Par Samir Abdel-Ghany








Dans son nouveau voyage artistique intitulé « Le Taureau », l’artiste égyptien Jalal Gomaa poursuit sa quête infatigable de mouvement, d’énergie et d’expression. Avec ce nouvel opus, il transforme la matière froide en un poème vibrant, une célébration de la force et de la beauté brute. Là où d’autres voient du métal, Gomaa voit une âme ; là où d’autres perçoivent la rigidité, il insuffle la vie.
Son taureau n’est pas un simple animal sculpté. Il est symbole, incarnation, miroir. Sous les doigts du maître, la bête devient métaphore de la puissance intérieure, de cette énergie tapie au fond de l’homme et qui, un jour, éclate en lumière.
L’œuvre phare du cycle, « Le Taureau cabré », que le grand critique Salah Bissar qualifie de « fusion éblouissante entre force et beauté », illustre parfaitement cette tension créatrice. Les lignes métalliques se tordent, se redressent, se libèrent. La queue se hisse, les muscles frémissent, le regard perce l’espace. Tout semble prêt à exploser. Le métal, tendu à l’extrême, respire, palpite, vibre — comme s’il battait au rythme d’un cœur invisible.
Gomaa sculpte le vide autant que la matière. Ses fils de fer dessinent non pas une carcasse, mais un souffle. Il redistribue les équilibres, crée un dialogue entre pesanteur et légèreté. Ses œuvres ne représentent pas seulement un taureau : elles incarnent le mouvement même, la force vitale en train de naître.
Salah Bissar a forgé une expression pour désigner cette magie : « le dessin tridimensionnel dans la lumière ». Une formule qui résume à merveille la faculté de Jalal Gomaa à faire du vide, du clair-obscur et de la transparence des composantes essentielles de sa grammaire plastique. Chez lui, le fer devient phrase, le fil devient respiration, et la lumière, ponctuation.
Dans « Le Taureau », l’artiste transcende la sculpture traditionnelle pour atteindre une expérience totale — à la fois visuelle, spirituelle et presque musicale. Il ne célèbre pas seulement la bête, mais l’homme qui lutte, qui aime, qui résiste à l’immobilité du monde. C’est une ode à la vie, à l’élan vital, à cette tension entre la fragilité et la force, entre l’explosion et le silence.
Dans la salle de la galerie Odyssey, chaque œuvre impose sa présence avec une intensité rare. Les visiteurs s’arrêtent, émus, comme si le métal leur parlait. Et dans ces murmures d’admiration, on devine déjà la trace durable que laissera ce moment d’art.
Jalal Gomaa, le “garçon d’or” du fer et du fil, continue de jouer avec la matière comme avec la lumière. À chaque exposition, il offre une nouvelle gemme, une nouvelle naissance. Et avec « Le Taureau », il signe sans doute l’une de ses plus belles déclarations d’amour à la création — celle qui transforme le métal en émotion et le silence en éternité.





