En baisse depuis le début de l’année de part et d’autre de l’Atlantique, les marchés financiers vivent à l’heure de la guerre en Ukraine et de la hausse des taux d’intérêt. Dans ce contexte, Philippe Trainar décrypte l’impact sur les primes de risque Depuis le point bas de début mars 2009 jusqu’au point haut de début janvier 2022, la valeur des actions a augmenté de 143% en Europe (indice Eurostoxx 50) et de 608% aux Etats-Unis (indice S&P 500). Depuis lors, la valeur des actions a baissé de 17% en Europe et de 19% aux EtatsUnis. La théorie économique nous enseigne que la valeur d’une action est égale à la valeur actualisée de ses dividendes anticipés (formule dite de Gordon-Shapiro). Elle augmente quand le marché anticipe des dividendes futurs plus élevés, quand le taux d’intérêt sans risque baisse et quand la prime de risque, qui dépend à la fois des incertitudes de l’heure et de l’aversion au risque du marché, baisse.
Quand on examine la baisse de la valeur des actions depuis le début de l’année à la lumière de ces enseignements de la théorie économique, il en ressort que cette baisse est relativement modérée et que trois sources d’incertitudes importantes qui pourraient à terme justifier une correction beaucoup plus forte de la valorisation des actions voire un crash du marché des actions. Deux de ces facteurs sont bien connus des lecteurs de Boursorama. Nous ne les citerons donc que pour mémoire. La baisse des actions est en effet exclusivement corrélée à la hausse des taux d’intérêt, et plus particulièrement à la hausse de sa composante réelle.
La composante purement nominale, qui reflète les anticipations d’inflation, n’a guère varié au cours de la période et suppose une parfaite crédibilité des banques centrales quand l’inflation effective continue à déraper au-delà de leurs prévisions. Quant à la hausse de la composante réelle, elle est restée modeste, de l’ordre de 0,7 à 0,9 point pour les taux à 30 ans, les marchés faisant le pari que les banques centrales réussiront à maîtriser l’inflation avec des taux d’intérêt réels négatifs ou faiblement positifs… une gageure.
Le troisième facteur est moins familier. Il s’agit de la composante prime de risque du rendement des actions. Celleci a eu tendance à baisser depuis le début de l’année et à contrecarrer, au moins partiellement, les effets de la hausse des taux d’intérêt. Cette baisse de la prime de risque est doublement inattendue.