- Une civilisation éternellement mystérieuse, en perpétuelle redécouverte
– Une fascination empreinte de mystère suivie d’une révélation saisissante avec la statue de Ramsès II
À la tête du chantier titanesque du Grand Musée Égyptien (GME) depuis 2016, le général Atef Mouftah supervise l’ensemble du projet du musée et de sa zone environnante. Il occupe également le poste de directeur adjoint de l’Autorité du Génie des Forces armées. Attentif au moindre détail, il veille personnellement à la réalisation de chaque étape de ce projet emblématique.
Dans un entretien exclusif accordé au Progrès Égyptien, il partage sa vision d’un musée pensé comme un pont entre le passé et l’avenir.
Propos recueillis par Névine Ahmed
C’est un chef-d’œuvre et un exploit titanesque selon tous les critères, a commencé par souligner le général Atef Mouftah, en mettant notamment l’accent sur l’ingéniosité du choix du lieu où détonne le GME, debout à 2 km des Pyramides de Guizeh. “Le musée se présente comme un espace narratif ouvert et interactif, où la scénographie et la mise en valeur des collections instaurent un dialogue unique entre le passé et le présent”, commence par expliquer, le responsable, en ajoutant que c’est cette “approche innovante” qui le distingue à jamais des autres musées du monde.

Une présentation repensée et une expérience immersive et inédite
Et le général Mouftah de reprendre : “Certaines pièces y sont exposées pour la toute première fois, tandis que d’autres, déjà connues, se dévoilent sous un jour nouveau grâce à une présentation entièrement repensée. Le scénario muséographique, la lumière, la photographie, la forme et la taille des vitrines, ainsi que le parcours du visiteur à travers les différents espaces, offrent une expérience immersive inédite”.
Entrer dans le GME, c’est entreprendre un voyage sensoriel et émotionnel. C’est une découverte du patrimoine pharaonique telle qu’on ne l’a jamais vécue ailleurs dans le monde.
Pour la première fois, toute la collection du roi d’or, Toutankhamon est entièrement exhibée avec 5397 pièces. “Pour la première fois, l’intégralité des trésors du pharaon d’or est exposée au public. Jusqu’à présent, seuls 1200 à 1800 objets étaient présentés simultanément. Aujourd’hui, chaque pièce trouve sa place dans une mise en scène remarquable, offrant au visiteur une expérience à la fois intime et spectaculaire”, révèle-t-il.
Une mise en scène comme un véritable rite de découverte
“J’ai toujours deux mots pour décrire la civilisation égyptienne”, confie-t-on avec fierté. “C’est une civilisation éternellement mystérieuse, en perpétuelle redécouverte. A chaque exposition, à chaque fouille, l’Egypte continue de surprendre le monde, révélant des fragments nouveaux de son histoire millénaire”, affirme le général Mouftah, qui poursuit en expliquant son idée : “Les visiteurs étrangers, tout comme les Egyptiens eux-mêmes, éprouvent depuis toujours une fascination empreinte de mystère pour cette civilisation millénaire. C’est précisément ce sentiment que le GME parvient à recréer. A mesure que l’on s’en approche, le visiteur ignore ce qui l’attend derrière les murs monumentaux. Puis vient le moment de la révélation : la majesté du lieu se dévoile soudain avec l’apparition saisissante de la colossale statue de Ramsès II dressée à l’entrée. Une mise en scène pensée comme un véritable rite de découverte, où l’émotion et la grandeur s’unissent pour faire revivre la splendeur des pharaons”.

Le général Mouftah évoque ensuite la grande galerie d’exposition, un espace monumental regroupant douze musées distincts et s’étendant sur une superficie équivalente à quatre terrains de football.
En présentant brièvement les pièces maîtresses, il souligne la présence du premier obélisque suspendu au monde, une prouesse architecturale dont la mise en valeur est particulièrement spectaculaire. Les visiteurs sont également accueillis par des cartouches gravés dans plusieurs langues, portant le mot “Bienvenue”, symbolisant l’hospitalité égyptienne. Ces inscriptions accompagnent le public à l’entrée comme à la sortie, telle une salutation éternelle au cœur du voyage pharaonique.
Le GME réserve également aux visiteurs une œuvre spectaculaire qui ne manquera pas de les émerveiller : la première barque royale de Khéops, un véritable chef-d’œuvre dont l’extraction a duré plus de 50 ans, tant l’on craignait de l’endommager lors de son transfert. Grâce au savoir-faire exceptionnel des experts égyptiens, elle a été transportée et restaurée avec une ingéniosité remarquable.

Les visiteurs peuvent également admirer la deuxième barque royale de Khéops, présentée dans un scénario vivant. Dans un tableau fascinant, ils observent le travail minutieux des artisans restaurateurs reconstituant l’embarcation, pièce par pièce, offrant ainsi une immersion unique dans les techniques et le génie des anciens constructeurs pharaoniques.
L’Egypte renforcée pour restituer ses pièces rares
Le général Mouftah poursuit : “Pendant longtemps, le monde a critiqué l’Egypte pour la modestie de ses musées et la manière dont ses collections étaient présentées. Aujourd’hui, le monde sera émerveillé en découvrant une œuvre à la hauteur de la grandeur et de la majesté de l’Egypte”. Et d’ajouter que le président Abdel Fattah Al-Sissi a travaillé sans relâche sur le dossier du Grand Musée égyptien, en le plaçant au sommet des priorités, pour offrir à l’humanité le plus grand bâtiment dédié à l’une des civilisations les plus anciennes du monde. Après une décennie d’efforts, le responsable tient également à exprimer sa gratitude envers Farouk Hosni, ancien ministre de la Culture et initiateur du projet, qui avait imaginé la création d’un musée égyptien d’une telle envergure.

“Aujourd’hui, nous disons au monde que l’Egypte est capable de réaliser l’impossible”, affirme-t-il. “Cette réussite s’inscrit également dans un dossier majeur sur lequel le pays travaille continuellement, celui de la restitution des pièces égyptiennes rares conservées à l’étranger. Le monde peut constater par lui-même que l’Egypte est désormais en mesure de préserver son patrimoine”, conclut-il, ajoutant que la position du pays s’en trouve renforcée, tant sur le plan culturel qu’international.
Bref aperçu sur le maître d’œuvre

Le général Atef Mouftah est le superviseur général du projet du Grand Musée Egyptien (GME) et de la zone environnante. Sous sa direction, le projet a pris forme grâce à une coopération étroite entre archéologues, ingénieurs et ouvriers, réunis autour d’un même objectif, celui de donner vie à un musée à la hauteur du patrimoine pharaonique. Le général Mouftah supervise l’ensemble des volets techniques et logistiques du projet, tels que le transfert d’obélisques monumentaux, la création de l’esplanade de l’obélisque suspendu, ainsi que la coordination avec les institutions locales et internationales. Soucieux d’impliquer la population, il veille aussi à employer une main-d’œuvre égyptienne, faisant du GME, non seulement un symbole culturel, mais aussi un moteur de développement national.





