Se promener dans les couloirs du Musée Égyptien au Caire (Place Tahrir, centre-ville) est comparable à un voyage à travers des mondes profondément enracinés dans l’Antiquité. Le musée, qui a célébré samedi le 123ᵉ anniversaire de son ouverture le 15 novembre 1902, est devenu un monument historique à part entière, abritant des pièces archéologiques, des collections de statues, d’outils et de momies datant de l’époque prédynastique de l’Égypte ancienne. Il a été visité par des millions de touristes venus du monde entier, selon un communiqué du musée.

« Le musée abrite actuellement près de 120 000 pièces uniques, couvrant la plupart des périodes de la civilisation égyptienne ancienne. Parmi ces collections se distinguent le trésor en argent de Chéchonq Ier, les trésors des tombes de Tanis, la collection de la tombe de Youya et Tyouya, les objets de Tell el-Amarna, ainsi que de nombreuses autres collections uniques et importantes, faisant du musée une référence mondiale inégalée pour l’histoire ancienne », précise le communiqué du musée.
Récemment, le ministère du Tourisme et des Antiquités a veillé à apporter son soutien total au développement du Musée Égyptien de Tahrir, à travers un projet global visant à renforcer sa position en tant que centre de rayonnement culturel et de recherche scientifique à l’échelle mondiale, en tant que « gardien de la mémoire de la civilisation égyptienne qui s’étend sur sept mille ans », selon le communiqué.
À l’occasion du 123ᵉ anniversaire de son ouverture, le musée a publié une vidéo documentaire sur le bâtiment historique et les pièces qu’il abrite, retraçant des milliers d’années de civilisation. Elle a également mis en avant plusieurs pièces et collections rares, dont six statues sur les onze statues osiriennes en grès attribuées au roi Toutankhamon, actuellement exposées dans la salle de Tell el-Amarna.
L’archéologue égyptien Dr Hussein Abdel Bassir, directeur du Musée des Antiquités à la Bibliothèque d’Alexandrie, a considéré que « la célébration du 123ᵉ anniversaire du Musée Égyptien de Tahrir confirme l’importance de ce monument mondial, en tant que plus ancien musée dédié aux antiquités égyptiennes au monde et un pilier essentiel de l’histoire de l’égyptologie ».
Il a souligné l’importance que le Musée Égyptien de Tahrir reste un musée exposant les chefs-d’œuvre de l’art égyptien ancien et qu’il conserve son identité unique acquise au fil d’un siècle.
Il a ajouté que la mise à jour régulière des expositions est essentielle pour garantir la vitalité du musée et mettre en valeur les nombreux trésors conservés dans ses réserves, affirmant que « renouveler les expositions de temps à autre offre aux visiteurs une expérience renouvelée et transforme le musée en une institution vivante, et non en simple bâtiment historique ».
Selon le communiqué du musée, ces statues se dressaient initialement devant les statues du Sphinx à tête de bélier, qui s’alignaient de part et d’autre de la voie s’étendant du dixième pylône du temple de Karnak à Louxor jusqu’au sanctuaire du temple de Mout à proximité. L’objectif de ces statues était de montrer le respect du roi envers le dieu Osiris et de solliciter sa protection.
Des centaines de statues en pierre et des milliers de petites statues en bronze ont été découvertes, dont un petit nombre représentant le jeune roi Toutankhamon, cachées pendant près de trois mille ans dans une cachette de la salle du septième pylône du temple de Karnak.
Le musée abrite de nombreuses pièces racontant l’histoire de la civilisation égyptienne, offrant aux visiteurs une immersion unique dans le passé.

Pour l’expert touristique et spécialiste en égyptologie Bassam Al Chamaa, « célébrer l’anniversaire du Musée Égyptien de Tahrir renforce la place de ce monument historique ». Il ajoute : « Avec l’enthousiasme suscité par l’ouverture récente du Grand Musée Égyptien, certains craignaient que le Musée Égyptien de Tahrir soit négligé. En réalité, c’est le contraire qui se produit : un plan de développement est en place, avec un scénario d’exposition varié et très raffiné ».
Bassem Al Chamaa décrit le Musée Égyptien de Tahrir comme le grand-père des musées égyptiens, et souligne que « le renouvellement constant des expositions facilite la visite et la compréhension des histoires derrière chaque pièce, tout en présentant des collections extrêmement rares et précieuses ».
…Et inscrit sur la liste indicative du patrimoine mondial de l’UNESCO
Le Comité du patrimoine mondial de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) a inscrit le Musée Égyptien du Caire sur la liste indicative des sites du patrimoine mondial, suite au dépôt de son dossier par le ministère du Tourisme et des Antiquités en février 2021. Cet enregistrement repose sur les critères IV et VI pour l’inscription des sites du patrimoine mondial.

Le critère IV souligne la valeur architecturale du musée, dont le design innovant, conçu par l’architecte français Marcel Dourgnon, lauréat du concours de 1895, constitue un modèle original et une référence pour la conception des musées à l’échelle mondiale.
Le critère VI met en avant son importance en tant que premier édifice muséal construit spécifiquement pour l’exposition de collections au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, et comme berceau de l’égyptologie grâce à l’ampleur et à la valeur de ses collections archéologiques. Il représente également un symbole mondial de l’évolution des musées égyptiens au XXᵉ siècle, et continue d’inspirer de grandes collections dans des villes comme Turin, Paris et Berlin.
Le Musée Égyptien de Tahrir est considéré comme un monument historique et touristique majeur du Caire, il est le plus ancien musée archéologique du Moyen-Orient.





