L’art était sans doute une femme aux mille et un visages allant de la sérénité à la folie. C’est du moins ce que traduisent les portraits d’Eman Ahmed Khalil. Ses portraits majoritairement de femmes aux visages doux, au regard profond et rêveur, révèlent une magie incompréhensible. Eman Ahmed Khalil est une plasticienne bien certifiée : elle a suivi ses études à l’Ecole des Beaux-Arts, département d’ornements en 1996. Mais, tout a commencé très tôt pour elle : « à dix ans, j’ai commencé ma passion pour l’art. J’ai décidé d’étudier ce domaine pour me spécialiser ».
Toutefois, ses engagements de femme et de mère de famille ne l’ont pas souvent aidée d’être omniprésente sur la scène artistique. « En fonction de mes responsabilités, j’ai dû parfois m’éclipser de la scène artistique. Or, depuis quatre ans, je suis constamment omniprésente. J’ai d’ailleurs pris part à d’innombrables expositions », a-t-elle raconté. Eman Ahmed Khalil a une conviction inébranlable : « Tant que l’artiste possède le talent, la voie va se tracer devant lui. Le talent est indispensable », reconnaissant l’importance de l’encouragement comme motivation artistique. A cet égard, elle se rappelle : « Mon premier support était ma mère. Elle m’a beaucoup encouragé et elle a été souvent fascinée par mes dessins où je reproduisais les grandes stars de la télé et de la radio. Elle trouvait que j’avais une capacité hors pair à reproduire leur âme. Après ma mère, ce fut au tour de mes proches, des autres membres de ma famille et de mes amis. Plus tard, à l’Ecole des Beaux-Arts, c’est Dr Abou Bakr Al-Nawawi qui a eu surtout un véritable support et appui à son art ».
Révoltée contre les contraintes et les règles, Khalil refuse d’appartenir à une école artistique au grand dam des autres. « Je ne pense pas qu’un artiste devrait suivre une école artistique particulière. Je crois à la liberté d’expression. Il est vrai que j’ai un penchant pour l’école impressionniste ou expressionniste, mais je préfère être libre pour découvrir de nouvelles astuces et techniques. Découvrir du « nouveau » est l’une de mes ambitions en tant qu’artiste », a-t-elle indiqué.
Autour de ses œuvres, Khalil a dit : « J’aime toutes mes œuvres, même celles qui auraient pu être présentées différemment. Je trouve que chaque œuvre, chaque peinture est une partie de moi-même, une partie de mon âme. Je préfère évidemment les peintures de nature morte et les portraits, mais chaque œuvre que je livre à mon public est une partie intime de moi et par conséquent, très chère à mon cœur ». Ses rêves n’ont ni bornes, ni limites. « Je crois que le rêve de la perfection est le rêve commun et ultime à tous les artistes de la planète. Un artiste réel est en quête sans fin de beauté, et de perfection. C’est une quête dure, longue, ayant un début, mais pas de fin. J’aimerais que l’art devienne une technique à la portée de tous, un peu comme l’alphabet de la langue a-t-elle ajouté.
Khalil reconnaît que les artistes femmes sont parfois bloquées par leur responsabilité de mère et d’épouse, mais elle assure que rien ne peut les arrêter. « Si une personne a assez de talents, même son entourage finira par l’aider, la soutenir et lui donner des ailes », a-t-elle conclu.