Par Walaa El Assrah
Les chants du Ramadan, les rues bondées d’Egypte, les magasins de qatayef et de tamarin, les chariots de fèves avant le sohour et la psalmodie du Coran avant l’appel à la prière du Maghreb, sont tous des détails qui donnent un saveur spécial au Ramadan en Egypte, un goût et un esprit distincts qu’on ne trouve nulle part ailleurs. Le Ramadan en Egypte est toute autre chose, vécu comme un « grand moment collectif », un « formidable catalyseur des liens sociaux ».
C’est l’occasion pour la famille égyptienne de se rassembler pour l’iftar. Depuis une semaine rien ne vient à l’esprit que le
Ramadan et le rassemblement familial ainsi que le menu du premier jour. Tous les foyers égyptiens se préparent pour accueillir ce mois béni dans la joie et la dévotion. Ce ne sont pas seulement les habitudes des gens et leurs horaires qui changent durant ces 30 jours spécifiques, les rues aussi changent de visage. Elles sont ornées par des lanternes, des différents types d’éclairage et des décorations qui les rendent plus belles et plus gaies, comme si elles souriaient pour accueillir ce mois béni. Les marchés et les étalages en plein rues proposent la konafa et le qatayef ainsi que des dattes, des noix, des jus de fruits, toutes sortes de plats orientaux et la délicieuse boisson Qamar al-Din, dont aucun repas égyptien ne se prive à l’heure de l’Iftar.
Le Ramadan arrive et apporte avec lui son lot des sentiments spirituels qui renforcent les liens entre les proches et les membres de la famille. Ce mois- ci est témoin de réunions de famille dans l’un des rituels qui ne peuvent pas disparaître pendant le mois sacré. Le Ramadan est la saison de bénédictions et de bonté. L’un des aspects les plus importants de la célébration du mois sacré est le doux rassemblement qui réunit la famille, les parents et les amis et rétablit leur communication, dans une atmosphère dominée par l’esprit de tolérance, d’affection et d’amour divin.
De coutume, le premier jour du Ramadan est souvent réservé à l’aîné de chaque famille, qu’il s’agisse des parents, frère/sœur, oncle maternel, grand- père/grand-mère ou autres proches.
Les invitations du Ramadan sont devenues l’occasion de se retrouver avec nos familles. Le rassemblement familial est presque le mot clé dans tous les foyers au ramadan. Après une suspension temporaire, le calendrier des rendez-vous se remplit de visites familiales pendant le mois de Ramadan, dès les premières invitations à l’Iftar et au Sohour, nous rencontrons des membres de la famille et des amis proches et lointains.
Le fanous
C’est l’un des symboles culturels du Ramadan en Égypte. Il s’agit de belles lanternes de toutes tailles et de différentes couleurs que les
musulmans utilisent pour décorer leurs maisons. Les rues et les ruelles sont également ornées de guirlandes et de lumières, créant une
atmosphère festive et chaleureuse dans tout le pays. C’est une tradition multiséculaire qui remonterait à l’ère fatimide, entre
le X e et le XII e siècle. Chaque Ramadan, pendant les soirées, le fanous ajoute une touche vraiment magique. Les enfants jouent aussi avec cet objet en fredonnant des chansons spéciales de Ramadan.
La charité occupe une place important
La charité occupe également une place importante pendant leRamadan. Outre les campagnes de distribution de nourriture auxnécessiteux, des tentes de l’Iftar sont implantées un peu partout dansles grandes places des villes pour servir le repas de la rupture auxpassants et à toute personne voulant s’y inviter.Les Égyptiens célèbrent aussi la nuit du destin, appelée Laylat al-Qadr,par des prières spéciales et des psalmodies du Coran. Les Egyptiens ne sont pas près d’abandonner une de leurs plusimportantes habitudes, devenue presque une coutume du mois sacré :le sac du Ramadan.C’est une boîte de biens alimentaires de première nécessité que lespersonnes qui en ont les moyens offrent aux plus démunis pours’approvisionner lors du mois du Ramadan.
Ces sacs comprennent des éléments de base comme le thé, le sucre, leriz, les légumes, etc. On peut y mettre tout ce qu’on veut sans limites :de la sauce, des pâtes, des noix et noisettes et de la viande.Cette habitude, qui s’étale sur plusieurs décennies, est devenue unaspect essentiel du carême et semble se poursuivre cette année aussi,malgré la flambée des prix élevés des denrées alimentaires sur lesmarchés égyptiens en raison des crises économiques et financières dupays.