Dans la société moderne, l’art occupe une place complexe et polyvalente. Les œuvres artistiques, quelles qu’elles soient, peuvent contribuer à provoquer des changements tel un catalyseur. Elles permettenttant aux individus qu’aux sociétés d’établir ou d’actualiser leurs rapports avec eux-mêmes, avec leur environnement, avec leurs semblables et aussi avec leur propre humanité, bref, d’ajuster leurs rapports avec cette réalité subjective.
Par : Hanaa Khachaba
L’art peut donc être vu comme une forme d’expression personnelle, une exploration de l’esthétique et de la créativité individuelle, mais aussi il peut être considéré comme un puissant outil de changement social, capable d’influencer les attitudes, de remettre en question les normes établies et de susciter des débats significatifs au sein de la société.
Cette dualité soulève la question cruciale du rôle de l’art dans notre monde contemporain. D’une part, l’art comme expression personnelle incarne la liberté individuelle. L’art est capable de refléter la conscience de soi des êtres humains avec une profondeur qui – même si elle est illimitée – laisse pressentir certainesfrontières humaines. Il a une « fonction de miroir » au sens où il ne peut rien faire surgir qui ne sommeille déjà dans la pénombre. C’est précisément pour cette raison qu’il exerce depuis des temps immémoriaux un effet aussi bien critique – en reflétant la réalité – que moral – en élargissant la conscience, écrit Klaus Huber dans son œuvre « Au nom des opprimés ».
Les artistes utilisent leur créativité pour témoigner de leurs expériences subjectives, de leurs émotions et de leur vision du monde. Cette forme d’expression peut offrir un espace pour la réflexion personnelle et la contemplation esthétique, enrichissant ainsi la vie de ceux qui y sont exposés. Les œuvres d’art peuvent permettre aux individus de se connecter à un niveau émotionnel profond, offrant des perspectives uniques sur la condition humaine.
Par ailleurs, comment l’art a le pouvoir de changer le monde ? L’artiste nous propose sa propre perception du monde, en fonction de son histoire personnelle, ses expériences, sa culture, son époque et son état d’esprit. Il ne nous l’impose pas, mais nous invite à observer la réalité autrement. En modifiant notre rapport au réel, une création artistique modifie notre regard.
D’où l’art en tant qu’outil de changement social s’inscrit dans une tradition plus militante. Les mouvements artistiques ont souvent été à l’avant-garde des changements sociaux, utilisant la provocation, la subversion et la contestation pour remettre en question les normes préétablies. Des œuvres d’art engagées politiquement, des performances provocantes et des manifestations artistiques ont souvent été des catalyseurs pour le changement, soulevant des questions cruciales et défiant les structures de pouvoir en place.
Cependant, malgré ces deux aspects distincts, il est important de reconnaître que l’art ne se limite pas à une seule fonction. Il peut à la fois refléter les préoccupations individuelles et collectives, offrant une diversité de perspectives et de significations. En fin de compte, le rôle de l’art dans la société moderne est complexe et évolutif, allant au-delà de la simple dichotomie entre expression personnelle et activisme social. En conclusion, l’art constitue un pilier essentiel de la société moderne, offrant une diversité de fonctions et de significations. Qu’il s’agisse d’une forme d’expression personnelle ou d’un outil de changement social, l’art demeure une force dynamique, capable d’inspirer, de provoquer et de transformer. En encourageant la réflexion, en suscitant des débats et en remettant en question les normes établies, l’art continue d’enrichir notre compréhension du monde et de notre place au sein de celui-ci.
ENCADRE

Il existe plusieurs films internationaux et égyptiens qui ont joué un rôle important dans la transformation sociale en influençant les idées et les comportements des individus. Au niveau international, des films comme « 12 Angry Men » (1957) de Sidney Lumet ont contribué à stimuler les discussions sur le système judiciaire et les préjugés. « Philadelphia » (1993) de Jonathan Demme a aidé à sensibiliser le public auxquestions liées au VIH/Sida. « Erin Brockovich »(2000) de Steven Soderbergh a mis en lumière les problèmes de pollution et de santé publique.
En ce qui concerne le cinéma égyptien, des films tels que « Cairo 678 » (2010) de Mohamed Diab ont abordé des questions sociales sensibles telles que le harcèlement sexuel et la violence à l’égard des femmes, suscitant des débats et des prises de conscience au sein de la société égyptienne. « Al-Maseer » (1997) de Youssef Chahine a également abordé des thèmes sociaux et politiques, offrant une critique courageuse de la société égyptienne. Ces films, parmi d’autres, ont joué un rôle crucial en stimulant des conversations, en remettant en question les normes établies et en sensibilisant le public à des enjeux importants, contribuant ainsi à un changement social significatif au niveau des idées et des comportements.
