L’islam honore profondément l’être humain en lui reconnaissant la capacité de choisir, de réfléchir et d’assumer les conséquences de ses actes. Cette liberté morale, que l’on appelle libre arbitre (ikhtiyâr), est étroitement liée à la responsabilité individuelle (mas’ûliyya), notion centrale dans le Coran. Chaque être humain est ainsi perçu comme un être moralement libre, responsable de son destin et redevable devant Dieu.
L’homme, dépositaire du choix
Le Coran affirme que Dieu a confié à l’homme une mission unique, différente de celle des autres créatures. Il lui a accordé la raison, la conscience et le choix, ce qui fonde sa responsabilité :
« Nous avons proposé le dépôt (al-amâna) aux cieux, à la terre et aux montagnes ; ils ont refusé de s’en charger, et en ont eu peur. L’homme s’en est chargé, car il est très injuste [envers lui-même], très ignorant. »
— Sourate Al-Ahzab (33), verset 72
Ce verset montre que l’homme a accepté ce « dépôt » : la liberté de choisir entre le bien et le mal, avec ses conséquences.
La liberté du bien comme du mal
L’islam enseigne que Dieu guide l’humanité par la révélation, mais Il ne contraint personne. Le Coran rappelle que la foi doit venir du cœur et être librement choisie :
« Nulle contrainte en religion ! Car le bon chemin s’est distingué de l’égarement. »
— Sourate Al-Baqara (2), verset 256
Ainsi, chaque être humain est laissé libre de croire ou non, d’agir avec bien ou mal, mais cette liberté n’est jamais sans conséquence.
La responsabilité personnelle, clé de la justice divine
Dans la logique coranique, chacun sera jugé en fonction de ses intentions et de ses actes. Il ne sera imputé à personne les fautes d’un autre :
« Nul ne portera le fardeau d’un autre. Et l’homme ne recevra que le fruit de ses efforts. »
— Sourate An-Najm (53), versets 38-39
Et encore :
« Quiconque fait un bien fût-ce du poids d’un atome, le verra, et quiconque fait un mal fût-ce du poids d’un atome, le verra. »
— Sourate Az-Zalzala (99), versets 7-8
Cette responsabilité personnelle pousse chaque croyant à l’introspection, à la vigilance éthique et à la recherche du bien.
Le choix, source de noblesse
Le libre arbitre est aussi ce qui permet à l’homme de se dépasser, de devenir vertueux par son propre choix, et non par contrainte. Ce choix, Dieu l’encourage, mais ne l’impose pas :
« Dis : “La vérité émane de votre Seigneur.” Quiconque le veut, qu’il croie, et quiconque le veut, qu’il mécroie. »
— Sourate Al-Kahf (18), verset 29
Dieu ne juge pas uniquement les actes, mais aussi les intentions. C’est cette capacité à choisir en conscience qui fait la grandeur de l’être humain dans l’islam.
Dans la tradition islamique, le libre arbitre est un don sacré, qui fonde la responsabilité morale de chacun. L’homme est appelé à choisir le bien, non par obligation, mais par engagement personnel. Et c’est ce qui lui donne toute sa dignité aux yeux de Dieu. Dans une époque où les notions de responsabilité et de conscience sont souvent diluées, le message du Coran vient rappeler que la liberté sans responsabilité est vide de sens — et que la véritable liberté est celle qui s’accompagne de lucidité, de justice et de foi.