Dans son dernier roman « L’enfant rouge », Jean Védrines nous replonge dans son enfance montluçonnaise, à l’ombre des légendes de son héros de grand-père et député de père. « La part autobiographique de L’enfant rouge est plus importante que dans mes précédents romans ». Jean Védrines l’affirme volontiers, évoquant « le plan de Montluçon très précis » dans son esprit, avec le bureau de son père au siège du parti communiste.
Qui est Jean Védrines ?
Auteur au style exigeant pour qui le langage est sacré, Jean Védrines est né à Montluçon, dans le Bourbounnais. Il est le petit-fils de l’aviateur Jules Védrines et le fils d’Henri Védrines, député communiste de l’Allier. De formation littéraire, l’ensemble de son œuvre est salué par sa créativité langagière. Il est ancien élève de l’École normale supérieure de Saint-Cloud et agrégé de lettres modernes. Ce haut niveau académique est le fondement de sa carrière d’écrivain qu’il démarre en 1997 avec le roman Château Perdu. Plus tard il publie L’Oiseau de plomb (2001), roman qu’il dédie à son grand père. Avec Stalag (2004) il exalte l’originalité et la créativité de sa prose. En 2007 il devient l’interlocuteur de Michel Chaillou dans un livre d’entretiens consacré à la littérature : L’écoute intérieure. Avec L’Italie la nuit (2008) Védrines revient à la terre de son premier roman, le sud italien, et introduit son héros Giovan qui sera aussi présent dans La Belle Étoile (2011) et Morteparole (2014).
« L’enfant rouge », de quoi il s’agit ?
Dans la famille, on dîne avec les héros : le grand-père aviateur, tombé en mission ; les anciens résistants, vivants ou morts, fiers d’être du « parti des fusillés » ; le père, qui côtoie Thorez au Comité central, l’accompagne à Moscou, et dont la parole résonne au Palais Bourbon comme devant les usines occupées. De ce père ouvrier, le fils ne raconte pas la vie mais la légende : chaque défilé à drapeaux rouges, c’est Lénine et le père qui marchent en tête. Entre les vieilles pierres d’une ville de province, le fils entend souffler le grand vent qui vient de l’Est. « Nous, on aime la vie ! clame le père. Celle qu’on a ici, sur terre. Nous, on est le parti des vivants, t’entends ? » Vraiment ? Au fils, il semble pourtant que le père a son cortège d’ombres, celles qui l’ont suivi depuis le camp de prisonniers en Allemagne pendant la guerre. Mais pourquoi le Parti interdit-il d’en rien dire ? Romancier de la révolte et de la parole vive, Jean Védrines se lance avec L’Enfant rouge dans une archéologie des convictions, à la fois sévère et lumineuse, placée sous l’exigence de la vérité.
Quel est le but du roman ?
Comment grandir quand tout vous fait sentir tout petit ? À commencer par la généalogie. Un grand-père pionnier de l’aviation et héros de la Première Guerre mondiale, un père militant et député, qui a côtoyé les grands noms du communisme… Comme tous les enfants, le narrateur de L’enfant rouge fait de son univers le centre du monde. Comme tous les enfants, il imagine des histoires avec son meilleur copain. L’Histoire, la grande, est d’ailleurs bien souvent au cœur de ces jeux. Même s’il se laisse parfois gagner par une forme de tristesse, il est heureux. En plus d’une balade dans le Montluçon d’autrefois que vous avez peut-être connu, ce roman est un beau détour dans l’imagination de l’enfance que nous avons tous explorée. L’enfant rouge de Jean Védrines est édité chez Fayard ; 312 pages ; 21,50 €.