Le cirque a été érigé en Egypte au printemps de l’année 1869, à l’époque du Khédive Ismail dans le nouveau quartier d’Esbekieh. Il peut, à bon droit, passer pour l’un des premiers cirques au monde. Les débuts du cirque en Égypte remontent à la fin du XIXe siècle. Il en est venu à inclure un large éventail de disciplines et de leurs formes d’expression. Là où des performances modernes, dépourvues de la présence d’animaux, sont des démonstrations de l’habileté humaine et de l’art du rire. Les familles Al-Helw et Akef sont ensuite apparues en 1912 dans la ville de Tanta, sous la houlette d’Ismail Akef, qui était un entraîneur de gymnastique à l’école de police. Ses prestations se basaient, dans ses spectacles qu’il représentait dans une tente, sur l’acrobatie, sans avoir recours aux animaux. Le cirque El-Helw est apparu à la suite comme le premier et le plus célèbre cirque familial arabe. Mohammed El-Helw a essayé de s’inspirer des spectacles étrangers qui ont été présentés à l’époque du Khédive Ismail. Il a donc acheté un petit éléphant à l’artiste italien Hegem, venu en Égypte pour présenter ses performances avec des éléphants et des chevaux. El-Helw a commencé à entraîner l’éléphant dans son cirque, tout en imitant donc l’Occident. A l’époque du roi Farouk, Mohammad Al-Helw et son frère Hassan ont fait recours à deux lions dans leur représentation. Les deux frères ont travaillé d’arrache-pied sur la façon de les présenter au public dans un spectacle d’animaux sauvages, ce qui était original à l’époque, tout en installant leur nouveau cirque d’Al-Helw à Abdeen au centre Caire.
Le cirque national
Un siècle plus tard, le président Gamal Abdel Nasser préside au destin de l’Égypte. Au cours d’un voyage en URSS, il est séduit par la qualité du cirque russe et souhaite s’en inspirer pour créer un cirque national égyptien. Il confie la charge de cette mission à son ministre de la culture, Abdel Qader Hatem. Celui-ci nomme à la tête du nouvel établissement subventionné par l’État, Abdel Fatah Chafiq, puis l’artiste Ahmad Sallam. Leur fonction première est, pour perfectionner et développer les programmes du cirque national, de puiser dans les talents locaux des petits cirques privés, notamment les déjà célèbres familles Al-Helw et Akef. Des voyages de formation et de perfectionnement sont organisés. Puis en janvier 1966, le Cirque national égyptien voit officiellement le jour avec 60 artistes. Un premier spectacle est programmé sous un chapiteau, sur les rives du Nil, à Agouza. Puis rapidement des tournées partent vers Alexandrie, Suez… La réputation du cirque dépasse même les frontières du pays : en 1982, il remporte une Médaille d’or au Festival du cirque de Monte-Carlo, et une Médaille d’argent à Paris, la même année. La famille El Helw est considérée comme la première génération d’entraîneurs. Ceux-ci se distinguaient par leur capacité à transformer un prédateur en un animal domestique qui exécute leurs ordres. L’histoire de la famille Al-Helw n’a pas été exempte d’accidents qui ont coûté la vie à certains d’entre eux. Comble de malheur, lors d’une représentation à la mi-octobre 1972 à El-Balloon (Corniche elNil), le directeur du cirque et dompteur de lions Mohamed Al-Helw est attaqué par son animal préféré, Sultan. Il succombera à ses blessures quatre jours plus tard… et, pour clore cette tragédie, Sultan se laissera mourir de faim.