De Gianfranco Calligarich (Auteur), Laura Brignon (Traduction)
C’est un roman crépusculaire et fulgurant, un classique instantané plusieurs fois perdu et enfin retrouvé de la littérature italienne. Dérive à la fois sentimentale, existentielle et géographique, Le dernier été en ville, de Gianfranco Calligarich, est une petite bombe de perfection et de mélancolie urbaine. Attention, chef-d’œuvre.
Qui est Gianfranco Calligarich ?

Gianfranco Calligarich est né à Asmara en Erythrée. Il a grandi à Milan avant de s’installer à Rome, où il a travaillé en tant que journaliste et scénariste. Il est l’auteur de plusieurs textes de théâtre, ainsi que de divers romans. Le dernier été en ville est son premier livre traduit en français. –Ce texte fait référence à l’édition pocket_book.
Il est l’auteur d’un roman culte en Italie “Le dernier été en ville” (Gallimard). Presque 50 ans après sa première publication en Italie, il paraît en France dans une traduction de Laura Brignon, prix Fitzgerald 2021.
De quoi il s’agit ?
Rome, fin des années 1960. Leo Gazzarra, milanais d’origine, est depuis quelques années installé dans la capitale. Il vit de petits boulots pour des revues et des journaux. Viscéralement inadapté, dans un monde où il ne parvient pas à trouver sa place, il se laisse aller à des journées qui se ressemblent et à des nuits souvent alcoolisées. Leo n’en veut à personne et ne revendique rien. Le soir de ses trente ans, il rencontre Arianna, une jeune femme exubérante à la fois fragile et séductrice. Sûre de sa beauté mais incapable d’exprimer ses véritables sentiments, Arianna est évanescente. Elle apparaît et disparaît, bouleversant le quotidien mélancolique d’un homme qu’elle aurait peut-être pu sauver de sa dérive existentielle. Dans ce premier roman, paru pour la première fois en Italie en 1973, Gianfranco Calligarich évoque les cercles intellectuels et mondains de l’époque tout en dressant le portrait d’un homme qui cherche un sens à sa vie. Une histoire d’amour et de solitude, récit d’un renoncement tranquille, qui nous plonge dans une Rome solaire, magnétique.
Quel en est le but ?
C’est la fin des années 60, dans la ville éternelle. Le roman est rempli de soleil, de moments passés à lire en terrasse, les ruelles sont chaudes et ombragées. Il n’y a aucun doute, le décor rappelle « La Dolce Vita » de Fellini.
Les personnages sont baignés de poésie et de mélancolie. Tous se cherchent et vivent dans un inachèvement perpétuel. Leo Gazzara, c’est nous, lorsque nous nous sentons seul et perdu. Dans ce livre aussi poétique que cinématographique, l’éloge du farniente est omniprésent comme celui de la beauté des choses simples.
Chaque mot y est à sa place, soufflé d’une voix juste, ronde et profonde qui vient magnifier cette histoire d’une lutte sans merci entre un homme et une ville, entre les éléments et les sentiments, entre la soif et la sécheresse, entre les mots et le silence.
En refermant cet immense roman, après avoir absorbé le coup au ventre, on n’a qu’une idée, celle de le relire. Pour faire durer la magie et pour comprendre comment c’est fait.