L’Égypte place l’éducation au cœur de sa stratégie de développement. Entre digitalisation, ouverture à l’international, et essor de filières d’avenir, le pays engage une transformation profonde de son système éducatif. Objectif : former une génération capable de porter l’économie du savoir et répondre aux défis du siècle.
Par Marwa Mourad
L’Égypte a fait le choix de l’investissement dans le savoir comme levier principal de transformation. Au-delà des infrastructures et des programmes, c’est toute une culture de l’apprentissage et de l’innovation qui se construit. En formant sa jeunesse à penser, créer, entreprendre et s’adapter, l’Égypte prépare un avenir qui ne dépendra pas uniquement de ses ressources naturelles, mais surtout de ses ressources humaines. Une révolution silencieuse mais décisive pour l’avenir du pays.
Une refonte globale
Depuis quelques années, l’Égypte mène une réforme ambitieuse de son système éducatif. Portée par la Vision Égypte 2030, cette refonte vise à passer d’un modèle basé sur la mémorisation à une éducation centrée sur l’analyse, la créativité et les compétences pratiques.
Le gouvernement a introduit des programmes scolaires modernisés, formé plus de 100 000 enseignants et lancé des plateformes numériques comme Edmodo et Egypt Knowledge Bank, accessibles gratuitement aux élèves. L’apprentissage hybride devient peu à peu la norme, avec des cours en ligne, des tablettes distribuées dans les lycées, et une évaluation plus interactive.
Ces efforts sont soutenus par des partenariats avec des organismes comme l’UNESCO, l’Union africaine et plusieurs universités internationales, afin de garantir la qualité et l’alignement avec les standards mondiaux.
Des universités de nouvelle génération
Le paysage de l’enseignement supérieur connaît lui aussi une mutation spectaculaire. L’ouverture de campus internationaux — allemand, canadien, japonais ou russe — dans la Nouvelle Capitale Administrative marque une nouvelle ère. Ces établissements offrent des diplômes reconnus à l’étranger, tout en intégrant les besoins du marché local.
Parallèlement, les universités publiques comme celles du Caire, d’Alexandrie ou d’Ain Shams développent des filières de pointe : intelligence artificielle, cybersécurité, robotique, bio-informatique, médecine de précision. L’objectif est clair : aligner la formation des étudiants avec les priorités stratégiques de l’Égypte, notamment dans les domaines de la santé, de l’énergie, de l’agriculture intelligente et de la transformation digitale.
L’État mise aussi sur les zones technologiques universitaires, véritables laboratoires de l’innovation, où chercheurs et étudiants collaborent avec le secteur privé.
Une jeunesse connectée et ambitieuse
Cette transformation ne serait pas possible sans une jeunesse curieuse, créative et tournée vers l’avenir. De plus en plus d’étudiants égyptiens participent à des concours scientifiques internationaux, montent leurs propres startups, ou décrochent des bourses pour poursuivre leurs études à l’étranger.
Les jeunes femmes, longtemps sous-représentées dans les domaines scientifiques, deviennent aujourd’hui des figures montantes des STEM (sciences, technologies, ingénierie, mathématiques). Des initiatives telles que “Girls in Tech” ou “Women in AI Egypt” contribuent à changer les mentalités.
Le pays encourage aussi la création de clubs d’innovation, hackathons, incubateurs universitaires et plateformes de mentorat, pour faire éclore les talents dans toutes les régions.
Enfin, la transition numérique impose de garantir une connectivité fiable, un équipement adapté, et une culture numérique partagée par tous les acteurs du système éducatif.