Par Samir Abdel-Ghany
- Quand l’âme d’un quartier populaire se fait la peinture









Au téléphone, lorsqu’il m’annonça qu’il préparait son exposition rétrospective dans l’une des grandes galeries du Caire, je lui promis : « Je t’écrirai un article digne de ton art. » Il m’envoya quelques photographies d’œuvres, un portrait, des textes écrits sur lui. Je commençai à lire. Les noms qui défilaient étaient ceux des maîtres de l’art plastique égyptien. Soudain, je me sentis saisi d’une pudeur : que pourrais-je ajouter à ces mots magnifiques ?
Je décidai alors de vous inviter à lire avec moi ce qu’ils ont dit de Fathi Ali.
L’artiste Fathi Ali incarne dans son art l’âme des quartiers populaires égyptiens. Né et élevé entre Al-Azhar, Al-Hussein, la Gamaleya et la Khayamiya, il porte en lui les traits et le parfum de ce patrimoine, inscrits dans sa mémoire et son être intime. Sans formation académique, sa sensibilité innée et sa clairvoyance lui ont permis de peindre avec une sincérité et un enracinement profonds.
Il ne peint pas ce que voit son œil, mais ce que retient sa mémoire — avec des fils de lumière et d’ombre, avec ces rayons de soleil qui confèrent au noir sa noblesse face au blanc. Son style s’apparente à l’impressionnisme égyptien : spontané, rythmé par le dialogue rapide entre la clarté et l’obscurité. Les formes dans ses toiles vibrent d’une vitalité permanente, même dans les scènes les plus silencieuses. Il laisse des espaces blancs qui insufflent aux compositions une transparence et une chaleur lumineuse singulières.
Ses sujets ? Le peuple, la rue égyptienne : marchands ambulants, enfants, derviches, et cette vie quotidienne si simple. Il ne reproduit pas le réel tel qu’il est, mais le recrée dans un rythme visuel parallèle qui palpite de vie. Son attachement à l’environnement égyptien se révèle dans la chaleur des couleurs et la puissance de la composition, sans artifice ni prétention moderniste. C’est un artiste autodidacte qui a vécu pour et par l’art, un derviche amoureux de la patrie, de l’humain et de la nature.
Ezz El-Din Naguib
« Fathi Ali a conféré au paysage populaire une sensibilité particulière et une dimension dramatique que l’on trouve rarement dans ce type de sujets. S’il continue à creuser en lui-même cette intuition artistique authentique, je lui prédis un avenir éclatant. »
Helmi El-Touni
« Tes aquarelles sont d’une splendeur absolue, tant par la technique que par la composition… J’ai découvert en toi un maître de l’aquarelle. Toute mon estime. »
Samir Fouad
« J’ai aimé la vitalité de l’idée. J’y ai vu une représentation de cette double condition dans laquelle nous vivons : nous avons un visage, mais nous en présentons un autre au monde, peut-être plus dérisoire, pour nous épargner le fardeau des questionnements philosophiques. C’est ainsi que l’art se fait discret, indirect, laissant au spectateur l’espace nécessaire pour voir au-delà de l’œuvre. Tout cela m’a séduit. »
Tharwat El-Bahr
« J’ai acheté deux œuvres de Fathi Ali et je leur ai réservé une place dans mon musée. Ce sont de petites esquisses, mais elles trahissent un grand artiste. Chacun de ses traits forme un cercle de sensibilité complet. Dans mon travail de sculpteur sur fil de fer, je recherche l’art du trait unique. C’est sans doute pour cela que Fathi Ali m’a touché : lui aussi cherche, joue, ressent en dessinant. C’est l’artiste que j’aime. »
Galal Gomaa
« Fathi Ali ne se présente pas comme portraitiste, mais lorsqu’il m’a peinte lors de sa dernière exposition, j’ai senti qu’il avait su exprimer mes émotions intérieures. Il a dessiné l’artiste qui rêve, la mère qui adore ses enfants, la femme anxieuse qui vit en moi, la petite fille espiègle qui habite encore mon âme. Fathi est un artiste différent, et son pinceau porte tant de sincérité et de noblesse que j’aime son art. »
Engy Mahmoud
« Mille bravos, Fathi, c’est ta plus belle exposition. Ta maîtrise de la composition est remarquable… L’ombre et la lumière… magistral. »
Mohamed Abla
Ainsi nous revient Fathi Ali, surgi du cœur de la Gamaleya, tel celui qui redessinerait la mémoire égyptienne aux couleurs du soleil, de la poussière et du rire généreux. Il est l’enfant d’Al-Azhar et d’Al-Hussein, mais aussi l’enfant de cette lumière qui habite les vieux murs, des voix des marchands et des récits du peuple.
Ses toiles ne recherchent pas la gloire, mais l’homme dans sa simplicité et la vérité de son émotion. Quand on observe attentivement ses traits, on comprend qu’il peint avec son âme avant de peindre avec son pinceau.
Avec cette exposition rétrospective à venir, nous ne célébrons pas seulement un grand artiste, mais la mémoire même de l’Égypte — celle qui bat encore au cœur de la Gamaleya, là où l’art naît de la ruelle et grandit pour devenir l’histoire d’une nation tissée de fils de lumière et de sincérité.
Hommage à Fathi Ali, modèle pour les enfants de la Gamaleya, fils de la ruelle qui s’est fait une place parmi les créateurs… Fathi Ali, l’Égyptien authentique.





