
Dans un pays désertique tel que l’Egypte, les jardins en sont les véritables poumons. Les habitants de cette terre « noire », fertile grâce au limon du Nil, tentent de donner des couleurs plus vives et une atmosphère de fraîcheur à leur environnement quotidien en enjolivant celui-ci par des jardins verdoyants. Quoique peu nombreux, ils offrent aux Egyptiens un bel espace de détente et d’amusement. Le parc d’Al-Azhar en est un exemple palpitant.
Par : Hanaa Khachaba
Lieu idéal de jeunes tourtereaux, le parc public offre un bel ombrage aux amoureux bercés par la brise aromatisée du site et enchantés par le doux gazouillement des oiseaux. Pendant les jours fériés en particulier, ce vaste parc paysager et botanique est submergé par une marée humaine assoiffée de vert, pour se mettre à l’abri du soleil et se purifier les poumons de la pollution.

Ce poumon de verdure nous rappelle véritablement les anciens égyptiens qui sont les premiers à construire des terrasses. Ils mettaient au point un système d’irrigation avec des canaux convergeant vers un bassin central. C’était l’élément essentiel du jardin autour duquel s’organisaient les cultures.
Au milieu d’une région archéologique des plus célèbres du monde, le jardin d’Al-Azhar se situe à la limite-est du Caire ayyoubide, bordé à l’est par les cimetières des Mamelouks et la colline de Moqattam, à l’ouest par le mur historique du Caire construit par Saladin, au nord par la mosquée d’Al-Azhar, et au sud par la citadelle de Saladin et la mosquée de Muhammad Ali.
Le parc représente la plus grande superficie verte en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, conçu dans le style des jardins fatimides, et s’étend sous le flanc de la plupart des quartiers de la capitale égyptienne. Il offre une vue panoramique sur Le Caire fatimide et Le Caire moderne construit par le khédive Ismaïl.

L’idée de créer le jardin remonte à 1984, lorsque la Fondation Aga Khan, basée à Genève, a organisé une conférence au Caire sur l’expansion des villes et comment gérer la croissance urbaine de la ville du Caire. Une des études présentées lors de la conférence a souligné la faible part de l’espace vert par habitant au Caire par rapport aux moyennes mondiales. En conséquence, la Fondation Aga Khan a organisé, dans le cadre d’un programme de soutien aux capitales historiques, le financement de la création d’un jardin pour les habitants du Caire.
Le choix du site au cœur du vieux Caire a été fait pour plusieurs raisons, la plus importante étant sa vaste superficie de 80 feddans, son élévation par rapport au niveau de la ville et sa proximité du Caire historique, ce qui constitue une partie du développement du Caire historique.

Les travaux de création du jardin ont commencé en 1997, avec l’élimination de 2000 mètres cubes de débris et de déchets. Lors des travaux d’évacuation des déchets et de préparation, de nombreuses découvertes majeures ont été faites, notamment la découverte d’une partie du mur de la ville ayyoubide datant du XIIe siècle sous le règne de Saladin, ainsi que la découverte de pierres précieuses portant des inscriptions hiéroglyphiques. Ces pierres anciennes, dont certaines mesurent jusqu’à 1 mètre, ont été utilisées pour construire le mur de Saladin entre 1171 et 1250.

Pour révéler le mur enfoui au fil du temps, il a fallu creuser jusqu’à 15 mètres de profondeur, ce qui a permis de faire apparaître une accumulation de murs, de tours et de balustrades, ainsi que deux portes qui ont été ouvertes pour relier le jardin à la zone de Darb Al-Ahmar. La réalisation du projet a duré 7 ans et coûté plus de 100 millions de livres égyptiennes.
Ce véritable trésor de verdure et de sérénité au milieu de l’effervescence de la capitale égyptienne a été inauguré en 2005. Le parc est une véritable oasis de verdure, avec des milliers d’arbres, de plantes et de fleurs qui offrent un cadre agréable pour se promener. Les visiteurs peuvent profiter de vastes pelouses, de sentiers sinueux et de zones ombragées où il fait bon de se reposer. Le paysage est soigneusement aménagé pour mettre en valeur la beauté naturelle tout en offrant des vues imprenables sur des monuments emblématiques tels que la mosquée Al Azhar et la citadelle du Caire.

Le site offre un lieu idéal pour diverses activités de loisirs. Les familles viennent y pique-niquer, les couples s’y promènent main dans la main, et les joggeurs apprécient les sentiers bien entretenus. Des aires de jeux sont également disponibles pour les enfants, ce qui en fait un lieu de rassemblement pour les familles. En outre, le parc organise régulièrement des événements culturels, des concerts et des expositions, renforçant ainsi son rôle en tant que centre culturel dynamique.
Au-delà de son aspect récréatif, le parc Al Azhar est également perçu comme un sanctuaire de paix. Dans un monde souvent agité, cet espace offre aux citadins un refuge où ils peuvent se ressourcer, méditer ou simplement apprécier la beauté de la nature. Les visiteurs peuvent également profiter de la tranquillité des jardins, se perdre dans leurs pensées ou lire un livre sous l’ombre d’un arbre. Bref, le parc Al Azhar incarne la beauté d’une oasis paisible dans une métropole vibrante et extrêmement agitée.

