressemble ce manifeste de la légèreté ?
Il y a d’abord le volet numérique. On arrête de « scroller » les réseaux sociaux jusqu’à deux heures du matin en se comparant à des influenceurs qui boivent des jus de céleri au lever du soleil. On raye aussi l’obligation de répondre instantanément à chaque notification. Le site Mindful.org rappelle que reprendre le contrôle sur son attention est le premier pas vers une véritable paix intérieure.
Ensuite, il y a le volet social. 2026 pourrait être l’année où l’on cesse de dire « oui » à des dîners qui nous ennuient par pure politesse. C’est ce que les experts appellent le « plaisir de ne pas participer » (Joy of Missing Out ou JOMO). Dire non à une sortie pour s’offrir une soirée de calme n’est pas de l’égoïsme, c’est de la maintenance émotionnelle.
Une résolution qui dure vraiment
L’avantage de l’Anti-Bucket List, c’est qu’elle est impossible à rater. Il n’y a pas de performance à atteindre, seulement un espace à libérer. En cessant de nous infliger la corvée de la « meilleure version de nous-mêmes », nous finissons souvent par être plus détendus, plus créatifs et, paradoxalement, plus efficaces.
Alors, pour cette nouvelle année, gardez votre stylo, mais changez de cible. Rayez les « je dois » et célébrez les « je ne m’impose plus ». Après tout, la plus belle réussite de 2026 sera peut-être tout simplement de s’être senti bien dans ses baskets, qu’elles soient sur un tapis de course ou au fond du placard.
Encadré
Le Guide Pratique : 3 étapes pour créer votre propre Anti-Bucket List
Vous êtes prêt à alléger votre sac à dos mental ? Voici comment transformer vos “corvées” en “libérations” en moins de dix minutes.
1. Identifiez vos « Faux Amis » de l’agenda : Prenez une feuille et listez toutes ces activités que vous faites par automatisme ou par peur de décevoir (ce cours de poterie qui vous stresse, ce groupe WhatsApp qui ne parle que de problèmes). Si l’idée de rayer cette activité provoque un soupir de soulagement immédiat dans votre poitrine : c’est qu’elle a sa place sur votre Anti-Bucket List.
2. Pratiquez le « Non » gracieux (et sans excuse) : Selon les experts en communication de Psychology Today, se justifier trop longuement affaiblit notre position. Pour 2026, apprenez la phrase magique : « C’est très gentil d’avoir pensé à moi, mais je ne vais pas pouvoir cette fois-ci. » Pas besoin d’inventer une urgence plomberie. Votre temps est une ressource précieuse, traitez-le comme tel !
3. Remplacez la Culpabilité par la « Célébration du Vide » Chaque fois que vous renoncez à une injonction (ne pas faire le grand ménage un samedi matin, par exemple), ne remplissez pas ce temps vide par une autre tâche. Asseyez-vous, prenez un café, ou regardez simplement par la fenêtre. Célébrez ce petit espace de liberté que vous venez de vous offrir.
Le saviez-vous ? Selon une étude de la Harvard Business School, les personnes qui valorisent leur temps plutôt que l’accumulation de tâches se disent globalement plus heureuses. Moins faire, c’est littéralement mieux vivre.





