Mohamed Abla est un plasticien au goût particulier. Il a été récemment décoré par l’Allemagne pour son art singulier, ce qui lui a valu le prix Goethe. Dans son entretien au Progrès Egyptien, Abla a dit : « Je suis le premier arabe à avoir obtenu ce prix, j’en suis honoré et je suis ravi que ce premier pas va certes permettre aux artistes arabes de m’em boîter le pas ». Et de renchérir : « La scène artistique arabe est riche par ses artistes ». De retour en Egypte, Mohamed Abla a repris son activité artistique qui fait battre le cœur de ses amateurs. Il a tenu la semaine dernière son exposition « Sisyphe » à l’Institut Goethe à la place Tahrir. Une exposition où l’artiste a revisité le mythe d’après sa propre perspective et vision.
A cet égard, Abla a assuré au Progrès Egyptien : « Le mythe de Sisyphe est une cristallisation de la philosophie de l’absurde. Sisyphe a été condamné par les dieux de pousser un rocher jusqu’au sommet de la montagne et à peine y arrive-t-il qu’il se revoit obliger de reprendre le chemin. Beaucoup de philosophes y voient une forme de cristallisation de l’absurdité de la vie. Je l’ai vu différemment : pour moi Sisyphe est cet être qui continue malgré les difficultés, les conditions et les obstacles à faire de son mieux au quotidien pour réussir.
A chaque fois qu’il se voit condamné à reprendre le même chemin, à répéter les mêmes pas, il ne désespère et a le courage de le faire. Je crois qu’à force de refaire les mêmes efforts, un jour, le chemin finit par s’ouvrir, et la voie par se frayer. Je vois en Sisyphe moi-même l’artiste Mohamed Abla qui a toujours connu des obstacles, mais qui ne s’est jamais lassé d’essayer et de faire de son mieux. Mon chemin n’était pas pavé de roses, mais je n’ai jamais jeté l’éponge. Au début, mon père n’a pas voulu accepter que je fasse des études à la Faculté des Beaux-Arts. Pendant les années d’études, j’ai dû assumer ma propre responsabilité et travailler.
Ensuite, j’ai fait des déplacements entre plusieurs pays du monde, à chaque fois, il y avait des difficultés et des obstacles. Mais, je n’ai jamais capitulé. J’ai toujours fait mon travail. Et, finalement, je suis parvenu. Le mythe de Sisyphe n’est pas un sort éternel, le cycle est réversible, quelque chose peut finir par changer ». Il a expliqué : « Les tableaux qui y sont exposées représentent différents jalons de mon parcours artistique, ainsi que des publications de critiques au sujet de mes œuvres et de mon art ». Au sujet de la scène artistique, Abla a dit : « La scène de l’art plastique est très riche.
Aujourd’hui, il y a plusieurs artistes qui représentent différents courants artistiques et d’ailleurs, je dois dire que la jeunesse de nos jours a beaucoup de chance d’autant plus qu’il est possible de présenter leurs œuvres dans plusieurs galeries. La qualité viendra avec le temps, tant qu’il y a autant de portes ouvertes qui facilitent aux artistes la possibilité d’exposer leur art ». Il a également assuré que le fait que les Facultés des Beaux-Arts se propagent et se multiplient en Egypte permet d’encourager l’art en général et les artistes sont de plus en plus guidés pour avancer à pas fermes sur leur voie.
Abla a assuré qu’il n’a pas un courant particulier ou un artiste particulier qu’il cherche à reprendre dans ses œuvres mais qu’il a toujours aimé de devenir comme Ghandi, voire une personnalité capable de défendre ses idées peu importe les difficultés. Inspiré par les oasis, Louxor, Assouan et Siwa, il a indiqué que l’Egypte est sa plus grande muse.