Al-Shorouk
Par Emad Eddine Hussein
L’amitié ou l’animosité entre les pays sont-elles constantes et éternelles ou bien relatives et changeables?, s’est demandé Emad Eddine Hussein dans un article publié par le quotidien Al-Shorouk. Je pose cette question car nombreux s’interrogent sur la fameuse poignée de main entre le Président Abdel Fattah Al-Sissi et son homologue turc Recep Tayyip Erdoğan, en marge de l’inauguration du Mondial de Football au Qatar.
J’avais déjà écrit dans un article que ce sont les intérêts suprêmes qui régissent les relations entre les pays et non pas les émotions. Dans un autre article j’ai souligné qui sont les bénéficiaires de ce rapprochement Egypte-Turquie et qui en sont les perdants. Cette fois-ci je parle de la façon émotionnelle avec laquelle pensent certaines catégories.
Ces dernières sont trop idéalistes et croient que les amitiés ou les animosités entre les pays durent à éternité et que la solution à cette animosité n’est qu’en détruisant l’autre partie. Cela est impossible dans les relations entre les pays (…) Lorsque l’Egypte avait des différends avec les Qatar et la Turquie, la raison en était la partialité de leurs gouvernements en ce qui concerne la Confrérie des Frères suite à la révolution du 30 juin 2013. Or, si les deux pays décident de changer cette attitude et reconnaitre la révolution du 30 juin et sa légitimité, pourquoi donc ne pas améliorer les relations dans l’intérêt de tous ? Les relations des pays sont régies par les intérêts non pas les émotions. Certains croient que l’animosité entre deux pays est un état constant.
L’exemple le plus clair est la relation de l’Egypte avec Israël (…) suite à quatre guerres, nous avons signé un traité en 1979 et les deux pays ont des relations diplomatiques et économiques. De mon côté, je rejette toute paix avec cet ennemi jusqu’à récupérer tous les droits arabes mais je comprends « les nécessités des gouvernements ». C’est donc possible d’accepter et de comprendre un rapprochement avec tout autre pays, Qatar ou Turquie maintenant, même l’Iran dans l’avenir, puisque cela va de pair avec nos intérêts nationaux. Appliquer la règle : « Pas d’amitiés ni animosités éternelles en politique » empêchera nombreux d’être choqués. Cette catégorie se trouve choquée en cas de rapprochement avec tel ou tel pays surtout après des années de nouvelles « négatives » concernant ce pays. Pour conclure, le citoyen, l’activiste, l’homme de média, nul ne doit considérer une question comme fait inchangeable.
Les choses changent selon les circonstances. (…) Dans les pays occidentaux, c’est la vision pragmatique qui a la relève mais dans notre zone arabe, ce sont les émotions qui contrôlent les masses, les activistes et les hommes de médias. Si nous appliquons la théorie de « l’intérêt », une question est à poser : qu’est ce qui empêche un rapprochement avec la Turquie et le Qatar s’ils acceptent les revendications égyptiennes et respectent les intérêts de l’Egypte ? (…)