À la fois arme politique et accélérateur des tensions, les réseaux sociaux sont devenus centraux dans le conflit israélo-palestinien. Un conflit au XXIe siècle n’a pas lieu que sur le terrain… mais aussi en ligne. Dans l’escalade des tensions qui secouent le Proche-Orient aujourd’hui, l’influence des réseaux sociaux a été déterminante. D’abord perçu comme un simple exutoire pour la créativité des ados, les réseaux sociaux s’affirment plus que jamais en tant qu’arme politique.
Par: Marwa Mourad
Sur les réseaux sociaux, les photos et vidéos de soutien se multiplient dans les deux camps. Une bataille virtuelle qui nourrit un sentiment de colère et d’insécurité. Le Hamas multiplie les publications de propagande, tandis que le gouvernement israélien dirigé par Benyamin Netanyahu enchaîne aussi les communications.
Depuis samedi dernier, la guerre se joue aussi sur les réseaux sociaux. Des civils tués, blessés, ou encore des soldats exaltés sont affichés sur les réseaux sociaux.
Des clichés des commandos de guerriers qui arrivent sur le sol israélien par les airs, en parapente. D’autres vidéos, où on voit des soldats du Hamas en joie après la capture d’un char de l’armée adverse, circulent.
Des contenus peu modérés
De l’autre côté, Israël communique aussi sur la riposte. On peut voir des soldats de Tsahal en train de s’équiper, préparant des munitions et des missiles, comme l’évoque BFM TV. Face à ce flot de contenus violents, les réseaux sociaux semblent bien à peine. La plupart des contenus n’arrivent pas à être modérés ni authentifiés, note BFM TV.
Gare aux fake news
Franceinfo s’arrête sur trois vidéos trompeuses qui circulent sur les réseaux sociaux au sujet du conflit entre Israéliens et Palestiniens depuis le samedi 7 octobre 2023.
Depuis l’attaque lancée, samedi 7 octobre, par le Hamas contre Israël, de nombreuses vidéos trompeuses circulent sur les réseaux sociaux. franceinfo s’est arrêtée sur trois d’entre elles.
Sur une première vidéo, postée le 7 octobre, on voit un homme, équipé d’un lance-roquette portatif, tirer sur deux hélicoptères militaires et les abattre. Certains utilisateurs de Facebook ou de X (anciennement Twitter) qui partagent ces images se félicitent du courage de ce combattant palestinien qui a détruit, selon eux, des hélicoptères israéliens. Sauf qu’il suffit de regarder un peu attentivement pour se rendre compte qu’il s’agit en fait d’images de synthèse. On retrouve la même séquence sur YouTube le 3 octobre. Il s’agit d’extraits du jeu de simulation de guerre Arma 3. Avec en description un avertissement explicite : “Ceci n’est pas la réalité mais une simulation”. D’ailleurs, au début de la guerre en Ukraine, des extraits de ce même jeu vidéo avaient déjà été présentées comme des images du conflit.
Sur une deuxième vidéo, qui a énormément tourné sur les réseaux sociaux, on voit cinq jeunes enfants enfermés dans ce qui ressemble à des cages pour animaux. Selon les internautes, il s’agit d’enfants israéliens pris en otage par le Hamas. Il est très compliqué de retrouver la source de cette vidéo car elle a d’abord été publiée sur TikTok puis supprimée. Ce que l’on peut dire avec certitude en revanche, c’est qu’elle est antérieure à l’attaque du Hamas. Le média de vérification de l’information israélien Fake Reporter est parvenu à faire une capture d’écran de la vidéo avant qu’elle soit supprimée de Tiktok. Sur cette capture, on peut voir qu’elle a été publiée jeudi, deux jours avant l’attaque. Fake reporter est un site sérieux suivi par des officiels et des journalistes présents en Israël.
La dernière vidéo montre une manifestation organisée à Amsterdam, en soutien, selon les internautes qui la partagent, à l’attaque du Hamas contre Israël. On voit les participants défiler avec des drapeaux palestiniens et on entend la foule scander “Intifada”, en référence aux soulèvements palestiniens contre l’état d’Israël. Mais en réalité, cette vidéo date de l’année dernière, le 15 mai 2022 exactement. Elle montre une marche organisée à Amsterdam après la mort de la journaliste américano-palestinienne Shireen Abu Akleh, tuée par balles alors qu’elle couvrait une opération militaire israélienne. En regardant la vidéo de plus près, on voit effectivement que plusieurs manifestants portent des pancartes sur lesquelles figure un portrait de Shireen Abu Akleh. Par ailleurs, on trouve facilement sur Internet des photos de cette marche du 15 mai 2022 et elles correspondent à la vidéo.