REPORTAGE – Malgré l’incident de l’«Ever Given», ce ruban bleu reste depuis un siècle et demi le passage le plus sûr et le
plus court pour relier l’Asie à l’Europe et représente un pan immense de l’identité nationale. Dans la nuit du 16 au 17 novembre 1869, quelques heures avant
l’inauguration du canal de Suez en présence de l’impératrice Eugénie, de l’empereur François-Josephd’Autriche et de l’émir Abdel-Kader, un incident imprévu faillit bien tout gâcher.
Les travaux de déblaiement n’ayant pu être achevés à temps, une frégate égyptienne s’était échouée en travers de l’ouvrage, tout juste mis en eaux, et menaçait d’obstruer la navigation. Le khédive Ismaïl, ordonnateur des fes-
tivités, déboula en catastrophe et ordonna aux marins qui l’accompagnaient de libérer le pas-
sage par tous les moyens – y compris, si nécessaire, en faisant exploser l’embarcation.
Par bonheur, il fut possible de la remettre à flot sans en passer par cette extrémité. Le convoi inaugural, composé d’une cinquantaine de voiliers, put descendre le canal sans encombre de Port-Saïd à Ismaïlia, où il reçut un accueil triomphal.