Par: Nermine Khattab
« Les monuments : De Guiza à Tahrir » est le titre de l’exposition temporaire organisée pour célébrer le 121e anniversaire du Musée égyptien de Tahrir.
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L’exposition comprend les schémas et les cartes géométriques du musée signés par l’architecte Marcel Dourgnon, les documents originaux des plans du travail au sein du musée et le transfert des monuments de Guiza à Tahrir. L’exposition présente également un groupe d’outils et d’instruments ayant été utilisés au cours du transfert, ainsi que des outils utilisés lors de la pose de la première pierre du musée pendant la célébration. Le Musée de Tahrir organise également une série de conférences sous le thème « L’histoire du Musée égyptien », en plus de tournées pédagogiques destinées aux apprenants de différents cycles scolaires.
La célébration a été aussi faite sur la page Facebook du musée où une vidéo de 3,23 minutes raconte plus de 150 années d’histoire du musée.
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Un peu d’histoires
Le Musée Egyptien du Caire, situé à la place emblématique de Tahrir dans le centre-ville, est le plus grand musée du monde consacré entièrement à l’antiquité égyptienne. Dans son imposant bâtiment ocre-jaune, il abrite des collections exceptionnelles de plus de 160 000 pièces issues des sites de fouilles de tous les coins de l’Egypte. Des collections tellement riches qu’elles représentent tous les aspects de l’art égyptien sur plus de 3000 ans : statues et statuettes, momies, vases, objets sacrés, bas-reliefs, bijoux, stèles, figurines et bien d’autres. Ces collections sont réparties dans une centaine de salles sur deux niveaux de ce musée. Le premier niveau comprend une collection riche en statues, stèles, sarcophages, etc. Les pièces sont classées par ordre chronologique ; Période Prédynastique, Ancien Empire, Nouvel Empire et Basse Époque, couvrant plus de 30 siècles, ce qui permet de suivre l’histoire de l’art égyptien dans tous ses stades et en avoir une bonne vision d’ensemble. Le 2ème niveau est plus hétéroclite. Organisé par thème, il présente divers objets de collection : des ostracons et papyrus, des sarcophages, des bijoux, etc. On y trouve également une salle dédiée aux somptueux bijoux découverts dans les tombes royales de Tanis, dans le delta du Nil.
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L’origine de l’idée de création de ce musée remonte à l’année 1829, lorsque Jean François Champollion remet une note à Mohamed Ali, souverain d’Egypte de 1805 à 1848, concernant la conservation des monuments égyptiens. Il conseille alors au souverain de créer un endroit pour rassembler et conserver toutes les trouvailles des fouilles archéologiques dans son pays. C’est seulement six ans après les recommandations de Champollion, en 1835, que Mohamed Ali décide de les mettre en exécution. Par un décret gouvernemental, Mohamed Ali interdit l’exportation d’objets d’antiquité et réclame un lieu dans la capitale égyptienne pour entreposer les objets trouvés grâce aux fouilles. Il met alors en place un service des antiquités. Cette nouvelle administration du service des antiquités est chargée d’arrêter et d’endiguer le pillage des sites archéologiques. A cet effet, le service des antiquités rassemble des archéologues de plusieurs nationalités, mais reste dirigé jusqu’ à 1951 par des archéologues français. C’est d’abord par son fondateur, le très célèbre archéologue Auguste Mariette, puis par Gaston Maspero, Jacques de Morgan ou encore Pierre Lacau.
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Les merveilles trouvées lors des fouillées dans le sol de la Vallée du Nil sont en premier lieu entreposées dans les jardins d’Ezbékia au centre du Caire, puis transférées dans une section de la citadelle médiévale de Saladin sur le mont de Moqattam à l’est du Caire. En 1857, Auguste Mariette est nommé directeur du service des antiquités égyptiennes par le Khédive Saïd Pacha, souverain de l’Égypte de 1854 à 1863. Dès l’année suivante, il commence à construire un musée dans le quartier de Boulaq, en plein cœur du Caire et au bord du Nil. Plus tard, face aux risques d’inondations périodiques du Nil, les pièces sont transférées en 1890 à Gizeh sur la rive gauche du Nil, dans une annexe du palais d’Ismaël Pacha, ancien souverain d’Egypte qui a régné de 1863 à 1879.
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Le style architectural du bâtiment du Musée Egyptien du Caire est de type néoclassique. Il est forcément un symbole occidental car ce sont les occidentaux qui ont pensé ce principe mais on y voit aussi une réelle inspiration de l’architecture égyptienne. Il ne faut pas oublier que l’architecture néoclassique est plus proche des codes grecs orientaux qu’occidentaux. Les inscriptions sur la façade sont en latin. Marcel Dourgnon, l’architecte du bâtiment, prévoit d’ailleurs dans ses plans de graver ces inscriptions en français. Mais vu la rivalité entre la France et les Britanniques dans le domaine de l’archéologie en Egypte, proposer d’écrire en latin sur la façade devient alors un élément d’apaisement de rivalité, une sorte de compromis, mais bizarrement l’arabe n’a même pas été évoqué !
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Les beaux jardins du Musée Egyptien du Caire sont jonchés de statues monumentales et agrémentés d’un bassin planté de papyrus, une plante largement exploitée en Egypte antique pour écrire sur des parchemins fabriqués de cette plante sacrée. A l’ouest de ces jardins, un homme de bronze coiffé d’un tarbouche (couvre-chef traditionnel de dignitaires égyptiens de l’époque) veille sur son mausolée. Il s’agit d’Auguste Mariette à qui la protection patrimoniale des antiquités égyptiennes doit beaucoup. En reconnaissance à ses efforts, il reçut du gouvernement égyptien le titre de Pacha, un titre honorifique attribué aux personnes éminentes à l’époque. A la mort d’Auguste Mariette, sa dépouille n’a pas été rapatriée en France, mais a été inhumée en Egypte, dans les jardins du palais de Gizeh. Elle a été plus tard transférée dans les jardins de ce musée en 1904, deux ans après son inauguration. La tombe de Mariette abrite une statue à son effigie réalisée par le sculpteur Denys Puech et un piédestal dessiné par Edouard Mariette, frère d’Auguste Mariette. Ce tombeau est entouré de bustes de célèbres archéologues qui ont été directeurs successifs de ce musée depuis sa création. Ils sont tous de français. Il faut attendre 1951 pour que ce cercle de bustes intègre celui d’un égyptien en l’occurrence, l’archéologue Ahmed Kamal.
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En 2005, on a installé dans les caves du musée un laboratoire d’ADN afin de percer le secret de près des 200 momies qui se trouvent au musée. La momie de l’homme inconnu E, également connue sous l’appellation de la momie hurlante, a pu être attribuée avec une certaine probabilité au prince Pentaour, fils de Ramsès 3, un des coupables reconnus dans l’assassinat de son père-rois. Il a été condamné à mourir incendié, c’est pour cela que la momie a la bouche grande ouverte.
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