Les conséquences de la guerre menée par la Russie en Ukraine vont bien au-delà du territoire européen. L’Égypte ayant un rôle de leader régional n’est pas épargnée. Elle, comme tous les pays du monde, veut minimiser l’impact économique de cette crise et trouver des solutions qui lui permettraient de la traverser. L’Egypte part du principe qu’elle n’a pas à se battre dans les guerres des autres, tout en s’efforçant de construire une politique équilibrée qui préserve ses intérêts et ses relations de coopération avec les différents acteurs, d’autant plus que l’Egypte est loin de la Russie et de l’Ukraine, ce qui lui donne une marge de manœuvre.
La presse mondiale a tenu à jeter la lumière sur l’impact de la crise russo-ukrainienne sur un pays de poids tel que l’Egypte.
Une politique étrangère équilibrée
Les répercussions stratégiques directes ou indirectes de la guerre russe en Ukraine pourraient toucher plus généralement le Proche-Orient, y compris l’Égypte, au vu du rôle de cette dernière et de son poids central au niveau régional. Le Caire a par ailleurs développé au cours des dernières années une politique étrangère équilibrée entre la Russie et les puissances occidentales, de même que de très bonnes relations à la fois avec la Russie et l’Ukraine.
Les scénarios possibles quant à l’évolution de la situation laissent difficilement penser que l’Ukraine sera un pays stable à l’avenir. Cela aura forcément pour conséquence un changement dans les relations à venir. Personne ne peut prévenir ce que nous cachent les prochains jours.
Un plan de stockage du blé
Dans les circonstances actuelles, la priorité de la cellule de crise du gouvernement égyptien, présidée par le Premier ministre, est la dimension économique. Selon les experts économiques, les politiques menées par Le Caire sur la dernière période devraient lui permettre d’éviter un impact instantané de la crise ukrainienne, notamment concernant la question du blé. L’Égypte a adopté un plan de stockage du blé en plus de sa production locale qui viendra s’y ajouter au début du printemps. Toute cette quantité devrait garantir les besoins du pays pour les neuf prochains mois.
Si la crise se prolongeait, le pays devrait alors se tourner vers d’autres partenaires, comme les États-Unis, le Brésil ou l’Australie.
La stratégie d’adaptation
D’un autre côté, on commence déjà à voir les effets de la guerre en Ukraine sur le tourisme égyptien, et ce alors que ce secteur vient tout juste de connaître une amélioration après la pandémie du Covid-19. Ainsi, les revenus du tourisme sont passés de 4 milliards de dollars (3,58 milliards d’euros) en 2020 à 13,03 milliards de dollars (11,67 milliards d’euros) en 2021.
De plus, le tourisme russe et ukrainien n’est pas juste un indicateur pour le marché, en particulier dans les villes qui donnent sur la mer Rouge.
On peut distinguer une attitude de la politique étrangère égyptienne dans la gestion des crises. Elle en est « l’adaptation », que l’on pourrait appliquer à la crise actuelle. Le Caire a toujours entretenu d’excellentes relations avec Kiev, abstraction faite des polarisations externes dont les différents pouvoirs successifs ukrainiens ont fait l’objet. L’évolution des positions internationales pourrait même permettre à l’Égypte de renforcer sa stratégie d’adaptation dans le cadre de sa politique étrangère.
Les vertus de la diversité
D’un autre côté, la question de la coopération militaire demeure importante dans le cadre des équilibres internationaux et de la lutte contre le terrorisme, ce qui joue là aussi en faveur de la politique étrangère égyptienne. L’Égypte a en effet une position claire consistant à rester neutre dans les crises qui ne la touchent pas directement. Cela semble évident pour qui observe sa politique étrangère sur les dernières années. Si elle a militairement pris part à des crises régionales récentes, elle ne l’a fait que pour garantir sa sécurité nationale, en s’appuyant sur les moyens stratégiques à sa disposition.
L’Égypte trace toujours ses lignes rouges dans une logique géopolitique tout en réussissant à gagner la confiance des différentes parties, malgré leurs divergences.
Un acteur central
Au niveau régional, il est indéniable que l’Égypte entend se placer comme un acteur central durant cette crise en demandant une réunion d’urgence des délégués permanents de la Ligue des États arabes. Ce faisant, elle cherche à identifier les positions des différents États membres, car bien que la Ligue ne constitue plus un levier de la politique arabe, elle n’en demeure pas moins un mécanisme pour coordonner les différentes tendances. L’adoption d’une politique de non-alignement, l’appel à arrêter toute opération militaire ainsi que l’invitation à passer par les voies diplomatiques pour solutionner la crise constituent probablement la voie idéale pour adopter une position arabe quasi unanime.