Les réseaux sociaux sanctionneraient-ils les partisans de la cause palestinienne? C’est en tous cas ce que pensent de nombreux utilisateurs de Tik Tok ou d’Instagram, qui affirment que les plateformes limitent la visibilité de leurs posts… Les géants du numérique se défendent de parti pris et évoquent des problèmes techniques pour justifier le phénomène, aussi appelé “#shadowbanning”. Des auteurs, activistes, journalistes, cinéastes et utilisateurs réguliers du monde entier ont déclaré que les publications contenant des hashtags comme « Free Palestine » et « IS tand with Palestine » ainsi que des messages exprimant leur soutien aux civils palestiniens tués par les forces israéliennes étaient masqués par les plateformes.
Par: Marwa Mourad
Le conflit entre Israël et la Palestine fait beaucoup parler de lui sur les réseaux sociaux qui se retrouvent sous le feu des projecteurs pour des raisons controversées. Selon des utilisateurs, le géant des médias sociaux aurait recours au shadowbanning, une tactique discrète pour limiter la visibilité des contenus en faveur de la Palestine.
Qu’est-ce que le #shadowbanning ?
Le terme « shadowbanning » désigne des actions subreptices mises en place par les plateformes de médias sociaux pour limiter la visibilité d’un post. Le phénomène a récemment gagné en notoriété lorsqu’une série d’internautes a rapporté que leurs posts sur la situation humanitaire à Gaza étaient, selon eux, ostensiblement omis des fils d’actualité et des recherches. D’une manière insidieuse, cette stratégie touche l’algorithme du « Feed », des « Reels » et même de la page « Explore », réduisant drastiquement l’engagement et le nombre de vues.
Toutefois, le phénomène ne se limite pas seulement à la visibilité, mais atteint aussi les recherches. Parfois, il semble impossible de retrouver des contenus spécifiques même en utilisant la fonction de recherche, augmentant la frustration des utilisateurs qui estiment que leur voix est muselée.

Vague de méfiance
Face à la controverse, Meta n’a pas tardé à réagir. Andy Stone, directeur de la communication chez Meta, a attribué cette situation à un bug qui affectait « toutes les Stories qui partageaient des Reels et des publications de Feed ». Ce bug, selon Stone, n’avait rien à voir avec le sujet des contenus et a été corrigé aussi rapidement que possible.
Toutefois, il faut noter que la déclaration de Meta n’a pas suffi à apaiser les tensions. De nombreux utilisateurs ont continué à faire état d’une faible interaction sur leurs posts relatifs à Gaza, suggérant que les explications officielles ne sont peut-être pas tout à fait transparentes. Il est possible que la vague de méfiance à l’égard de la plateforme continue de croître si des mesures concrètes ne sont pas prises.
Témoignages d’utilisateurs
Jess White, une utilisatrice d’Instagram, a fait état d’un déclin notable du taux d’engagement lorsqu’elle a partagé un poème d’un écrivain palestinien. D’autres utilisateurs ont fait des observations similaires, certains allant même jusqu’à dire qu’ils ne pouvaient plus publier des Stories pendant un jour complet après avoir posté du contenu « pro-palestinien ». L’absence de réaction proactive de la part d’Instagram face à ces accusations accroît le malaise.
En somme, la question du shadowbanning s’inscrit dans un contexte plus vaste d’érosion de la confiance envers les plateformes de médias sociaux. C’est un sujet qui mérite une enquête plus poussée et une transparence totale de la part des entreprises concernées.
Stratégies d’esquive
Des tactiques ingénieuses ont vu le jour pour contrer cette apparente censure. Certains utilisateurs recommandent l’utilisation de hashtags en faveur d’Israël pour augmenter la visibilité de leurs posts « pro-palestiniens ». D’autres vont jusqu’à utiliser des symboles comme des astérisques dans les mots-clés pour éviter d’être pris dans les mailles du filet algorithmique.
Cette ingéniosité collective révèle un sentiment croissant de méfiance, mais également un désir irrépressible de continuer à partager des informations, surtout lorsqu’il s’agit de questions aussi cruciales et délicates que la guerre entre Israël et la Palestine.