Par: Walaa El-Assrah

Au cœur du Moyen-Orient et de l’Afrique, l’Égypte s’affirme comme un acteur incontournable de la transition énergétique mondiale. Forte de sa position géostratégique, entre mer Méditerranée et mer Rouge, et dotée d’un climat favorable, elle se positionne comme un véritable portail vers les énergies propres, attirant investissements et partenariats internationaux.

Un potentiel naturel exceptionnel
L’Égypte bénéficie d’un ensoleillement quasi constant tout au long de l’année, faisant de l’énergie solaire une ressource stratégique. Le complexe solaire de Benban, l’un des plus vastes au monde, illustre cette ambition : il alimente des centaines de milliers de foyers tout en réduisant considérablement les émissions de CO₂. Parallèlement, les vents puissants de la mer Rouge offrent un terrain propice au développement de l’énergie éolienne, avec des projets d’envergure à Zafarana et Gabal El-Zeit.

Une volonté politique affirmée
Le gouvernement égyptien a fixé des objectifs ambitieux : porter la part des énergies renouvelables à 42 % du mix énergétique d’ici 2035. Cette stratégie s’accompagne de réformes réglementaires, de partenariats public-privé et de mesures incitatives destinées à attirer les investisseurs étrangers. L’Égypte entend ainsi devenir un hub énergétique régional, capable d’exporter non seulement de l’électricité verte, mais aussi des solutions technologiques innovantes.

L’hydrogène vert, nouvelle frontière énergétique
Consciente des enjeux futurs, l’Égypte investit massivement dans la filière de l’hydrogène vert, produit à partir des énergies renouvelables. Plusieurs accords ont déjà été signés avec des acteurs internationaux pour faire du pays un centre de production et d’exportation vers l’Europe et l’Asie. Cette orientation ouvre la voie à une nouvelle ère industrielle respectueuse de l’environnement.

Un carrefour énergétique pour l’avenir
Grâce à ses infrastructures portuaires modernes, ses interconnexions électriques avec l’Europe, l’Afrique et le Moyen-Orient, et sa stabilité politique relative, l’Égypte se positionne comme la porte d’entrée idéale pour les flux d’énergies propres dans la région.

En misant sur l’innovation, la coopération internationale et la valorisation de ses ressources naturelles, l’Égypte ne se contente pas de suivre la transition énergétique mondiale : elle aspire à en être l’un des moteurs.

L’Égypte figure parmi les sept pays au monde sélectionnés pour bénéficier du programme du Fonds d’investissement pour le climat, l’un des plus importants mécanismes multilatéraux de financement de la transition énergétique. Ce programme, soutenu par de grandes institutions financières internationales comme la Banque mondiale et la Banque africaine de développement, vise à accélérer le passage à des systèmes énergétiques sobres en carbone.

Moyens de transport amis de l’environnement en Égypte

Dans le cadre des solutions de mobilité durable visant à réduire la pollution, améliorer la qualité de l’air et moderniser ses infrastructures, l’Égypte a développé plusieurs projets et modes de transport écologiques en cours ou en préparation :

1. Bus électriques (e-bus)

Projet pilote au Caire : Soutenu par la Banque mondiale, environ 100 bus électriques sont testés dans le Grand Caire pour moderniser le système de transport en commun et réduire les émissions de particules fines.
Charm El-Cheikh : Plus de 150 bus électriques ont été utilisés lors de la COP27 en 2022 pour assurer le transport des délégations.
Achat prévu : En novembre 2024, l’Égypte a annoncé l’achat de 180 bus électriques financés par un prêt de la Banque mondiale.
Production locale : En 2022, un contrat a permis la fabrication de 70 bus électriques MCV C120 en Égypte, avec 60 % de composants locaux.

2. Bus au gaz naturel (GNV)

Pour réduire la pollution et tirer avantage des ressources énergétiques locales, plus de 2 262 bus ont été convertis au GNV dans les transports publics du Caire et d’Alexandrie.

3. Transport ferroviaire et rapide

Bus à haut niveau de service (BRT) : Le tout nouveau système BRT du Grand Caire utilise des bus électriques sur des voies dédiées autour du périphérique. Il compte 48 stations et une flotte de 100 bus prêts à fonctionner 24h/24.
RER léger (LRT) : Le tram-train léger du Caire, inauguré en juillet 2022, relie la capitale à la Nouvelle Capitale administrative sur 70 km.
Monorail du Grand Caire : Deux lignes automatisées, totalisant environ 96 km et 33 stations, sont en construction. Ce système sera sans conducteur, électrique et devrait relier Le Caire à la Nouvelle Capitale et à la ville du 6 Octobre.
Métro d’Alexandrie : Un métro rapide est en projet, avec environ 21,7 km de nouvelles lignes pour décongestionner la ville.
Tramway d’Alexandrie : En service depuis 1863 et électrifié dès 1902, ce réseau se compose de 20 lignes sur 32 km, un mode de transport très durable et largement utilisé.
Modernisation ferroviaire : La Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) aide à électrifier une ligne entre le centre d’Alexandrie et Abou Qir, afin de réduire la dépendance aux routes et les émissions.

L’Égypte s’impose non seulement comme un passage stratégique mondial pour les énergies renouvelables, mais aussi comme un véritable laboratoire de transformation énergétique. Entre grands projets solaires et éoliens, hydrogène vert, interconnexions européennes et cadre institutionnel favorable, le pays construit sa réputation de hub énergétique propre en Méditerranée.