Nul n’aurait pu deviner que les vestiges rouillés d’un navire abandonné, rejetés jadis par les flots sur les sables du rivage d’Al-Ariche, deviendraient un jour l’un des joyaux les plus emblématiques et les plus envoûtants du Nord-Sinaï. Et pourtant, c’est précisément ce qu’il advint sur ce qu’on appelle désormais “La plage du navire”, là où les jeunes de cette ville côtière, portée par l’amour et le sentiment d’appartenance, ont réussi à écrire une nouvelle page de cette côte oubliée.”La Plage du navire”, et dans une autre histoire “Le Navire du silence”, s’étend alors tout le long des rives de la Méditerranée à Al-Ariche. Cette plage tire donc son nom “d’un squelette d’acier”, comme le décrit un des habitants locaux, celui d’un navire échoué depuis de très longues années – personne n’en connaît le nombre – et dont la carcasse s’est enfoncée dans le sable à quelques mètres de la côte. Le navire semble aujourd’hui surgir de la terre, enchâssée dans les flots, comme une plante de fer qui éclose entre mer et ciel !Aucune pancarte, nul panneau n’en indique la présence… pourtant, sa renommée est née des murmures partagés entre habitants, et des clichés capturés par des passionnés de photographie, qui ont essaimé sur les réseaux sociaux comme une traînée de poudre.Au cœur des vagues paisibles et sous l’infini du ciel marin, les restes du navire se dressent encore, défiant les morsures du vent et du sel. Recouverte d’algues et de rouille, la coque dudit navire semble garder un souffle ancien. Une solennité étrange qui impose silence et admiration.Au fil des années, quelques jeunes bénévoles ont offert à ce lieu un peu de vie. Ils ont gravi la structure corrodée et ont ainsi hissé fièrement le drapeau de l’Egypte. Et dès lors, ça flotte face à l’horizon, vibrant sous la brise marine dans une scène saisissante, qui mêle grandeur, mémoire et patriotisme. Ainsi, la carcasse du navire s’est muée en symbole, bien plus qu’une simple épave oubliée.Aujourd’hui, les visiteurs affluent pour voir ce tableau singulier. Ils viennent prendre des photos pour le drapeau flottant, toucher la proue du navire figée dans le sable, et surtout contempler le coucher du soleil, lorsque les derniers rayons embrasent la carcasse de reflets dorés.Certains osent grimper jusqu’à ses hauteurs, d’autres préfèrent l’admirer depuis la rive, les pieds dans l’eau, le regard perdu. Les enfants, quant à eux, la contemplent bouche bée, comme s’ils se trouvaient face à une légende des mers, surgie d’un vieux grimoire !