Clin d’œil
Par : Samir Abdel Ghany

Lorsque l’ambassadrice de Cuba, Tania Aguiar Fernández, a visité pour la première fois la maison de Galal, l’artiste Noubi Badi’ lui a offert un portrait en cuir découpé. Elle fut profondément émerveillée par son œuvre.

Lors de sa seconde visite, accompagnée de l’ambassadeur d’Egypte à Cuba, Maher El-Adawi, elle évoqua une exposition prévue à Cuba en septembre, célébrant les 72 ans de relations égypto-cubaines. Alors que je lui présentais les noms des plus célèbres portraitistes d’Egypte et du monde arabe, l’ambassadrice désigna le portrait réalisé par Noubi Badi’ avec sa technique unique de cuir découpé pour l’artiste Galal Jumaa et déclara qu’elle souhaitait voir les œuvres de cet artiste exposées à Cuba.
Je considérai cette demande comme une reconnaissance de la portée mondiale de la créativité de Noubi Badi’, un artiste qui n’a jamais reçu l’attention et le soutien qu’il méritait. Lorsque je demandai combien d’œuvres il devait présenter, la réponse fut claire : “qu’il crée ce qu’il veut son art est le bienvenu à Cuba”.
Noubi Badi’ est l’un des artistes les plus merveilleux que l’on puisse rencontrer. Il a consacré sa vie à prendre soin de sa mère et de sa famille, exemplifiant le fils dévoué. Cette dévotion se reflète dans ses œuvres, imprégnées d’émotion, de pureté d’âme et d’un amour constant à la recherche de sens.
Le maître des créateurs, Hassan Fouad, a dit de lui : “Noubi est unique et innovant. Il y a des centaines de caricaturistes qui dessinent avec des stylos, des pinceaux et des couleurs, mais il y a un seul Noubi qui dessine avec des ciseaux sur du cuir et crée des poèmes de portraits en cuir découpé”.

Le grand artiste Moustafa Hussein a ajouté : “Dans la page ‘Essaye de sourire’, Noubi était la perle de la page avec son style nouveau et unique qui ne ressemble à aucun autre”.


Noubi Badi’ a passé de longues années à rêver de l’impossible. Un jour, il dessina la famille royale britannique et leur envoya ses œuvres. Bien que beaucoup se moquaient de lui, il reçut un jour une lettre de remerciement de la famille royale.
Noubi rêvait de transformer ses œuvres en cuir en sculptures métalliques de grande envergure. Il se rendit à la Société des droits de propriété intellectuelle pour enregistrer son idée. Il rencontra également Walid Kanoush, le chef du secteur des arts plastiques, pour lui présenter ses rêves. “Sur la route, nous placerons les images des dirigeants et des créateurs les plus importants pour montrer à la nouvelle génération des modèles honorables qui les inciteront à appartenir et à aimer leur pays”. Il vécut en parlant de ce rêve dans les journaux, les magazines et les émissions de télévision, mais en vain.

Un matin, un proche le réveilla. Etonné, il demanda ce qui se passait. Son proche lui annonça que son rêve s’était réalisé et que son idée était partout. Ses œuvres avaient été réalisées au plus haut niveau. Comme un fou, il se précipita pour les voir sur la route du désert. Son idée était devenue réalité. C’était exactement ce qu’il avait souhaité et rêvé. Mais comment ces œuvres avaient-elles été réalisées sans le consulter ? Où étaient ses droits, alors qu’il pouvait prouver leur existence ? “C’était mon rêve”, pensait-il.
Noubi Badi’, qui était au comble de la joie, cessa de manger et de dormir. Il sentait que son rêve avait été volé et qu’une entreprise ou une agence de publicité avait usurpé tous ses rêves. Il erra partout, portant une valise remplie de ses papiers, de ses œuvres et des enregistrements de ses émissions, criant à tous : “Je veux mes droits littéraires, matériels et moraux”. Noubi, qui ne dormait plus, en appela au gouverneur de Guizeh et à tous les responsables pour qu’ils lui rendent sa joie et son droit de réaliser ses rêves, pour lesquels il avait consacré de nombreuses années. Il en appela à la ministre de la Culture et à tous les créateurs d’Egypte pour qu’ils se tiennent à ses côtés.

