Dans les rues du Caire, d’Alexandrie ou d’Assiout, un vent de renouveau souffle sur le style des jeunes Égyptiens. Depuis quelques années, un mouvement inattendu gagne du terrain : la valorisation du “Made in Egypt” dans la mode. Loin d’un simple retour patriotique, il s’agit d’un véritable changement culturel, porté par une génération en quête d’identité, de créativité et de responsabilité.La jeunesse égyptienne, longtemps fascinée par les marques étrangères, tourne désormais son regard vers des créations locales qui reflètent mieux son histoire et son quotidien. Ce choix ne relève plus de la contrainte, mais du désir. Les jeunes affirment vouloir porter des vêtements qui racontent quelque chose de leur pays : motifs inspirés du patrimoine, coupes modernes influencées par la rue cairote, couleurs puisées dans le désert, le Nil ou la mer Rouge. Cette esthétique hybride, entre tradition et modernité, incarne une confiance retrouvée dans la capacité créative nationale.À cela s’ajoute un autre moteur essentiel : la prise de conscience écologique. Produire localement réduit l’empreinte carbone, encourage le recyclage et soutient des matériaux plus responsables. Beaucoup de jeunes, sensibles aux enjeux du climat, trouvent dans le “Made in Egypt” une façon concrète d’agir. Acheter un vêtement local, c’est aussi contribuer à un circuit court qui limite le gaspillage et renforce l’économie circulaire.Mais le succès du mouvement ne repose pas seulement sur des valeurs ; il s’appuie aussi sur l’énergie d’une scène créative qui n’a jamais été aussi dynamique. De nombreux ateliers, petits studios et collectifs artistiques se multiplient. Ils réinventent le vêtement comme un espace d’expression personnelle. Les réseaux sociaux jouent un rôle crucial dans cette révolution discrète : des photographes, mannequins, stylistes ou simples passionnés diffusent des images de looks inventifs qui deviennent viraux. La mode n’est plus inaccessible ; elle devient participative, collaborative, à portée de main.Le phénomène révèle également une jeunesse en quête d’autonomie économique. Soutenir le “Made in Egypt”, c’est encourager des artisans, des couturières, des designers émergents. De plus en plus de jeunes se tournent vers des formations liées à la mode, à la couture, au stylisme ou au design textile, convaincus que l’avenir peut aussi se construire dans la créativité locale.Ce boom n’est donc pas une tendance passagère. Il témoigne d’une transformation profonde dans la manière dont les jeunes perçoivent leur pays et leur place dans le monde. En s’appropriant la mode égyptienne, ils célèbrent un héritage tout en le réinventant. Ils prouvent que l’identité n’est pas figée : elle se porte, se façonne, évolue.Et si la mode “Made in Egypt” séduit autant, c’est peut-être parce qu’elle raconte cette histoire-là : celle d’une jeunesse qui refuse d’être spectatrice, qui assume son talent, qui crée son propre style. Une jeunesse qui, face aux défis du présent, choisit de se tenir debout, élégante et confiante, habillée d’un futur qui lui ressemble.





