Pour le Royaume-Uni, c’est l’un des premiers succès visibles de « Global Britain », ce slogan censé définir sa place dans le monde après le Brexit. Le pays participe à l’Aukus, cette alliance qui scelle la coopération militaire entre Londres, Canberra et Washington dans la zone Asie-Pacifique. Dans cette affaire, les Britanniques sont peut-être la « cinquième roue du carrosse », comme les a qualifiés, un peu mauvais joueur, Jean-Yves le Drian, le ministre français des Affaires étrangères, mais ils marquent des points, rapporte le journal Le Monde dans son édition publiée le 7 octobre 2021..
En creux, la participation de Londres à l’Aukus vient confirmer une réalité géopolitique : le Royaume-Uni s’aligne avec Washington contre Pékin. L’idée initiale des Brexiters, qui était de s’ouvrir au monde au-delà de l’Europe, et notamment vers la Chine, semble mort-née.
En 2015, David Cameron, alors Premier ministre britannique, annonçait l’ouverture d’un « âge d’or » entre le Royaume-Uni et la Chine. Il recevait Xi Jinping en grande pompe, en visite officielle. Le président chinois en avait profité pour annoncer de nombreux contrats commerciaux.
Six ans plus tard, il faut « suivre l’argent », comme disent les Anglo-Saxons, pour se rendre compte du coup de froid entre Londres et Pékin. Plusieurs des contrats annoncés à l’époque sont en train de capoter ou s’avèrent décevants.
Le plus spectaculaire concerne le nucléaire civil. En 2015, le gouvernement britannique avait accepté que CGN, l’entreprise nucléaire chinoise, travaille au Royaume-Uni. Elle devait cofinancer deux centrales fabriquées par EDF, avant d’en construire une autre utilisant sa propre technologie. L’opération devait marquer la grande entrée de la Chine dans le nucléaire civil occidental.
Aujourd’hui, CGN finance effectivement un tiers de la centrale d’Hinkley Point C, dans l’ouest de l’Angleterre, qui est en cours de construction. Mais elle devrait être écartée des deux autres projets. Une décision sur la centrale de Sizewell, dans l’est de l’Angleterre, est désormais imminente.