Responsable du dossier :
Nermine Khattab
Rédigé par :
Névine Ahmed – Alia Aboul Ezz Soha Ghaafar – Marwa Mourad
L’Egypte vient de franchir la barre des 100 millions d’habitants, mais dans un nouveau contexte où le planning familial reprend ses droits.
« Deux, ça suffit !», c’est le slogan du programme que va lancer le gouvernement égyptien pour faire face à l’explosion démographique considérée comme le principal frein au développement. Le pays compte aujourd’hui 105 millions d’Egyptiens dont 97 en Egypte et 8 à l’étranger.
Les chiffres bruts ont de quoi donner de la sueur froide. Toutes les 18 secondes, un nouveau bébé naît en Égypte.
Le gouvernement souhaite sensibiliser un million de familles parmi les plus pauvres d’Egypte qui ont encore moins de quatre enfants à s’arrêter là. Les raisons économiques sont l’argument principal utilisé par la centaine d’ONG associées au programme. Il s’agit en fait de combattre le dicton populaire selon lequel « Chaque gosse arrive au monde avec son gagne-pain ».
« Tout le monde devrait avoir peur de l’augmentation de la population, mais il y a des signes d’espoir parce qu’il y a une forte volonté politique de coordination inédite entre le ministère de la Santé et celui des Affaires religieuses sur ce sujet jusque-là resté assez tabou.
Alors que la tradition valorise les familles nombreuses comme un symbole de richesse, les autorités religieuses sont désormais priées d’encourager la contraception et la limitation des naissances. Depuis peu, le ministère des Affaires religieuses incite les imams à répéter la dernière fatwa de l’organe religieux officiel de l’État, autorisant non seulement le contrôle, mais aussi la limitation des naissances.
La croissance démographique… le risque qui hante le futur
On parle d’énergie renouvelable, d’économie verte et de développement durable. Mais tout cela ne peut avoir de sens, si à chaque seconde, nous peuplons en surnombre le pays. La croissance démographique ne cesse d’être en Egypte cette bombe à retardement qu’il faut nécessairement désamorcer.
Mis à l’ordre du jour, l’Etat entreprend maintes démarches pour faire face à la surpopulation et pouvoir résoudre impérieusement ce problème épineux qui risque de dévorer tous les efforts de croissance et de développement menés par le pays.
Un récent rapport estime que le nombre de la population égyptienne en 1880, était de 5,2 millions de personnes. Un chiffre qui va crescendo au fil des années pour dépasser, à présent, les 102 millions d’âmes. La hausse du taux de natalité – due à l’amélioration de la situation sanitaire, du mariage précoce, du non-recours aux contraceptifs et des coutumes héritées – laisse prévoir une population égyptienne de près de 132 millions de personnes en 2030.
Les conséquences de la surpopulation peuvent donc se résumer dans la hausse de la consommation des individus, l’augmentation des dépenses publiques, la réduction des fonds alloués aux services, la propagation du chômage, la baisse des salaires et la détérioration des services publics.
La dangerosité de la surpopulation repose sur le fait que ce problème ne se limite pas uniquement aux individus, mais provoque aussi des déséquilibres dans le système communautaire de l’Etat, ce qui peut dégénérer en une hausse des taux de criminalité à cause des besoins non-satisfaits de la population.
Tant de secteurs ont souffert en Egypte à cause des problèmes liés à la surpopulation, comme ceux de la santé, de l’éducation, des transports, du logement et de la protection sociale. Cette explosion démographique a, de même, mené à une baisse de la qualité de vie de la famille et a entraîné l’émergence de certains phénomènes comme le travail des enfants, les querelles et litiges familiaux.
Il existe de nombreux risques liés à la croissance démographique en Egypte, pour les individus, les familles et les groupes, en particulier les groupes les plus productifs et défavorisés, et les moins capables de répondre aux exigences de cette augmentation continue du nombre de grossesses et de procréations. Des risques en découlent, tels que la difficulté d’accéder facilement aux services nécessaires et le manque de revenus appropriés, et ainsi s’installe le cercle vicieux de la pauvreté et de la privation.
La surpopulation est aussi liée aux problèmes écologiques comme la pollution dans ses diverses formes.
Le projet de la Famille Égyptienne
Opportunité historique pour endiguer le boom démographique
L’Egypte fait face à une opportunité historique pour résoudre le problème de surpopulation dont elle souffre depuis des décennies. Et ce, à travers le projet national de développement de la Famille égyptienne, qui a été lancé par le gouvernement et lui a fourni tous les facteurs de réussite.
Le Président Abdel Fattah Al-Sissi a récemment donné le coup d’envoi du projet national de développement de la Famille égyptienne, qui comprend plusieurs axes pour gérer le boom démographique, considéré par le gouvernement comme une question de sécurité nationale. L’Egypte vise ainsi à réduire le taux de fécondité, améliorer les caractéristiques démographiques et promouvoir la qualité de vie des citoyens.
Le Chef de l’Etat a précisé que l’objectif de ce projet est de développer l’Etat égyptien, étant donné que le développement de la famille mène à la satisfaction des citoyens, ce qui contribue au développement du pays.
À cet égard, l’expert en population Dr Amr Hassan a déclaré que « le lancement du projet national de développement de la Famille égyptienne est une occasion historique pour clore le dossier d’augmentation de la population, que l’Égypte a ouvert depuis 1965 à l’époque du défunt Président Gamal Abdel Nasser, lors de la création du Conseil supérieur de la planification familiale.”
Dr Hassan, ancien rapporteur du Conseil national de la population, a ajouté : « Nous sommes maintenant en 2022, ce qui signifie que ce dossier est ouvert depuis 57 ans, et il y a des pays qui ont commencé avec nous et ont clos ce dossier il y a 15 ans, ce qui signifie que l’Égypte est en retard, mais l’État dispose d’une ferme volonté de faire réussir ce dossier.
Le projet national de développement de la Famille égyptienne est un projet de développement global. Il comprend cinq axes, à savoir : l’axe d’autonomisation économique, l’axe d’intervention de service, l’axe
d’intervention culturelle, de sensibilisation et d’éducation, l’axe de transformation numérique, en plus de l’axe d’intervention législative.
Il est à noter que le gouvernement cible ainsi l’amélioration des caractéristiques de la population et ne se contente pas de freiner la croissance démographique…
La Vision 2030 de l’Égypte est une version nationale des ODD de l’ONU… L’Égypte a déjà dépensé 400 milliards de dollars pour l’amélioration de la qualité de vie depuis 2014.
Deux enfants, c’est assez !
L’Egypte, pays le plus peuplé du monde arabe, compte désormais 102 millions d’habitants.
Aujourd’hui, un enfant naît toutes les 18 secondes. Et chaque année la population augmente de quasiment 2 millions d’habitants.
A cet effet, le Premier ministre s’est exprimé en ces termes : “La croissance de la population est le plus grand défi de l’Etat (…), elle affecte la sécurité nationale”.
L’Egypte aimerait parvenir en 2030 à 2,4 enfants par famille.
Les initiatives de « Planning Familial »
Le blanc manteau…pour le contrôle de naissance!», c’est le slogan du programme lancé par un certain nombre de gynécologues et d’obstétriciens pour faire face à l’explosion démographique considérée comme le principal frein au développement.
Les chiffres bruts ont de quoi impressionner. Le nombre de naissances d’octobre 2020 à juillet 2021, a atteint le million, avec un taux d’un enfant toutes les 24 secondes.
En coopération avec la Fédération internationale des associations d’étudiants de médecine en Égypte (IFMSA) et le Youth Peer Network « Ypeer Egypt », l’initiative consiste, en fait, à l’organisation des convois médicaux.
Ceux-ci sont chargés de sensibiliser les femmes quant aux moyens du contrôle des naissances.
Les convois se rendant dans les endroits les plus peuplés du pays »,
selon Dr Amr Hassan, professeur adjoint de gynécologie et d’infertilité à Qasr Al-Aïni et ancien rapporteur du Conseil national de la population.
Le programme sera transmis en deux axes: le premier par le biais des réseaux sociaux, « on publie, en permanence, des conseils…. On examine les problèmes de reproduction tout en répondant aux questions relatives à la santé reproductive. »
Le second: c’est d’aller sur le terrain pour communiquer directement avec la société afin de garantir la propagation rapide des objectifs de l’initiative d’une façon nette et claire.»
«On a aussi élaboré un plan visant à fournir les moyens de contrôle des naissances lors de nos tournées dans les gouvernorats », explique Dr Hassan.
Au cours des dernières années, le ministère de la Santé et de la Population a lancé plusieurs initiatives de planning familial, tels que “Votre droit à vous organiser”, qui vise à fournir des services et des moyens de planification familiale gratuits aux bénéficiaires dans les zones et les villages les plus nécessiteux grâce à un groupe de spécialistes de planning familial et des spécialistes en obstétrique et gynécologie.
Un autre projet pilote « Deux, ça suffit !», par lequel le gouvernement espère voir reculer le taux de natalité, tout en mettant en place des cliniques fixes et mobiles ainsi que des campagnes de sensibilisation.
Sur le même volet, la journaliste Rabab Yaqout a lancé une initiative visant à spécialiser un segment médiatique sur les programmes télévisés qui discutent de la crise démographique et des problèmes qui en découlent.
Il s’agit d’un programme ayant un aspect de sensibilisation, tout en passant en revue toutes les informations, et les statistiques relatives à la surpopulation qui seront émises dans un court programme qui ne dépasse pas deux minutes.
“Frapper aux portes” …
Un projet lancé par le ministère de la Solidarité sociale. Il vise à promouvoir le concept de petite famille et à corriger les conceptions sociétales erronées qui poussent la famille à procréer.
Il s’agit de savoir comment convaincre les femmes, notamment rurales, que la planification familiale est dans leur intérêt.
7 étapes pour résoudre la crise de la surpopulation
L’augmentation de la population est l’un des dossiers les plus importants qui retiennent l’attention des dirigeants politiques. L’Etat est en alerte plus d’une fois sur le danger latent ou la bombe qui menace le présent et l’avenir, malgré les réalisations qui se produisent quotidiennement. Car l’augmentation rapide et incontrôlée de la population mange vert et sec. Cela nécessite de circonscrire le problème et de l’affronter. Dans le passé, la population était de 3 ou 4 millions de citoyens vivant sur une superficie de 4 millions d’hectares pendant environ 200 ans. Mais maintenant nous sommes 100 millions vivant sur la même superficie… En mesurant le taux d’augmentation de la population, la population doublera au cours des trente ans à venir. On s’attend ensuite à ce que la population égyptienne en 2050 atteigne environ 194 millions d’âmes. Cette préoccupation s’est traduite alors sous la forme de décisions sur le terrain, à travers l’élaboration de la Stratégie de population 2030 pour faire face à ce dossier.
Ci-dessous nous passons en revue les étapes de la feuille de route selon la stratégie de sortie de crise :
1. Lancer un dialogue communautaire pour renforcer l’adhésion populaire à l’adoption de la politique nationale de la population.
2. Élaborer une politique médiatique de la population, à laquelle s’engagent les institutions médiatiques gouvernementales et non gouvernementales
3. Réviser le cadre institutionnel du programme spatial égyptien et mettre en place un mécanisme robuste de suivi et d’évaluation.
4. Activer le rôle des institutions gouvernementales et non gouvernementales pour placer le problème de la population au centre de leurs préoccupations.
5. Allouer les ressources nécessaires pour gérer efficacement les programmes et activités de la population à la lumière des économies réalisées en réduisant les taux de fécondité dans tous les domaines des services en Égypte.
6. Élaborer des objectifs quantitatifs à moyen et court terme avec un suivi périodique.
7. Tenir compte des estimations de la croissance démographique et du nombre des naissances lors de la planification des différents équipements et services dans le pays.