Dans toutes les cultures du monde, le jeûne a toujours été perçu comme un moyen de purifier le corps et l’esprit. Pour les Grecs anciens comme Socrate, Platon et Pythagore, jeûner était jugé essentiel pour mieux percevoir la vérité, tandis que pour les adeptes des religions juive, chrétienne et musulmane ou encore dans le bouddhisme, le jeûne sert à se rapprocher de Dieu.Plusieurs études réalisées au cours des dernières années indiquent que le jeûne provoque tout de même des effets spectaculaires sur plusieurs aspects du métabolisme.
Par Ingi Amr
Des chercheurs d’une équipe de l’Université de Californie du sud (USC) affirment avoir trouvé le moyen de contraindre le corps humain à se régénérer. Une découverte annoncée comme «capitale». Jeûner pendant 72 heures permet de reconstruire l’ensemble du système immunitaire même chez les personnes âgées ou gravement malades telle est la conclusion de cette nouvelle étude scientifique.
Priver le corps de nourriture pendant trois jours contraindrait ensuite la moelle osseuse à produire de grandes quantités de globules blancs qui combattent les infections. Cette découverte peut être particulièrement utile aux malades dont le système immunitaire a été affaibli, par exemple les cancéreux traités par des chimiothérapies.
Selon les chercheurs d’USC, jeûner lance un processus de régénération. «Cela donne le feu vert à la moelle osseuse pour reconstruire l’ensemble du système immunitaire» explique Valter Longo, professeur de gérontologie et de biologie à l’Université de Californie du sud. «Et la bonne nouvelle est que le corps se débarrasse des parties du système immunitaire abîmées ou âgées et inefficaces, pendant le jeun. Et si vous partez d’un système fortement endommagé par une chimiothérapie ou le vieillissement, les cycles de jeûne peuvent permettre de créer, littéralement, un nouveau système immunitaire».
Les jeûnes prolongés contraignent en fait le corps à consommer ces réserves de glucoses et de graisses mais aussi détruisent une proportion importante des globules blancs. «Quand vous vous privez de nourriture, le corps essaye d’économiser l’énergie dépensée et pour cela recycle un grand nombre de cellules du système immunitaire qui ne sont pas indispensables, notamment celles qui sont abimées». Ainsi, pendant le jeûne, le nombre de globules blancs baisse fortement et augmente rapidement quand la personne s’alimente à nouveau. Le jeûne a aussi un autre effet bénéfique, il réduit la présence dans le corps de l’enzyme PKA qui est liée au vieillissement et qui augmente les risques de cancer et de croissance des tumeurs.
«Il n’y a pas de preuve que jeûner soit dangereux mais il y a de grandes preuves que ce soit bénéfique», résume Valter Longo.
Le jeûne, un outil de prévention contre le coronavirus ?
Le jeûne stimule l’autophagie, un processus de nettoyage cellulaire important pour l’immunité innée et acquise. Cela est important dans le cadre de la pandémie de COVID-19. Une des manières de se protéger des infections est de prendre soin de son immunité.
Le jeûne intermittent consiste à alterner des périodes d’alimentation normale et des périodes de jeûne, ou de réduction importante des apports alimentaires. Le jeûne intermittent possède de nombreux bénéfices pour la santé notamment du point de vue immunitaire.
Dans un article paru dans la revue Immunology Letters, des chercheurs de plusieurs universités asiatiques expliquent pourquoi le jeûne intermittent pourrait constituer une stratégie intéressante pour lutter contre le SARS-CoV-2, indique le site lanutrition.fr.
Le principal intérêt du jeûne pointé par les chercheurs, c’est qu’il activel’autophagie, un processus de nettoyage cellulaire. L’autophagie est un processus important pour l’immunité innée et acquise. Elle permet, par exemple, la présentation des antigènes à la surface des cellules, lorsque celles-ci sont infectées par des virus. L’autophagie favorise donc la sélection et la différenciation des lymphocytes, la libération d’anticorps et la réponse immunitaire médiée par les lymphocytes T.
Si l’autophagie est inhibée, les virus sont plus virulents et se répliquent mieux dans les cellules. C’est pourquoi certains virus inhibent l’autophagie des cellules afin de favoriser leur réplication. Une étude récente a ainsi montré que le virus SARS-CoV-2 bloque l’autophagie. Le jeûne intermittent favorise donc l’immunité grâce à l’autophagie. Pour les auteurs, « compte tenu des rôles régulateurs du jeûne sur l’autophagie et l’immunité, nous prévoyons qu’il pourrait devenir une stratégie préventive possible contre COVID-19 »
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