Face à l’urgence climatique mondiale, l’Égypte s’engage dans une transition écologique ambitieuse. Portée par la Vision Égypte 2030, cette transformation touche l’énergie, les transports, l’agriculture et l’urbanisme. Zoom sur un pays qui veut allier développement et durabilité, tout en inspirant sa région.
Par Marwa Mourad
Une vision nationale pour l’environnement
Depuis plusieurs années, l’Égypte intègre pleinement les enjeux environnementaux dans sa stratégie de développement. La Vision Égypte 2030 accorde une place centrale à la durabilité, avec des objectifs mesurables : réduction des émissions de gaz à effet de serre, amélioration de la gestion des ressources hydriques, transition vers les énergies renouvelables, et développement de villes intelligentes.
Cette orientation s’accompagne d’un renforcement des coopérations avec des institutions internationales comme le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), la Banque mondiale ou encore la Banque africaine de développement, qui soutiennent plusieurs projets verts sur le territoire égyptien.
Des projets emblématiques
L’un des symboles de cette transformation est la nouvelle capitale administrative, conçue comme une “smart city” alimentée en grande partie par l’énergie solaire, avec un réseau de transports propres et des bâtiments certifiés écologiques. Cette ville incarne la volonté de repenser l’urbanisme égyptien à travers le prisme de la durabilité.
Autre exemple remarquable : le complexe solaire de Benban, dans le sud du pays. Il s’agit de l’un des plus grands parcs solaires au monde, capable de produire 1,8 gigawatt, soit l’équivalent de l’électricité nécessaire pour alimenter plus d’un million de foyers. Un projet qui place l’Égypte au cœur de la transition énergétique sur le continent africain.
L’environnement aquatique est aussi concerné. Le projet de réhabilitation du lac Manzala, longtemps victime de pollution et de surexploitation, vise à restaurer un équilibre écologique vital pour la biodiversité et les communautés locales. En parallèle, des programmes de traitement des eaux usées ont été intensifiés dans le delta du Nil.
La jeunesse et la société civile au cœur du changement
Le dynamisme de la transition verte en Égypte ne repose pas uniquement sur les institutions. La jeunesse joue un rôle croissant, à travers des initiatives citoyennes, des projets de reboisement, des campagnes de sensibilisation ou encore des startups écologiques.
Des jeunes entrepreneurs ont développé des solutions innovantes dans le recyclage, l’agriculture intelligente, ou les matériaux biodégradables. À titre d’exemple, plusieurs startups égyptiennes produisent aujourd’hui des emballages compostables à base de canne à sucre ou de palmier-dattier, contribuant ainsi à réduire la dépendance aux plastiques polluants.
Les ONG locales, quant à elles, collaborent avec les écoles et les communautés rurales pour diffuser une culture de respect de l’environnement, souvent absente des pratiques traditionnelles.
Des défis persistants à relever
Malgré ces avancées, l’Égypte fait face à de nombreux défis : pression démographique, urbanisation rapide, besoin d’investissements massifs, et inégalités territoriales dans l’accès aux infrastructures vertes. La sensibilisation à l’environnement, notamment dans les zones rurales, reste limitée, tout comme la capacité de certaines institutions à faire appliquer les normes écologiques.
Mais les fondations sont là, et les premiers résultats sont visibles. Le défi, désormais, est de maintenir cet élan et de le traduire en changements durables, dans tous les secteurs de la société.
Choix stratégique
En s’engageant résolument sur la voie de la transition verte, l’Égypte affirme une nouvelle identité : celle d’un pays qui veut conjuguer croissance et respect de l’environnement. Cette ambition ne se limite pas à un choix stratégique ; elle reflète une conscience de plus en plus partagée que l’avenir de la nation dépend aussi de sa capacité à protéger ses ressources naturelles. Une leçon inspirante pour toute la région.