L’Assemblée nationale s’est emparée hier lundi après-midi du projet de loi d’accélération du nucléaire, dont l’examen est corsé par la polémique sur la réforme de la sûreté nucléaire souhaitée par le gouvernement, rapporte l’AFP. Les députés ont quatre jours pour étudier les 650 amendements de ce texte destiné à faciliter la construction de nouveaux réacteurs en France: six EPR promis par Emmanuel Macron à l’horizon 2035. Dans une actualité toujours agitée par la réforme des retraites, le gouvernement mise sur le traditionnel soutien de la droite à l’atome pour une adoption sans trop de difficultés en première lecture, après le très large vote du Sénat fin janvier. Ce texte n’est “en rien le grand soir”, mais “a le mérite de remettre le nucléaire au centre des discussions et de notre mix énergétique”, souligne le député LR Jérôme Nury. Mais les opposants au nucléaire, EELV et LFI, comptent s’appuyer sur deux événements récents pour enflammer les débats: la fissure “importante” révélée dans la tuyauterie d’un réacteur de la centrale de Penly (Seine-Maritime), et la disparition annoncée de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) que l’exécutif veut fondre dans l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), le gendarme des centrales. “Ca va être très chaud. Les écolos (la lutte contre le nucléaire), c’est le combat de leur vie”, insiste une source parlementaire, quand bien même l’adhésion au nucléaire a nettement gagné du terrain dans les enquêtes d’opinion, en pleine crise énergétique. Le gouvernement a ajouté la réforme de la sûreté nucléaire par un simple amendement, adopté par les députés en commission. Mais elle suscite l’ire des syndicats de l’IRSN comme de l’ASN, de la gauche, et des protestations jusque dans la majorité. L’intersyndicale de l’Institut organise une nouvelle journée de grève lundi. Ce projet de “fusion” est “incompréhensible”, dénoncent dans un communiqué les députés de la coalition de gauche Nupes, qui jugent “essentiel de maintenir une indépendance entre la fonction de régulateur (ASN) et celle d’expertise (IRSN)”.