L’avènement de l’Islam marqua un tournant décisif dans l’histoire de l’humanité, mais aussi dans la condition des femmes. À une époque où la société arabe considérait souvent les filles comme un fardeau, où certaines étaient enterrées vivantes à leur naissance, le Coran vint rappeler leur dignité et leur valeur.
« Et quand on annonce à l’un d’eux la naissance d’une fille, son visage s’assombrit et une rage profonde l’envahit. […] C’est vraiment un mauvais jugement qu’ils font ! » (Sourate 16, An-Nahl, v.58-59).
Au cœur de cette révolution spirituelle, plusieurs femmes se sont illustrées par leur foi inébranlable, leur intelligence, leur courage et leur rôle dans la construction de la communauté musulmane. Leur mémoire demeure comme un phare qui éclaire le chemin des générations futures.
Khadija bint Khuwaylid : le pilier de la première heure
Première épouse du Prophète, Khadija fut aussi la première croyante. Femme indépendante et riche commerçante, elle mit sa fortune et son influence au service de la mission islamique naissante. Elle consola le Prophète après la Révélation et le soutint dans les moments d’oppression et d’isolement.
Le Prophète n’oublia jamais son rôle :
« Allah ne m’a jamais donné mieux que Khadija. Elle a cru en moi quand les gens me traitaient de menteur. Elle a mis sa richesse à ma disposition quand les gens me privaient. Et Allah m’a donné mes enfants par elle. » (Hadith rapporté par Ahmad).
Aïcha bint Abi Bakr : la gardienne du savoir
Épouse du Prophète, Aïcha fut l’une des plus grandes savantes de son temps. Son intelligence et sa mémoire prodigieuse lui permirent de transmettre plus de deux mille hadiths. De nombreux compagnons la consultaient pour résoudre des questions juridiques ou théologiques.
Le Coran honore le savoir et ceux qui le recherchent :
« Dis : ‘Sont-ils égaux, ceux qui savent et ceux qui ne savent pas ?’ » (Sourate 39, Az-Zumar, v.9).
Aïcha incarna ce rôle, laissant un héritage scientifique qui nourrit encore aujourd’hui les sciences islamiques.
Fatima az-Zahra : la lumière de la maison prophétique
Fille bien-aimée du Prophète ﷺ, Fatima est considérée comme la plus vertueuse des femmes. Épouse d’Ali ibn Abi Talib et mère d’al-Hassan et d’al-Hussein, elle fut au cœur de la famille prophétique.
Le Prophète disait :
« Fatima est la maîtresse des femmes du Paradis. » (Hadith rapporté par al-Bukhari et Muslim).
Le Coran lui-même évoque la pureté de la maison du Prophète :
« Dieu veut seulement éloigner de vous la souillure, ô gens de la maison [du Prophète], et vous purifier pleinement. » (Sourate 33, Al-Ahzab, v.33).
Oum Salama : la conseillère avisée
Épouse du Prophète, Oum Salama se distingua par sa sagesse et son discernement. Lors du traité de Hudaybiyya, son conseil permit d’éviter une crise au sein des compagnons, démontrant l’importance de l’opinion féminine dans les affaires de la communauté.
« Ceux qui répondent à leur Seigneur, accomplissent la prière, se consultent entre eux à propos de leurs affaires… » (Sourate 42, Ach-Choura, v.38).
Elle incarne cette participation féminine active dans la prise de décision.
Hafsa bint Omar : la gardienne du Coran
Fille du calife Omar ibn al-Khattab et épouse du Prophète, Hafsa joua un rôle crucial après la mort du Prophète. C’est chez elle que fut conservée la compilation écrite du Coran ordonnée par Abou Bakr, qui servit de base à la version officielle sous Othman.
Son nom reste donc associé à la préservation du Livre sacré, pilier de la foi musulmane.
Zaynab bint Jahsh : l’héroïne de la réforme sociale
Épouse du Prophète, Zaynab joua un rôle important dans la réforme du mariage en Islam. Son union avec le Prophète, après son divorce d’avec Zayd ibn Haritha (ancien esclave affranchi et fils adoptif du Prophète), marqua un tournant : elle abolissait les barrières sociales et clarifiait la question de l’adoption en Islam.
« Quand Zayd eut cessé toute relation avec elle, Nous te la fîmes épouser, afin qu’il n’y ait pas de gêne pour les croyants à épouser les épouses de leurs fils adoptifs… » (Sourate 33, Al-Ahzab, v.37).
Mariya al-Qibtiyya : le lien avec l’Égypte
Mariya, esclave copte offerte par le gouverneur d’Égypte, embrassa l’Islam et devint l’une des épouses du Prophète. Elle donna naissance à Ibrahim, le fils du Prophète qui mourut en bas âge.
Son histoire symbolise l’ouverture universelle du message islamique, qui dépassa rapidement les frontières de la péninsule arabique.
Sumayya bint Khayyat : la première martyre
Mère d’Ammar ibn Yasir, Sumayya fut torturée par les Quraysh pour avoir embrassé l’Islam. Elle refusa de renier sa foi et fut tuée à la lance, devenant la première martyre de l’Islam.
Le Coran honore ceux qui meurent pour la cause de Dieu :
« Et ne dis pas de ceux qui sont tués dans le chemin d’Allah qu’ils sont morts. Au contraire, ils sont vivants, mais vous n’en avez pas conscience. » (Sourate 2, Al-Baqara, v.154).
Asma bint Abi Bakr : la femme aux deux ceintures
Lors de l’Hégire, Asma joua un rôle crucial en apportant vivres et nouvelles au Prophète et à son père cachés dans la grotte de Thawr. Elle fut surnommée Dhat an-Nitaqayn (« celle aux deux ceintures »).
Son courage et son ingéniosité rappellent la valeur des femmes dans les grandes épreuves de l’Islam.
Les femmes de l’époque prophétique furent des actrices majeures dans la construction de la première communauté musulmane. Certaines, comme Khadija et Oum Salama, furent des soutiens politiques et financiers. D’autres, comme Aïcha et Hafsa, furent des gardiennes du savoir et du Coran. Fatima incarna la pureté et l’héritage spirituel. Zaynab et Mariya représentèrent l’ouverture sociale et culturelle. Sumayya et Asma symbolisèrent le courage et le sacrifice.
Toutes ensemble, elles illustrent l’idéal coranique de la dignité et de la complémentarité :
« Les croyants et les croyantes sont alliés les uns des autres. Ils commandent le convenable, interdisent le blâmable, accomplissent la prière, acquittent la zakât et obéissent à Allah et à Son messager. » (Sourate 9, At-Tawba, v.71).
Ces femmes ne furent pas des figures secondaires, mais des piliers de l’histoire islamique. Leur héritage, inscrit dans la mémoire de la Oumma, continue d’inspirer toutes celles et ceux qui aspirent à la foi, à la justice et à la lumière.