Après un décollage “parfait” samedi, le télescope spatial européen Euclid est en route vers son poste d’observation, d’où il tentera d’éclairer l’une des plus grandes énigmes scientifiques, la matière noire et l’énergie sombre, qui constituent 95% de l’Univers mais dont on ne sait quasiment rien, selon l’AFP.
Le satellite s’est envolé depuis Cap Canaveral, en Floride, à 11H12 locales (15H12 GMT) à bord d’une fusée Falcon 9 de l’entreprise américaine SpaceX.
Après s’être séparé de la fusée, il a comme prévu émis son premier signal.
Le télescope de deux tonnes va être placé à 1,5 million de kilomètres de la Terre. Le travail scientifique doit commencer dans environ trois mois, une fois le calibrage des instruments réalisé.
“C’est un moment tellement joyeux de voir cette mission en route vers sa destination”, a déclaré lors du direct vidéo de l’Agence spatiale européenne (ESA) Josef Aschbacher, son directeur général.
Le décollage était “parfait”, a abondé Carole Mundell, directrice des sciences à l’ESA. “Durant les six prochaines années, nous allons démêler les mystères du côté obscur de l’Univers.”
La sonde dressera une carte en trois dimensions de l’Univers, englobant des milliards de galaxies, sur une portion d’un tiers du ciel. Les galaxies lointaines observées permettront de remonter le temps jusqu’à il y a 10 milliards d’années – la durée nécessaire pour que leur lumière nous parvienne.
– Forces opposées –
La matière noire (25% de l’Univers) et l’énergie sombre (70%) ont des effets opposés: quand la première assure la cohésion des galaxies, l’énergie sombre provoque elle l’expansion de l’Univers.
Pour la première, la matière noire, on sait qu’elle existe à cause d’un constat mystérieux: impossible d’expliquer comment une galaxie ou un groupe de galaxies ne se disperse pas en ne prenant en compte que la gravité de leurs éléments visibles (planètes, étoiles…).
“Vous devez faire l’hypothèse d’une quantité additionnelle de matière, invisible à nos télescopes, comme une composante gravitationnelle qui tient tout ensemble”, explique à l’AFP Michael Seiffert, responsable scientifique d’Euclid pour la Nasa, qui participe aussi à cette mission.
Ce “ciment” cosmique a été baptisé matière noire.
Jamais observée directement, il pourrait s’agir de particules subatomiques, selon certaines hypothèses.
L’énergie sombre est elle peut-être encore plus énigmatique.
Depuis les découvertes du célèbre astronome Edwin Hubble dans les années 1920, on sait que l’Univers est en expansion. Et depuis les années 1990, que cette expansion s’accélère.
Or cela “implique que sur de très grandes échelles, la gravité contient en réalité une composante répulsive qui écarte les choses les unes des autres”, expose M. Seiffert. Cette force, c’est l’énergie sombre, “un grand mystère de la physique”.