Le Ramadan est bien plus qu’un mois de jeûne ; c’est une période de spiritualité, de partage et de renouveau intérieur. Chaque jour, il nous invite à renforcer notre foi, à cultiver la patience et à multiplier les gestes de générosité. À travers cette série d’articles, nous explorerons les valeurs profondes du Ramadan, ses bienfaits et les enseignements qu’il nous offre pour grandir spirituellement et humainement.
Cuisine : Tant de préparatifs pour accueillir le mois béni
Qui dit Ramadan dit banquets d’Iftar, tables de Sohour, menus variés… Pour rendre cela plus facile en plein jeûne, nombre de femmes préfèrent faire des préparations en avance en cuisine.
Cette tendance s’est beaucoup imposée durant les quelques dernières années. Quelques semaines avant le Ramadan, la tendance a été de préparer et surgeler des aliments. Sauce de tomate, soupe, jus, légumes et fruits congelés, qatayefs farcies, viande hachée cuite…
Il s’agissait de préparer des ingrédients ou des aliments pré-cuits pour faciliter aux femmes de faire la cuisine durant le mois béni.
Bien qu’elle soit très bien appréciée par de nombreuses dames, cette tendance est rejetée par d’autres. Celles qui la refusent sont en fait divisées en deux camps. Le premier se dit ” pour ” les aliments frais et contre la consommation d’aliments surgelés. Elles craignent que le fait de surgeler altère le goût et la qualité nutritionnelle des aliments.
Quant au second camp, il regroupe les femmes qui préfèrent ne pas faire tant d’effort à la cuisine. Pourquoi, trop se fatiguer et perdre du temps à préparer en avance des ingrédients des repas ? “L’iftar du Ramadan n’est-il pas semblable au déjeuner de tous les jours”, se demandaient-elles. Ce camp rejette l’idée de passer des heures avant le mois béni pour surgeler des aliments alors que, selon elles, ce ne serait point difficile de préparer l’iftar en plein jeûne.
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Décorations et objets aux couleurs ramadanesques
Le « fanous » ou la lanterne de Ramadan, les décorations aux couleurs de Khiamiya (bleu, rouge et blanc) ou sous forme de croissant sont le symbole de l’avènement du mois béni.
Décorer sa maison pour le Ramadan se fait quelques jours avant le mois béni et rend le domicile plus gai et plus chaleureux. Les décorations sont nombreuses : des guirlandes, des nappes, de petites lampes, des pancartes, des coussins, des lanternes, même des plats et des verres garnis avec les couleurs de khiaméya. Cette année, il y a encore du nouveau : des bougies et des savons sous formes de crissants, d’étoiles et de fanous.
Décorer son foyer, commence par la porte. Soit on y accroche une pancarte sur laquelle est écrit « Ramadan Karim », pour annoncer l’ambiance festive du mois béni, soit l’on accroche une lanterne (fanous).
La salle à manger où la famille se rassemble chaque soir pour l’iftar est le plus important endroit à décorer. On commence par une nappe garnie par les couleurs de khiaméya. Des plats sous forme de croissant ou de fanous sont aussi là pour garnir la table avec les oléagineux ou les fruits secs qu’ils contiennent. Depuis le Ramadan dernier la « tamria » est en vogue. C’est un petit plat où l’on met les dattes. Quand c’est le moment du dessert, une lanterne (fanous) remplie de konafa est à ne pas rater.
Quelques bibelots en bois sous forme d’étoiles ou de croissant sont une excellente décoration dans votre salon ou salle de séjour.
Les lumières riment avec le mois béni. C’est une décoration traditionnelle du Ramadan. Étendre des guirlandes de lumières à travers la maison crée une ambiance gaie et spectaculaire.
Acheter un « esdal » ou un jalabiya pour le porter en priant durant le mois béni est une tendance que l’on remarque sur les réseaux sociaux chaque Ramadan. Des tapis de prières de couleurs variées et gaies séduisent aussi les acheteuses.
Le 1er jour de Ramadan, un doux rassemblement dominé par la tolérance et l’amour
Par : walaa EL Assrah
Le Ramadan est un mois pas comme les autres, il se distingue par son charme et sa singularité. Des semaines avant l’arrivée de ce mois béni, on écoute les chants du Ramadan partout , dans les supermarchés, dans les rues ornés par des guirlandes de Ramadan, les magasins de qatayef et de tamarin, les chariots de fèves avant le sohour et la psalmodie du Coran avant l’appel à la prière du Maghreb, tous ses détails marquent bien l’arrivée de ce mois chéri chez les Egyptiens. Ces petits rituels donnent une saveur spéciale au Ramadan en Egypte, un goût et un esprit distincts qu’on ne trouve nulle part ailleurs. Le Ramadan en Egypte est toute autre, il est vécu comme un « grand moment collectif », et un « formidable catalyseur des liens sociaux ». Tous les foyers égyptiens se préparent pour accueillir ce mois béni dans la joie et la dévotion. Ce ne sont pas seulement les habitudes des gens et leurs horaires qui changent durant ces 30 jours spécifiques, les rues aussi changent de visage. Elles sont ornées par des lanternes, des différents types d’éclairage et des décorations qui les rendent plus belles et plus gaies, comme si elles souriaient pour accueillir ce mois béni. Les marchés et les étalages en plein rues proposent la konafa et le qatayef ainsi que des dattes, des noix, des jus de fruits, toutes sortes de plats orientaux et la délicieuse boisson Qamar al-Din, dont aucun repas égyptien ne se prive à l’heure de l’Iftar.
C’est également l’occasion pour la famille égyptienne de se rassembler pour l’iftar. Depuis une semaine, rien ne vient à l’esprit que le Ramadan et le rassemblement familial ainsi que le menu du premier jour. Le Ramadan arrive et apporte avec lui son lot des sentiments spirituels qui renforcent les liens entre les proches et les membres de la famille. Ce mois- ci est témoin de réunions de famille dans l’un des rituels qui ne peuvent pas disparaître pendant le mois sacré. Le Ramadan est la saison de bénédictions et de bonté. L’un des aspects les plus importants de la célébration du mois sacré est le doux rassemblement qui réunit la famille, les parents et les amis et rétablit leur communication, dans une atmosphère dominée par l’esprit de tolérance, d’affection et d’amour divin.
De coutume, le premier jour du Ramadan est souvent réservé à l’aîné de chaque famille, qu’il s’agisse des parents, frère/sœur, oncle maternel, grand- père/grand-mère ou autres proches.
Les invitations du Ramadan sont devenues l’occasion de se retrouver avec nos familles. Le rassemblement familial est presque le mot clé dans tous les foyers au ramadan. Après une suspension temporaire, le calendrier des rendez-vous se remplit de visites familiales pendant le mois de Ramadan, dès les premières invitations à l’Iftar et au Sohour, nous rencontrons des membres de la famille et des amis proches et lointains.
Les invitations durant le mois de Ramadan, les réunions de famille et la chaleur au cours du mois de la tolérance et de la bonté sont parmi les choses les plus importantes que les familles égyptiennes cherchent à ancrer dans les esprits de leurs enfants. Ils tiennent à travers ses rassemblements à résoudre les différends et à renforcer les liens familiaux. Nous devons profiter de l’occasion du mois sacré pour consolider les relations, mettre fin aux problèmes, créer une atmosphère de chaleur familiale et d’énergie positive et réparer les relations que la vie a ruinées.
La réunion de famille au début du Ramadan porte en elle un social et religieux distinct et renforce les liens entre les membres d’une même famille. C’est l’occasion de communiquer et d’échanger des conversations et des souvenirs qui se répètent d’année en année, apportant avec eux les plus beaux moments.
Mais demeure le premier jour un porteur d’espoir. Cest le jour où l’ambiance est plus conviviale en famille. C’est comme le jour de Noël, mais pour les musulmans, la fête dure un mois.
Un événement très attendu et que tout le monde tient à ne pas rater. Un repas festif qui rassemble une cinquantaine de proches auquel tout le monde s’y prépare 2 mois à l’avance en faisant des économies. Une occasion annuelle pour réunir toute ma famille qui regroupe plusieurs générations, une opportunité de mieux se connaître.
Si quelqu’un est en voyage, Il décide de revenir passer les premiers jours de Ramadan avec sa famille malgré la pression des études, car il ne peut pas imaginer que le premier jour de Ramadan se passerait sans qu’il soit présent à la table copieuse à côté de sa famille.
En bref, c’est une journée que vous ne pouvez pas voir qu’au sein de votre famille entourée par leur amour et leur affection. Ramadan Karim.
Ramadan : Retrouver un équilibre entre sommeil, spiritualité et distractions
Chaque année, à l’approche du Ramadan, une transformation s’opère dans nos rythmes de vie. Le jeûne de la journée est compensé par des soirées où la vie nocturne prend une ampleur inhabituelle. Si certains profitent de ce mois pour se rapprocher de Dieu à travers la prière et la lecture du Coran, d’autres, en revanche, se laissent happer par des distractions envahissantes, en particulier la télévision. Entre feuilletons captivants, talk-shows interminables et programmes spécialement conçus pour cette période, de nombreux jeûneurs se retrouvent à veiller tard, parfois jusqu’à l’aube, au détriment de leur sommeil et de leur spiritualité.
Or, le Ramadan est avant tout un mois de discipline, un moment où l’on apprend à mieux gérer son temps et à privilégier ce qui est essentiel. Comment alors structurer son sommeil pour ne pas sombrer dans l’épuisement ? Comment consacrer un temps de qualité à la prière et à la lecture du Coran sans être absorbé par les écrans ?
Un sommeil organisé, une énergie préservée
Le manque de sommeil est l’un des plus grands défis du Ramadan. Avec l’heure tardive des prières de Tarawih et l’obligation de se lever pour le suhoor, nombreux sont ceux qui adoptent un rythme désordonné, dormant quelques heures seulement avant de devoir affronter une longue journée de jeûne. Cela se traduit par une fatigue chronique, une concentration réduite et une capacité de prière et de méditation affaiblie.
Pour éviter ces désagréments, il est essentiel de structurer son repos autour des obligations religieuses :
- Dormir après Tarawih : Il est préférable d’éviter les longues veillées post-Iftar, surtout lorsqu’elles sont occupées par des divertissements futiles. Après Tarawih, il est recommandé de se coucher tôt, quitte à reporter certaines activités sociales ou récréatives au lendemain.
- Se réveiller avant Fajr : Le moment qui précède l’aube est béni en Islam. Se lever un peu avant l’heure du suhoor permet de profiter du qiyam al-layl, ces prières nocturnes qui sont parmi les plus méritoires du Ramadan. Ce moment est aussi propice à la lecture du Coran et aux invocations.
- Faire une sieste en journée : Une courte sieste en début d’après-midi (qaylula), si elle est possible, peut aider à compenser le manque de sommeil nocturne et à mieux gérer la fatigue du jeûne.
En structurant ainsi son repos, on évite la somnolence pendant les prières et on se donne les moyens de profiter pleinement des bénéfices spirituels du Ramadan.
La prière et la lecture du Coran, piliers du mois béni
Le Ramadan est indissociable du Coran. C’est au cours de ce mois que la révélation a commencé, et c’est à cette occasion que le Prophète Mohammed (paix et bénédiction sur lui) révisait le Livre saint avec l’ange Jibril. Malheureusement, dans la frénésie des distractions modernes, la lecture du Coran devient parfois un élément secondaire du programme quotidien.
Pour éviter cela, il est recommandé de :
- Fixer un objectif quotidien de lecture : Plutôt que de lire de manière aléatoire, il est bénéfique d’établir un programme. Certains choisissent de lire un juz’ (1/30e du Coran) par jour, afin de compléter la lecture entière du Coran en un mois. D’autres préfèrent se concentrer sur la méditation de quelques versets chaque jour.
- Associer la lecture du Coran aux prières : Lire quelques pages après chaque prière permet d’intégrer naturellement la Parole divine dans son quotidien.
- Participer aux Tarawih et écouter la récitation : Ces prières nocturnes, au cours desquelles l’imam récite de longs passages du Coran, permettent une immersion spirituelle profonde et aident à mieux se connecter au message divin.
- S’engager dans l’étude du Coran : Ramadan est aussi l’occasion de redécouvrir la signification des versets et de méditer sur leurs enseignements à travers des cercles d’étude ou des lectures de tafsir (exégèse).
En donnant la priorité à ces pratiques, on s’assure de vivre un Ramadan en accord avec son essence spirituelle.
Éviter les pièges des nuits blanches télévisuelles
Le Ramadan est devenu, au fil des années, une véritable saison télévisuelle. Les chaînes rivalisent d’ingéniosité pour captiver les téléspectateurs avec des feuilletons inédits, des émissions de divertissement et des talk-shows à grand spectacle. Ces programmes, bien que parfois intéressants, sont souvent chronophages et détournent du véritable objectif du mois sacré.
Il est donc important de poser certaines limites :
- Fixer une durée raisonnable d’écran : Plutôt que de zapper jusqu’à l’aube, il est possible de sélectionner à l’avance un programme qui nous intéresse réellement et de s’y tenir.
- Éviter les écrans après Tarawih : Le meilleur moyen de ne pas tomber dans le piège des veillées interminables est de couper la télévision après la prière nocturne et de consacrer ce temps à des activités plus enrichissantes.
- Privilégier le contenu spirituel : Si l’on tient à regarder quelque chose, mieux vaut opter pour des programmes religieux, des rappels spirituels ou des documentaires enrichissants qui nourrissent la foi.
En adoptant ces réflexes, on peut profiter du Ramadan sans sacrifier ses nuits à des distractions futiles.
Retrouver l’essence du Ramadan
Le Ramadan est un mois exceptionnel, une opportunité unique de se purifier, de se recentrer et de renouer avec son Créateur. Mais pour en tirer pleinement profit, il faut savoir organiser son temps avec sagesse.
Un sommeil structuré, une pratique religieuse renforcée et une discipline face aux distractions permettent d’expérimenter un Ramadan où l’on se sent à la fois apaisé et pleinement investi dans sa foi. Après tout, ce mois béni n’est pas fait pour être gaspillé devant un écran, mais pour illuminer le cœur et l’esprit.
Le Fanous de Ramadan : Quand la lumière raconte une histoire
Par Ghada Choucri
La lanterne de Ramadan, dite (Fanous) est l’une des manifestations populaires en Egypte. C’est aussi l’un des arts folkloriques qui a attiré l’attention des artistes et des chercheurs, à tel point que certains ont réalisé une étude académique sur son apparition, son évolution et son lien avec le mois de jeûne, puis sa transformation en une belle pièce de décoration arabe dans de nombreuses maisons égyptiennes modernes.
Le Fanous au début de l’islam
La lanterne était utilisée au début de l’islam pour l’éclairage nocturne en allant à la mosquée et rendre visite à des amis et des proches. Quant au mot “fanous” (lanterne), il est grec et fait référence à l’un des moyens d’éclairage. Dans certaines langues sémitiques, on l’appelle “fanas”. Al-Fayrouzabadi, l’auteur du dictionnaire “Al-Qamous Al-Mouhit”, mentionne que le sens originel du mot “fanous” est “al-nammam” (le colporteur de nouvelles). L’auteur du dictionnaire attribue cette appellation au fait qu’il montre son porteur au milieu de l’obscurité, et le mot est connu dans ce sens.
Par contre, il existe de nombreuses histoires sur l’origine de la lanterne. L’une de ces histoires raconte que le calife fatimide sortait dans les rues la nuit de l’observation du croissant pour observer le croissant du mois de Ramadan, et les enfants sortaient avec lui pour lui éclairer le chemin. Chaque enfant portait sa lanterne et les enfants chantaient ensemble de belles chansons pour exprimer leur joie d’accueillir le mois de Ramadan.
Une autre histoire raconte qu’un des califes fatimides voulait illuminer les rues du Caire pendant tout le mois de Ramadan, alors il ordonna à tous les cheikhs des mosquées d’accrocher des lanternes qui seraient allumées avec des bougies placées à l’intérieur.
Une troisième histoire raconte que pendant l’ère fatimide, il n’était pas permis aux femmes de quitter leurs maisons sauf pendant le mois de Ramadan, et un jeune garçon les précédait, portant une lanterne pour avertir les hommes de la présence d’une femme sur le chemin afin qu’ils s’éloignent. De cette façon, les femmes pouvaient profiter de sortir sans être vues par les hommes. Après que les femmes ont eu la liberté de sortir à tout moment, les gens sont restés attachés à la tradition de la lanterne, où les enfants portent les lanternes et marchent dans les rues en chantant.
Quelle que soit l’origine de la lanterne, elle reste un symbole spécial du mois de Ramadan, en particulier en Egypte. Cette tradition a été transmise de génération en génération et les enfants portent maintenant les lanternes pendant le mois de Ramadan et sortent dans les rues en chantant et en balançant les lanternes. Quelques jours avant le Ramadan, chaque enfant commence à avoir hâte d’acheter sa lanterne, et beaucoup de gens ont également commencé à accrocher de grandes lanternes colorées dans les rues, devant les maisons et les appartements, et même sur les arbres.
A noter que les premiers à avoir connu la lanterne de Ramadan sont les Égyptiens, le jour de l’entrée d’Al-Muizz li-Dîn Allah al-Fâtimî dans la ville du Caire venant de l’ouest. C’était le cinquième jour du Ramadan de l’an 358 de l’Hégire. Les Égyptiens sont sortis dans un grand cortège auquel ont participé des hommes, des femmes et des enfants à la périphérie du désert occidental du côté de Guizeh pour accueillir Al-Muizz qui est arrivé la nuit. Ils portaient des torches et des lanternes colorées et décorées pour éclairer le chemin vers lui. Ainsi, les lanternes sont restées allumées dans les rues jusqu’à la fin du mois de Ramadan, pour devenir une coutume à laquelle tout le monde s’engage chaque année. La lanterne est devenue un symbole de joie et une tradition appréciée pendant le mois de Ramadan.