Retour sur deux découvertes récentes sur l’Egypte des pharaons. L’une porte sur les techniques d’embaumement, l’autre sur un bras du Nil aujourd’hui disparu qui apporte un éclairage nouveau sur la construction des pyramides.
Par: Marwa Mourad
Les secrets d’embaumement d’une momie égyptienne
Ses restes avaient été exhumés il y a un peu plus d’un siècle dans la vallée des rois. Ce n’est pas la momie d’un pharaon mais d’une femme qui les a côtoyés de près. Elle s’appelait Senetnay, elle vivait au XVème siècle avant notre ère et était la nourrice du pharaon Amenhotep II. Un statut qui lui a donné droit à un embaumement première classe.
Dans une étude récemment parue, des chercheurs allemands expliquent avoir réussi à analyser les infimes dépôts encore présents dans les récipients qui avaient contenu les organes embaumés de Senetnay. Ils ont ainsi pu établir la composition des baumes utilisés à l’époque. Selon les scientifiques, il s’agit des baumes les plus riches et les plus complexes jamais identifiés pour cette période.
Ces précieuses mixtures, contenaient de la cire d’abeille, des huiles végétales, des graisses animales, du bitume, des résines de conifères mais aussi de pistachier ou de dammar, une gomme naturelle issue d’arbres d’Asie du Sud-Est. Cela suggère que des échanges commerciaux avec ces régions lointaines ont eu lieu bien plus tôt qu’on le pensait.
Enfin, cerise sur le sarcophage. Les analyses ont permis de récréer l’odeur de ces mixtures utilisées dans les ateliers d’embaumement il y a plus de 3 millénaires. Un parfum dont on dit qu’il a « l’odeur de l’éternité ».
Un éclairage nouveau sur la construction des pyramides
Aujourd’hui les pyramides d’Egypte se situent aux portes du désert à des kilomètres du Nil actuel. Mais une équipe de chercheurs américano-égyptienne est parvenue, grâce à des images satellites radar et à des analyses sédimentaires, à reconstituer le tracé d’une ancienne ramification du fleuve égyptien. Il y a 5 000 ans, cette branche secondaire du Nil s’écoulait parallèlement au fleuve principal, à quelques kilomètres plus à l’ouest. Elle faisait entre 200 et 700 mètres de large et jusqu’à 8 mètres de profondeur. Et surprise : 31 pyramides édifiées entre 2 700 et 1 700 avant notre ère, du plateau de Gizeh à Licht, se trouvent sur la rive de ce bras du Nil éteint que les chercheurs ont baptisé : « bras Ahramat », « bras des pyramides » en arabe.
Les scientifiques sont convaincus que cette voie fluviale a joué un rôle déterminant lors de la construction des pyramides. Il s’agissait d’une voie navigable qui permettait de transporter ouvriers et matériaux. Les auteurs de l’étude notent que des pyramides de Gizeh partent des chaussées qui mènent à des temples construits en contrebas. Ces édifices devaient se trouver sur la rive de l’ancien bras du Nil et faire aussi office de port fluvial. Cette découverte pourrait en amener d’autres. Les chercheurs pensent que des sites antiques enfouis restent à découvrir le long de cet ancien bras du Nil.