Qui veille au grain?

Les scribes sont chargés de surveiller le niveau de la crue annuelle du Nil et de faire chaque année une estimation de la récolte de céréales à venir. L’avenir du pays repose donc sur ces bureaucrates très pointilleux qui maîtrisent l’écriture et le calcul. Respectés pour leur savoir, ils sont aussi craints pour leur supposée cruauté. « C’est alors que le scribe débarque (chez le paysan), il vient collecter la taxe sur la moisson ; les gardes sont armés de gourdins (…). Ils disent: “Donne le grain !” alors qu’il n’y en a pas. Ils battent rudement le paysan qui est ensuite garrotté et jeté dans le puits… » rapporte un récit traduit par l’égyptologue Georges Posener. En récompense de leur zèle, le pharaon peut leur accorder la propriété de villages entiers, ou le droit de bâtir de riches sépultures. Dans La Satire des métiers, écrite au Moyen Empire, un père conseille à son fils d’embrasser cette carrière : « Vois-tu, il n’y a pas de métier qui soit exempt d’un chef, sauf celui de scribe, car c’est le scribe qui est son propre chef. »
Qui ouvre les portes du ciel?

Ce sont les prêtres qui doivent ouvrir tous les matins, pour le compte du roi, « les portes du ciel », c’est-à-dire les tabernacles où sont gardées, dans chaque temple du pays, les statues des divinités. Cette élite initiée, coupée du peuple –le quidam n’a pas accès au temple–, a constitué au fil des siècles un clergé très puissant et immensément riche. Ainsi, vers 1170 avant J.-C., le temple d’Amon possède plus de 440 jardins, 2 400 kilomètres carrés de terres, des bateaux et, 81000 hommes y travaillent !
Qui porte la natte sur le côté?

Sur les peintures et les gravures, les enfants sont souvent représentés avec le crâne rasé, portant une unique natte de cheveux longs. C’est la « mèche de jeunesse », qu’ils arborent jusqu’à la fin de l’adolescence. Un moyen de les distinguer des adultes. Tous les enfants n’ont pas le même destin. Les garçons des familles aisées vont à l’école, dans les per ankh ou « maisons de vie » où l’on enseigne l’écriture, les sciences et la religion.
En matière de pédagogie, l’instruction passe par la sanction : claques et fouets sont censés « dresser » les cancres. De leur côté, les garçons des familles pauvres aident surtout leurs parents à travailler. Les filles, elles, apprennent avec leur mère à tenir une maison, coudre, cuisiner… Et en leur temps libre, les bambins, riches comme pauvres, s’amusent avec des jouets qui nous sont encore familiers : billes, toupies, sports de balle et jeux de société égayent leurs journées.
Qui protège les frontières du pays?

Il y a 3 300 ans, l’armée de Ramsès II comptait jusqu’à 80 000 soldats. C’est l’une des mieux organisées de toute l’histoire. Elle est composée de quatre corps –comprenant chacun 5 000 hommes–, placés sous la protection des dieux Amon, Ptah, Rê et Seth. Chaque corps est lui-même divisé en compagnies de 250 soldats dirigées par un capitaine porte-étendard. Au total, en ajoutant les mercenaires, les effectifs grimpent à 80 000 hommes (contre 10 000 dans l’armée française de 1620 à titre de comparaison).