Christian Leblanc, un égyptologue de grand renom, qui a écrit une longue histoire d’amour avec le temple des millions d’années « Le Ramesseum ». Avec une carrière qui dépasse une cinquantaine d’année, ce renommée égyptologue, ne cesse jamais d’effectuer des recherches et de mener des travaux de restauration et de rénovation dans le temple. Le Progrès Dimanche a rencontré l’éminent égyptologue Christian Leblanc pour raconter son histoire avec le temple.
Directeur de la Mission archéologique franco-égyptienne de Thèbes-Ouest, l’égyptologue français a passé ne bonne partie de sa vie à explorer, à chercher, à étudier et à restaurer un grand trésor de l’Égypte ancienne. Dès les années 70, Leblanc s’est intéressé aux temples des millions d’années dans le cadre d’une première thèse de doctorat. En Égypte depuis près de 50 ans, il a fouillé et restauré la Vallée des Reines et a consacré plusieurs années au dégagement de la tombe de Ramsès II dans la Vallée des Rois.
Christian Leblanc, qui est aussi membre de l’Institut d’Egypte, œuvre au Ramesseum avec ses équipes depuis 1991. « La Mission travaille à l’exploration, à la restauration et à la valorisation du Ramesseum, temple des millions d’années de Ramsès II construit au XIIIe s. av. notre ère, dont la superficie initiale couvrait environ dix hectares. Cette prestigieuse fondation royale comprend dans son enceinte un édifice de pierre qui avait été consacré au culte de Ramsès II divinisé et d’Amon-Rê, un petit temple dédié à Touy (mère du roi) et à Nefertari (grande épouse royale), puis un ensemble important de dépendances qui entoure le temenos sur trois de ses côtés (nord, ouest et sud) », a commencé M. Leblanc. Et de poursuivre qu’après des décennies d’abandon, ce site fait aujourd’hui l’objet d’intenses efforts qui portent sur plusieurs facettes. Les buts sont non seulement de mieux comprendre, à partir de fouilles, de relevés et d’études, la vocation qui fut celle du Ramesseum, mais encore de réhabiliter selon une restauration et une valorisation respectant les normes internationales, ce monument inscrit par l’UNESCO, comme les autres sites de Thèbes, au patrimoine culturel de l’humanité, depuis 1979.
Conseiller scientifique permanent auprès du Centre d’Étude et de Documentation sur l’Ancienne Égypte (CEDAE), M. Christian a expliqué que les travaux ont porté sur tout un ensemble de fouilles dans les dépendances et à la périphérie du monument, où des aménagements insoupçonnés et particulièrement originaux pour ne pas dire uniques ont été retrouvés. « Ce sont des voies processionnelles, bordées de chacals et de sphinx androcéphales qui entouraient le Ramesseum entre ses deux murs d’enceinte. Masquées par un énorme cavalier de déblais artificiel mis en place par un architecte français (E. Baraize) au début du XXe siècle, ces somptueuses allées, aujourd’hui dégagées et valorisées pour déjà deux d’entre elles, avaient dû contribuer au faste du temple et surtout des fêtes religieuses célébrées dans son enceinte. », a-t-il indiqué.
Selon l’égyptologue, le Ramesseum se prêtait également à une exploration systématique de toutes ses dépendances, et cela a été particulièrement fructueux, puisqu’elle a permis jusqu’à présent de révéler d’importantes structures éonomiques et administratives, dont les ateliers, les intendances, les cuisines et boulangeries, la “maison de vie” (première institution d’enseignement localisée dans le contexte d’un temple), un complexe administratif et plus récemment le palais royal attenant à la première cour du temple.
Concernant les travaux de restauration, M. Leblanc a assuré que toutes les fouilles conduites dans le temple et dans ses dépendances ont été suivies par des opérations de restauration et de valorisation. Les structures antiques dégagées jusqu’à présent ont été protégées. « La Mission, fait appel à des techniciens spécialisés de la restauration comme les tailleurs de pierre, les sculpteurs, les restaurateurs, les conservateurs. La mission participe également à la formation de jeunes égyptiens à ces métiers associés à la conservation du patrimoine. En vue d’informer les visiteurs, signalons enfin qu’une signalétique trilingue : français, anglais et arabe, et illustrée a été mise en place sur des présentoirs dans le temple, notamment dans tous les secteurs qui ont été jusqu’à présent fouillés, restaurés et valorisés. », a-t-il conclut.