L’exposition botanique Fleurs du printemps se tient actuellement au jardin historique d’Al-Ormane, à Guiza, jusqu’au 3 mai.
Elle attire à la fois les spécialistes, les simples visiteurs et les touristes.. L’exposition Fleurs du printemps offre cette chance à tous ceux qui veulent une excursion pour jouir d’une verdure florissante.
Par Nermine Khattab
Dans un pays désertique tel que l’Egypte, le “vert” est le poumon de ce pays. Se balader au beau milieu du Caire loin du tintamarre de la ville, loin de la pollution et à un prix réduit, c’est rare, mais possible. Quoique peu nombreux, le jardin d’Al Orman, avec son lieu particulier surplombant le Nil et tout près de l’Université du Caire, arrive au top des jardins publics du Caire. Il offre aux Egyptiens un bel espace de détente et d’amusement.
Lieu idéal de jeunes tourtereaux, ce parc public propose un bel ombrage aux amoureux bercés par la brise aromatisée du site et enchantés par le doux gazouillement des oiseaux. Pendant les jours fériés en particulier, ce vaste parc paysager et botanique est inondé par une marée humaine assoiffée de vert qui en apprécie vraiment la valeur surtout pendant les fêtes du printemps. Souvent encerclés d’une imposante clôture, les jardins publics en Egypte sont généralement ouverts au grand public, surtout les jeunes amoureux qui y affluent pour passer une bonne journée au milieu de la nature ensorcelante.
On peut voir sa beauté resplendir sous un soleil radieux pénétrant chaque jour, les feuillages d’arbres entrelacés. Avec une pollution croissante et une population galopante, il faut que l’Egypte pense sérieusement à renouer avec le vert. Sans un air frais et clément, le corps va s’anéantir… Le jardin d’Al-Orman, bois ou prairie en turc, est fondé en 1873 par le khédive Ismaïl pacha.
Le jardin contient, en effet, des plantes rares qui remontent à plus de cent ans. Il s’agit de la mémoire de la flore égyptienne. Il occupe une superficie de 28 feddans, avec notamment des collections de cactées et autres plantes succulentes, et un petit musée botanique abritant un herbier. A cette époque, le khédive Ismaïl y faisait planter les espèces de fruits et de plantes importées de Chypre pour répondre aux besoins des palais royaux.
Il prêtait une grande attention aux fleurs et aux arbres de toutes espèces. C’est pourquoi il avait enrichi le jardin d’Al-Orman de flore importé des quatre coins du monde. Quant à la planification botanique, elle a été effectuée par Jean-Pierre Barillet Deschamps, jardinier en chef du service des promenades et plantations de la ville de Paris. A l’entrée du jardin, vous croiserez trois zones principales : « la forêt », le haramlek et le salamlek, consacré aux réceptions. Au fil des années, les deux dernières zones font actuellement partie intégrante du campus du jardin zoologique.
En effet, le zoo faisait partie d’AlOrman jusqu’à la séparation effectuée en 1890. Depuis 1910, le jardin dépend du ministère de l’Agriculture. Il a été modifié encore une fois à la suite de la planification de l’Université de Fouad Ier en 1934. Pour ce faire, une avenue y a été percée et la zone ouest a été ajoutée au jardin zoologique. Depuis, la superficie du jardin s’est rétrécie.
Le jardin d’Al-Orman est l’un des riches jardins qui existent en Egypte, grâce à la quantité d’espèces de plantes et la rareté des autres. Il est réparti en 9 zones variées entre fleurs, plantes épineuses et juteuses, conifères rares, palmiers et autres. L’étang est alimenté par le Nil et y verse son eau usée. L’eau de l’étang est alors renouvelée au fur et à mesure. Le jardin est enrichi de l’herbier qui renferme des spécimens secs de toutes les plantes qui poussent en Egypte ou qui viennent d’autres pays. Raison pour laquelle le jardin est considéré comme une référence scientifique pour les étudiants en agronomie, en médecine, en pharmacie, en botanique, en urbanisme et en architecture.
Le jardin organise annuellement une exposition florale où sont présentées non seulement les différentes espèces de fleurs multicolores, mais aussi les nouvelles espèces acquises récemment par le jardin. Inaugurée le 18 mars dans le jardin historique d’Al-Ormane, situé à proximité de l’Université du Caire, l’exposition s’étale sur 28 000 m2. «Soit 25 m2 de plus que l’année dernière », explique le botaniste Sayed Khalifa, chef du secteur de l’orientation culturelle au ministère de l’Agriculture. Selon lui, le nombre d’entreprises participantes dépasse les 150, représentant une diversité considérable d’espèces de plantes, d’arbres rares, de plantes d’ombre, de décoration, de fleurs, d’une variété de cactus.
L’exposition s’ouvre sur un cercle, plein de pots de fleurs roses étalés sur 3 degrés. L’endroit favori des visiteurs fans de selfies. L’exposition se compose de plusieurs pavillons. Certains vendent des plantes et des arbres décoratifs. On expose aussi le mobilier d’extérieur comme les chaises et tables en bambou, en bois et en plastique, des balançoires et des fontaines en forme de volailles et d’animaux. Le visiteur y trouve encore des lanternes qui conviennent à la verdure de plein air.
Le visiteur rencontre les fleurs de toutes les couleurs, blanche, rouge, jaune, rose, bleue de tous les degrés. Certaines espèces sont bicolores, blanches ou rose avec du marine, ou encore jaunes avec des taches marron, donnant l’impression d’un visage souriant, d’autres violet ou rouge avec des lignes blanches. Les fleurs de certaines espèces de cactus attirent beaucoup de visiteurs.
Chaque pavillon tente de rivaliser avec les autres pour attirer le plus de visiteurs. L’un est entouré d’arbres, avec au centre des jardinières plus petites, qui ont pris plusieurs formes : rectangulaire, ovale, avec des pots fleuris aménagés en croissant. Les fleurs de certains pavillons sont composées en rangs insérés de lanternes. Même les pavillons de la culture des légumes ont respecté la composition florale. Beaucoup de visiteurs se baladent à la recherche de cette culture. L’exposition offre aux endroits fermés des plantes et des fleurs d’ombre pour ceux qui aiment l’ornement végétal.
Les botanistes se servent alors des bouteilles d’eau, des jarres ou des vases, ou encore des boîtes de tourtes et de sucreries comme des pots, afin de cultiver les plantes d’ombre. Autant d’astuces pour inciter les visiteurs à les acheter. Des manguiers, goyaviers, bananiers … Tous les arbres fruitiers sont aussi disponibles sans exception. Il ne faut pas encore oublier les pots de menthe, basilic, romarin, thé vert, marjolaine, camomille … qui y sont fréquemment rencontrés et dont les prix sont très abordables. Ce qui encourage les visiteurs à acheter en grandes quantités.
Cette exposition est, en fait, une bonne occasion pour les écoles et les instituts agricoles de présenter leurs productions. Am Gomaa et Am Salah, jardiniers de deux écoles, sont fiers d’être parmi les participants. Ils cultivent, arrosent et prennent soin de leurs plantes toute l’année pour les y exposer. « Nos produits attirent un nombre considérable de clients cette année », assurent les jardiniers.
D’ailleurs, les visiteurs achètent les productions du ministère de l’Agriculture et ses centres de recherche comme le miel, les huiles d’olive et de noix de coco, ainsi que les graines. « Difficile de trouver ailleurs ces produits de bonne qualité et à bon marché comme ici », commente le jeune Amir. Étudiant à la faculté de droit, Amir visite l’exposition pour la troisième année. Pour lui, l’exposition est un lieu de divertissement et de jouissance par excellence, mais aussi pour contempler la verdure et la beauté.