Jusqu’à début avril, la presse mondiale saluait le tour de force du Premier ministre indien et sa «diplomatie du vaccin», apte à contrer la Chine. Aujourd’hui, le Covid-19 fait d’autant plus de ravages que le pays manque de vaccins, de médicaments, d’oxygène. Et, pour la première fois depuis 2014, M.Narendra Modi est en perte de vitesse.Comme l’ont démontré le président du Brésil, M.Jair Bolsonaro, et son ancien homologue américain Donald Trump, les dirigeants dits «populistes» gèrent mal la pandémie, pour au moins trois raisons: leur goût pour la démagogie et les rodomontades nationalistes les pousse à rejeter les contraintes inhérentes aux politiques sanitaires; leur mépris des experts, qu’ils assimilent à l’establishment des «sachants», les amène à valoriser les remèdes de charlatans; enfin, leur mégalomanie les conduit à balayer la moindre objection d’un revers de main et à s’entourer de sycophantes incompétents qui n’osent dire la vérité ou qui n’en ont pas la moindre idée. Ce cocktail, ajouté à l’état déplorable du système de santé public indien, auquel l’État central n’a jamais consacré plus de 5% de son budget annuel (contre plus de 11% en France, par exemple), se retrouve dans la faillite du gouvernement de M.Narendra Modi — popu–liste s’il en est — face à la deuxième vague de la pandémie. Fanfaron nationaliste, M.Modi l’a été dès le début de l’année, lorsqu’il a expliqué, au Forum économique mondial de Davos, que l’Inde avait vaincu le Covid-19 et allait maintenant «guider» le monde vers le bout du tunnel grâce à «ses» deux vaccins (dont une version indienne du sérum suédo-britannique AstraZeneca)